La commune de Differdange bénéficie de l’attractivité du Sud et poursuit son développement. Le Parti communiste s’interroge sur la place de la mixité sociale. «Une question bien traitée», affirme la majorité.
On a reparlé plan d’aménagement général (PAG), construction et réhabilitation mercredi, au conseil communal de Differdange. Bref, tout ce qui illustre le dynamisme d’une commune. Differdange, comme d’autres villes du Sud, est plus que jamais dans une bonne dynamique en ce moment. Pour cause : la saturation de la capitale et le développement de différents projets phares (université de Belval, port sec de Bettembourg, prison de Sanem, etc.) confèrent un nouvel attrait au Sud.
Différentes modifications des sols ont donc été votées par le conseil. Mais le débat s’est cristallisé sur un point précis : quelle place pour la mixité sociale dans ce développement urbain? C’est Ali Ruckert, élu du Parti communiste, qui a allumé la mèche. Pour lui, trop de logements restent inoccupés, par stratégie de pression immobilière : créer la rareté pour maintenir des loyers élevés. « Idem pour les terrains à bâtir , a-t-il ajouté. Les promoteurs font de la spéculation en cadenassant le parc, et au final, c’est l’habitant moyen qui est privé de logement. »
Selon Ali Ruckert, le nombre de logements non occupés à Differdange n’a pas changé depuis 2011 : environ 400. L’élu d’opposition a donc proposé une solution forcément teintée d’un point de vue politique : établir une taxe sur les immeubles inoccupés et sur certains terrains délaissés. « Un prélèvement annuel suffisamment fort pour que le propriétaire ait intérêt à remettre les logements sur le marché, et à les rénover .»
La proposition a provoqué quelques railleries dans la majorité du conseil. « Ça ne serait pas un peu communiste comme idée? », a lancé un élu de la coalition.
Une taxe sur les logements vides?
« C’est simplement une solution de bon sens, s’est défendu Ali Ruckert. Esch-sur-Alzette a instauré une taxe de ce type en 2012. Elle avait été votée par tout le conseil, CSV y compris, sauf le DP… » Mais la taxe n’aurait pas eu l’effet escomptée, « car elle n’a pas été assez dissuasive », souligne Ali Ruckert.
Le bourgmestre de Differdange, Roberto Traversini, a désamorcé le débat en citant des chiffres concrets. « Notre politique sociale est notoire en matière de logement , s’est-il lancé. Depuis plus de deux ans, les efforts sont conséquents. En tout, plus de 300 appartements sont proposés en location à des tarifs jusqu’à 40 % inférieurs aux prix du marché. Sans compter notre politique de logements accessibles aux étudiants ou encore nos efforts pour accueillir les réfugiés .»
Roberto Traversini a même cité un projet parfaitement innovant mêlant partenaires privé et public, rue Pierre-Gansen. « Nous avons réussi à convaincre un promoteur de construire un immeuble pour douze locations à bon marché. La commune fournit le terrain en bail emphytéotique de 50 ans et le promoteur joue le jeu en baissant ses marges à quelques pour cent seulement. »
Ces arguments n’ont pas convaincu Ali Ruckert. « Toutes ces mesures sont louables, mais ça ne résout pas le problème de la spéculation immobilière. Ces deux volets de la discussion n’ont rien à voir… La taxe dont je parle viendrait en complément de ces mesures sociales . »
Ce à quoi Roberto Traversini a répondu : « Mais nous avons déjà un plan important contre les logements vides! La commune incite tous les propriétaires qui ne trouvent pas de locataire à se mettre en relation avec elle : les appartements sont loués à prix accessible par l’Agence immobilière sociale du Kordall. L’AISK assure ensuite le propriétaire d’un revenu régulier, sans problème de gestion. Cinquante-cinq logements sont actuellement gérés par ce système, ça marche! »
Hubert Gamelon