L’Okaju publie son rapport 2024 dans lequel il passe en revue les problèmes rencontrés pour la protection des droits des enfants. La santé mentale est inquiétante, la pauvreté aussi.
La santé mentale des enfants et des adolescents au Luxembourg est toujours un sujet de préoccupation pour l’Okaju et «soulève des inquiétudes croissantes», selon l’Ombudsman et défenseur des droits des enfants, Charel Schmit. Mercredi matin devant les députés, il a présenté le rapport 2024, sept mois seulement après avoir présenté le rapport 2023.
Il y a urgence à agir en matière de prévention, de détection et d’action coordonnée pour servir la santé mentale de tous les enfants présents sur le territoire. L’OKAJU, dans son rapport, exhorte les pouvoirs publics à «développer un véritable monitoring favorisant le recueil de données solides et holistiques dans le but d’évaluer et d’orienter l’action politique et publique au bénéfice des citoyens de demain».
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un jeune sur sept, âgé de 10 à 19 ans, souffre d’un trouble mental, d’où la nécessité de prêter attention aux signes de détresse dès le plus jeune âge. La pandémie de Covid-19 a encore accentué le problème avec des cas d’anxiété et de dépression en hausse de 25 % dans le monde. Dans son précédent rapport, l’Okaju soulignait, déjà, le manque de spécialistes qualifiés qui limite l’efficacité des soins. «Il existe au Luxembourg des lacunes dans les données disponibles concernant la santé des enfants de moins de 11 ans, rendant difficile l’élaboration de politiques ciblées», repète l’Ombudsman.
L’Observatoire de la santé note cependant que 43 % des filles et 29 % des garçons signalent des problèmes de santé multiples plusieurs fois par semaine, reflétant une hausse des plaintes psychosomatiques.
«Investir dans ces actions aujourd’hui, c’est donner à chaque enfant, sans exception, le droit de vivre et de se développer», relève le défenseur des droits des enfants.
Pour assurer une prise en charge adaptée des enfants et une prévention adéquate, les secteurs de la santé, de l’éducation et des services sociaux doivent travailler en étroite coordination pour créer des réseaux de soutien efficaces et offrir des soins et des services mieux adaptés aux besoins spécifiques des enfants et des jeunes.
Réformer le Revis
Les enfants en risque de pauvreté constituent un autre chapitre récurrent dans les rapports de l’Okaju. Avec un enfant sur quatre vivant sous le seuil de pauvreté au Luxembourg, dont 48 % dans les familles monoparentales, «la situation est particulièrement préoccupante». Le Luxembourg figure parmi les pays européens ayant les taux de pauvreté infantile les plus élevés.
L’Ombudsman propose une révision du Revenu d’inclusion sociale (Revis), qui révèle que 42 % des bénéficiaires sont des enfants et des jeunes. Le rapport indique que le système lui-même est un piège à pauvreté : accumulation de dettes, hypothèques sur le logement, sanctions affectant toute la famille.
Concernant la protection des enfants contre les violences et autres préjudices en milieu numérique, l’Okaju note une augmentation alarmante du cyberharcèlement, de la sextorsion, et des sollicitations malveillantes en ligne qui peuvent entraîner des problèmes de développement cérébral et des risques accrus de dépression et d’anxiété.
Pour l’Okaju, l’importance est de transformer le système actuel de protection de l’enfance au Luxembourg, trop fragmenté, pour faire naître un système intégré. En dépit des progrès réalisés ces dernières années, des défaillances systémiques persistent, illustrées par des témoignages de victimes et de professionnels. La primauté parfois accordée aux droits parentaux au détriment de l’intérêt supérieur de l’enfant constitue également une préoccupation majeure.
«Une approche intégrée permettra de répondre aux besoins des enfants et de lutter contre toute forme de violence, malheureusement trop présente sur le territoire», selon le rapport de l’Okaju. Une autre de ses priorités est la mise en place d’un système de justice pour mineurs conforme aux droits de l’enfant.
«Nous croyons fermement que l’avenir des enfants et des jeunes est une responsabilité collective, et qu’ils méritent un environnement propice à leur développement et à la pleine réalisation de leurs droits», conclut l’Okaju en invitant la population à lire son rapport.