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[Sélection nationale] Ralph Schon, l’au revoir rêvé d’une doublure modèle


Une fois redescendu du M-Block, Ralph Schon a été porté en triomphe par ses équipiers, qui l’avaient déjà étreint après l’égalisation de Gerson Rodrigues. (Photo : gerry schmit)

Sorti du banc à sa grande surprise contre l’Irlande du Nord, le désormais ex-gardien international Ralph Schon a connu lundi une ultime sélection riche en rebondissements et en émotions.

Son entrée, effective juste après la réduction du score de Korac (72e) mais décidée à 0-2 quand le match semblait plié, puis le câlin collectif que lui ont offert ses équipiers dans la foulée de l’égalisation de Gerson Rodrigues (75e), ne laissaient guère de place aux doutes. Ceux-ci ont été balayés dans les minutes qui ont suivi le coup de sifflet final de Luxembourg – Irlande du Nord, avant même que Luc Holtz ne confirme l’information en conférence de presse d’après-match, l’intéressé s’étant hissé dans le M-Block pour s’emparer du mégaphone du capo et remercier les ultras luxembourgeois : à bientôt 35 printemps (il les fêtera fin janvier), et après neuf ans de bons et loyaux services comme doublure de Jonathan Joubert puis Anthony Moris, Ralph Schon a mis fin lundi à une carrière internationale qui l’a vu débarquer pour la première fois à Lipperscheid en novembre 2015, débuter officiellement en sélection le 13 novembre 2016, et garder les cages des Rout Léiwen à 19 reprises au total.

De ces 19 capes, dont sept en sortie de banc, le gardien du FC Wiltz retient évidemment d’abord la première, face aux Pays-Bas de son idole Arjen Robben (1-3), puis la seconde, toujours au Josy-Barthel en éliminatoires du Mondial-2018, contre une France où un certain Kylian Mbappé connaissait ses débuts internationaux (1-3). Mais pour le reste, c’est hors du terrain, où il a toujours fait l’unanimité, que le mènent essentiellement ses souvenirs de Roude Léiw. Comme dans ce local des kinés qui était un peu leur repaire, à lui et son acolyte Laurent Jans, et qui «sera peut-être plus calme» maintenant que l’un des deux «clowns» nordistes s’est retiré. Ou dans cette boîte de nuit de Lviv, en Ukraine, où le Luxembourg avait achevé sa saison en juin 2019 en Ukraine par une courte défaite (1-0), et où il avait vécu une soirée «énorme» avec ses équipiers, en particulier ses potes Stefano Bensi, Dave Turpel, Kevin Malget, Chris Philipps et Jans, en guise de baisser de rideau.

Chez les Rout Léiwen, avant ce rassemblement, seul Jans était au courant du souhait de Schon de prendre sa retraite internationale cet automne pour mieux se consacrer à sa vie de famille, son métier d’enseignant et son club de Wiltz, avec qui il est pour l’heure sous contrat jusqu’en fin de saison mais encore «à 100 % motivé pour continuer». L’annonce à ses autres équipiers a suscité chez eux des réactions émues, résumées par cette accolade géante reçue par le portier après le but égalisateur de «GR10», à l’initiative de ce témoignage d’affection. «Très reconnaissant pour ce geste», le Wiltzois l’était tout autant d’avoir droit à un ultime tour de piste sous le maillot luxembourgeois. «Je savais que ce serait la dernière danse, mais j’ignorais que le coach me donnerait du temps de jeu, confie-t-il, touché. J’étais vraiment étonné et heureux. Quand Rui (Forte) m’a envoyé m’échauffer, je lui ai dit que je n’avais pas de mots. Il m’a répondu que je le méritais.»

Je savais que ce serait la dernière danse, mais j’ignorais que le coach me donnerait du temps de jeu. J’étais étonné et heureux

De n° 12 à 12e homme, il va «redevenir fan»

Difficile de contredire le coach des gardiens de la sélection, tant Schon a fait un n° 2 idéal durant neuf ans : populaire, fédérateur, déconneur, bosseur, humble et performant quand on a fait appel à lui. Ce fut encore le cas lundi, où il a signé 20 minutes (16 + 4 de temps additionnel) de bonne facture et préserver ce match nul inespéré sur lequel il tenait coûte que coûte à rester focus : «J’étais pris par les émotions, mais je ne voulais pas tomber complètement dedans. J’étais sur le terrain pour faire mon job avant tout, pas seulement pour me jeter des fleurs. C’était important de garder ce point». Un point qui doit selon lui servir de nouveau point de départ pour des Rout Léiwen en quête de jours meilleurs : «Il y a des hauts et des bas, c’était plus dur les trois derniers mois, mais on s’est repris et on va se baser sur ça. Les victoires vont suivre, c’est sûr. On doit rester positif».

Comme les supporters, «qui sont restés derrière nous», et que Schon réintègrera dès mars 2025, lui l’ancien du M-Block : «Je me languis d’être dans ces tribunes, et de redevenir fan». En attendant, le Nordiste, bombardé de SMS à tel point qu’il lui «aurait presque fallu un secrétaire» après le match, est redevenu dès hier matin papa et instit, non sans peine. «Après le match, on est resté dans le stade et on en a un peu profité, sourit-il. J’avais dormi trois heures.» C’est là le lot des internationaux amateurs, une espèce désormais quasi éteinte au Grand-Duché. «Je ne pense pas que les joueurs de BGL Ligue vont disparaître, avance le portier. Il y aura toujours de bons joueurs dans le championnat, qui auront besoin de l’équipe nationale pour sauter le pas et rejoindre le monde pro.» Le désormais ex-n° 12 des Rout Léiwen aura peut-être besoin de quelques jours, lui, pour digérer une dernière sortie internationale dont la tournure lui fait dire qu’il n’aurait «pas pu imaginer meilleur scénario» ni «plus bel au revoir». Et que c’était donc «le bon moment pour arrêter».