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Action hiver : une association condamne les nouveaux critères d’accès


Il faudra désormais déjà être en contact avec les structures sociales locales et présent depuis plusieurs mois au Grand-Duché pour profiter de l’Action hiver. (Photo : fabrizio pizzolante)

Les nouveaux critères d’accueil de l’Action hiver suscitent la polémique auprès de l’association Solidaritéit mat den Heescherten, qui lutte pour aider les mendiants.

Quelques jours seulement après l’ouverture de la structure dédiée à l’Action hiver (Wanteraktioun, WAK), dispositif d’hébergement d’urgence pour personnes sans abri, les propos tenus par le ministre de la Famille, des Solidarités, du Vivre ensemble et de l’Accueil, Max Hahn, lors d’une visite dédiée à la presse interrogent.

Des nouveaux critères avaient effectivement été annoncés : il faudra désormais déjà être en contact avec les structures sociales locales et présent depuis plusieurs mois au Grand-Duché pour profiter de l’Action hiver.

Les personnes ne remplissant pas ces critères seront accueillies pour 3 jours et 3 nuits seulement, sauf en période de grand froid. «C’est une mesure qu’on a dû prendre pour éviter le tourisme social – même si je n’aime pas ce terme –, car nous avons constaté que des personnes venaient spécialement des pays voisins», avait justifié le ministre.

Selon l’association Solidaritéit mat den Heescherten qui soutient les personnes en situation de mendicité par une aide morale et juridique, ces critères vont à l’encontre de l’objectif initial de la WAK. «La Wanteraktioun avait été mise en place en 2001 afin de protéger les plus démunis d’une mort par hypothermie pendant les mois les plus froids. Les sans-abri, dont beaucoup ne trouvent pas de place dans les structures d’hébergement d’urgence, se verraient proposer un endroit où ils seraient protégés du froid et des intempéries», rappelle l’ASBL dans un communiqué.

En outre, elle décrit les conditions d’accueil comme «spartiates» : dortoirs avec rangées de lits superposés, couples séparés, manque d’intimité… «Les personnes qui sont logées à la WAK doivent accepter une organisation quasi militaire.» Pour l’association, ces conditions d’accueil démontrent l’incohérence de l’utilisation du terme de «tourisme social» utilisé par Max Hahn.

«On ne saurait ignorer que le nombre de personnes qui se retrouvent dans une situation de forte précarité augmente de jour en jour et qu’un résident sur cinq est exposé au risque de pauvreté», écrit l’association dans son communiqué. Elle assure que les personnes venant au Luxembourg le font pour trouver un travail et non pas pour dormir dans la rue.

«Solidaritéit mat den Heescherten condamne fortement les tendances actuelles de nos gouvernants, visant à distinguer entre différentes catégories de pauvres, dont seule une petite partie mériterait notre soutien et notre complaisance.» Pour eux, le gouvernement devrait faire des efforts pour garantir la cohésion sociale et lutter contre les exclusions, tout en aidant les migrants.

«La WAK devrait continuer à garantir un accueil inconditionnel à toutes les personnes dans le besoin et étendre son activité à l’année entière», appuie l’association. Idéalement, elle voudrait qu’à terme tout le monde ait le droit à des conditions de vie dignes.