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Le «désherbage»

Il a fallu une interpellation de la députée Djuna Bernard (déi gréng) pour que la ministre de la Santé, Martine Deprez (CSV), annonce en public de nettes coupes du programme de cannabis à des fins thérapeutiques. Le gouvernement conservateur-libéral a acté cette décision très discrètement. Seule une circulaire ministérielle, également assez confidentielle, est parvenue aux médecins habilités à prescrire un traitement à base de cannabis pour des patients souffrant de pathologies chroniques, d’un cancer ou de sclérose en plaques.

Dans un premier temps, ce seront uniquement les fleurs séchées riches en THC qui seront concernées par cette nouvelle directive, entrant en vigueur au 1er janvier 2025. À (court) terme, le cannabis médicinal riche en CBD devrait aussi être interdit. Des abus ponctuels avec les prescriptions sont avancés pour justifier les restrictions à venir. Resteraient donc juste comme options les médicaments ainsi que les extraits huileux contenant du THC ou du CBD. «Il s’agit d’un pas en arrière frappant qui remet en question tous les acquis en matière de politiques liées à la légalisation du cannabis», s’est émue Djuna Bernard à la tribune de la Chambre.

En effet, CSV et DP semblent être engagés dans une autre voie que celle de la coalition tricolore. Dans le programme gouvernemental, une légalisation intégrale du cannabis récréatif avait déjà été écartée. Chaque ménage garde toutefois la possibilité de cultiver – pour un usage strictement personnel – jusqu’à quatre plants de cannabis. Une alternative pour les patients concernés, sans supervision médicale? Une certaine incohérence n’est pas à nier. Il paraît également exclu qu’un cadre légal pour la culture, sous contrôle étatique, du cannabis médicinal au Luxembourg voie le jour. Même constat pour la culture de cannabis récréatif sous surveillance de l’État.

Sur ce dernier point, les réglementations de l’UE et de l’ONU laissaient très peu de marge de manœuvre. Par contre, l’utilisation du cannabis à des fins médicales est spécifiquement ancrée et donc autorisée par le cadre légal international. Quelles sont donc les véritables raisons de cette volte-face, ouvrant la voie à un «désherbage» plus important de la légalisation partielle du cannabis?