Si on meurt de moins en moins sur les routes, le nombre de blessés graves explose. L’association des victimes de la route (AVR), réunie ce samedi 16 novembre à Junglinster, veut davantage de prévention.
Ce samedi marque la Journée mondiale dédiée aux victimes de la route, et les membres de l’association des victimes de la route (AVR) participeront à une cérémonie de commémoration autour du «Lieu du souvenir» dressé à Junglinster.
Un moment symbolique qui réunit chaque année une cinquantaine de personnes, survivants comme familles endeuillées. «Au-delà du recueillement, les rencontres entre toutes ces personnes qui ont traversé la même épreuve comptent beaucoup», explique Michaël Federici, chargé de direction de l’asbl.
«Aujourd’hui, on survit»
Les chiffres publiés en juillet dernier sont clairs : si les accidents mortels affichent une baisse de plus de 40% sur dix ans (26 personnes tuées en 2023, contre 45 en 2013), le revers de la médaille est la hausse significative des blessés, en particulier l’année dernière (+35%).
«Aujourd’hui, on survit», résume ainsi ce juriste de formation. «Les véhicules sont plus sécurisés, avec des airbags, des systèmes de freinage d’urgence, de maintien dans la voie. Cela ne veut pas dire qu’on évite les blessures.»
Il rappelle ainsi la longue liste de conséquences à long terme, que le choc soit léger ou plus grave : «On ne sort jamais indemne d’un accident de la route. Le chemin pour atteindre une guérison optimale peut prendre des années.»
Les «oubliés» des statistiques
Il y a les séquelles auxquelles on pense tous, le handicap physique, la rééducation, mais il y a aussi tout ce qu’on ne voit pas : les traumatismes crâniens, les handicaps invisibles, les troubles cognitifs, les répercussions psychologiques, la reconstruction d’une autre vie, jour après jour, pierre après pierre.
Et puis, il y a les «oubliés». Ces personnes qui n’entrent pas dans les statistiques, mais traînent cependant longtemps une blessure légère ou développent une peur de conduire. «On sous-estime trop souvent les suites de ces accidents moins graves», poursuit Michaël Federici.
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C’est le nombre d’accidents corporels qui ont eu lieu sur les routes du Luxembourg en 2023, soit trois par jour. Ils ont fait 26 morts (36 en 2022), 347 blessés graves (267 en 2022) et 1 087 blessés légers.
Parmi les personnes qui ont perdu la vie figuraient 13 automobilistes, 5 motards, 4 piétons, 2 cyclistes et 2 chauffeurs de camionnette. Du côté des blessés graves, on comptait 142 automobilistes, 105 motards, 49 piétons, 38 cyclistes, 6 chauffeurs de camionnette, et 4 usagers de trottinettes. 70% des victimes étaient des résidents.
Aider tout le monde, même les responsables
Avec ses assistantes sociales et psychologues, l’AVR accompagne toutes les victimes, en offrant assistance, conseil juridique et écoute, y compris les conducteurs responsables.
«Nous soutenons toutes les personnes impliquées. Accepter, se soigner, avancer jusqu’à retrouver la vie la plus normale possible, on travaille sur tous ces aspects, via un suivi personnalisé», détaille-t-il. «Pas un parcours ne se ressemble.»
La vitesse cause le plus d’accidents
Au chapitre des causes d’accident les plus fréquentes, on retrouve la vitesse en tête, suivi des refus de priorité et du franchissement de ligne continue. «Les stupéfiants et les distractions, avec le téléphone et les notifications, pèsent lourd également. Tout ça démultiplie les risques».
Selon le bilan 2023, les conducteurs responsables d’accidents graves étaient âgés de 18 à 64 ans, reflétant l’ensemble de la société. Tout le monde doit se sentir concerné : «Chez les plus jeunes, le manque d’expérience peut jouer, et à l’inverse, chez leurs aînés, c’est l’habitude qui est dangereuse.»
À 15 km de chez soi
«Tout devient automatique au volant et on perd en vigilance», signale-t-il, ajoutant que les accidents surviennent pour la plupart dans un rayon de 15 km autour du domicile, «là où ne fait plus attention.»
Pour l’association des victimes de la route, plus que la répression, c’est la prévention qu’il faut privilégier. «Ce n’est jamais suffisant, on doit répéter sans cesse les messages de prévention pour qu’ils résonnent enfin. Montrer les choses favorise la prise de conscience, comme les compteurs de vitesse à l’entrée des villes», note le chargé de direction.
Sécuriser les points dangereux identifiés
L’AVR plaide pour davantage de communications à destination du public, avec un accent chez les lycéens, et une sécurisation maximale des routes, en étant à l’écoute des usagers. «Quand des gens pointent un endroit comme dangereux, on doit agir sans attendre un drame.»
L’AVR est pleinement associée à l’élaboration du plan d’action en matière de sécurité routière porté par la ministre de la Mobilité, Yuriko Backes, qui sera présente cet après-midi, avec son collègue Max Hahn (Famille). Un signal fort, qui traduit une volonté collective d’amélioration, salue Michaël Federici.