Sarah De Nutte, qui a écopé d’un blâme pour avoir critiqué sa fédération lors des JO, a reçu le soutien de plus d’une trentaine de sportifs et anciens sportifs luxembourgeois.
En juillet dernier, Sarah De Nutte participait à ses deuxièmes JO après ceux de Tokyo. Même si elle s’était bien battue, elle s’était finalement inclinée d’entrée face à la Portugaise Jieni Shao. Et au moment de recueillir ses impressions en zone mixte, la pongiste grand-ducale regrettait que son coach, Peter Teglas, qui avait été accrédité, n’ait pas pu la suivre pour son match. Si bien qu’on a vu à la place un Tommy Danielsson au four et au moulin. Après avoir coaché Luka Mladenovic, le mari de Ni Xia Lian a changé de chaise pour s’occuper de Sarah De Nutte… et même rater le début du match de son épouse. Une situation ubuesque logiquement et honnêtement dénoncée par Sarah De Nutte, qui avouait son incompréhension devant la situation. Présent sur place, Peter Teglas confiait son malaise : «Je suis triste pour elle.» Quant au chef de mission Raymond Conzemius, forcément immédiatement interrogé sur l’incongruité de la situation, il avait botté un peu en touche : «Il y a eu des discussions en amont. On avait discuté auprès de la FLTT pour pouvoir prendre Peter avec nous. Car nous pensons que le coach perso doit avoir sa place. De son côté, la fédération a une stratégie différente de la nôtre. On a donc mis en place un cadre qui permet à Peter de faire toute la préparation jusqu’au jour J. Et ensuite on a respecté la volonté de la fédération», confiait-il également en zone mixte.
En clair, la FLTT voyait d’un mauvais oeil que Peter Teglas, lui-même ancien entraîneur national et pas forcément dans les petits papiers des dirigeants actuels, à savoir le président André Hartmann et le DTN et ancien entraîneur national et ex DTN du COSL Heinz Thews. Après avoir confié son mal-être dans nos colonnes , la Luxembourgeoise avait vu la FLTT réagir. Ou du moins indiquer qu’elle n’allait pas réagir à chaud. Mais quelques mois plus tard, Sarah De Nutte a écopé d’un blâme. Une sanction injuste pour une jeune femme qui a sué sang et eau pour se qualifier pour les JO, qui a fait tout ce chemin avec Peter Teglas, son entraîneur de toujours.
La liberté d’expression, un droit fondamental
Si la principale intéressée n’a pas souhaité réagir à cette sanction, elle a reçu le soutien de plusieurs dizaines de sportifs ou anciens sportifs luxembourgeois, issus de tout bord, dans une lettre ouverte adressée, pêle-mêle au COSL, à la FLTT, à l’armée, à l’INAPS et au ministre des Sports, Georges Mischo. Dans cette lettre, on met en avant les atouts de la scène sportive grand-ducale, soutenue par le ministère des sports, le COSL, l’INAPS et l’armée. Qui, chacun permet aux athlètes d’être dans les meilleures conditions pour se concentrer sur son sport. Mais tous ces efforts «sont sapés et mis dans l’ombre lorsqu’une institution dépasse les bornes et commence à pratiquer l’autosatisfaction.» Et d’évoquer l’affaire Sarah De Nutte : «Pour que les progrès du sport luxembourgeois ne s’arrêtent pas, nos athlètes doivent avoir une assurance et la possibilité d’exprimer des critiques constructives, des besoins et des suggestions d’amélioration sans avoir constamment peur d’être sanctionné pour cela.»
Et les auteurs de conclure : «Dans un pays où la liberté d’expression est considérée comme un droit fondamental, cela doit être fait
Les droits fondamentaux doivent également être protégés à tout prix, pour des raisons de transparence, de cohésion et d’intégrité.»
Cette initiative trouvera-t-elle grâce aux yeux des actuels dirigeants de la FLTT ou bien ces derniers seront-ils enclins à prendre des sanctions encore plus sévères, ce que personne ne souhaite. On attend désormais de voir quelle sera la réaction d’une fédération qui, au-delà de ses résultats tout simplement exceptionnels grâce à ses athlètes, n’est certainement pas sortie grandie de toute cette polémique.
R. H.