Valérie François a lancé en 2021 une entreprise spécialisée dans le recyclage de sacs de luxe et a ouvert un dépôt-vente depuis peu à Luxembourg. Ce concept peu présent dans le pays casse les idées reçues sur l’univers de la mode.
À côté des grandes enseignes de luxe du centre-ville de Luxembourg, une boutique spécialisée dans l’économie circulaire et le luxe étonne. Ce magasin, c’est celui de Valérie François, une Française de 45 ans installée depuis 18 ans au Luxembourg.
En mars dernier, elle a ouvert ce dépôt-vente de vêtements et sacs de luxe. Un vrai aboutissement pour cette quadragénaire qui s’est lancée il y a quelques années dans le monde de la mode.
«J’ai travaillé pendant 16 ans dans un cabinet de conseil dans le secteur financier à Luxembourg. Au bout d’un moment, j’avais fait le tour de ce milieu. Je voulais revenir à ma première passion, la mode et les pièces de luxe vintage», confie-t-elle.
Cette passion, Valérie François la nourrit depuis l’adolescence. «J’allais dans les friperies pour dénicher des pièces de luxe à bon prix. Car en n’étant pas issue d’un milieu aisé, je ne pouvais pas aller en acheter en boutique. Et j’ai réussi de cette façon à m’offrir mes premières pièces sans casser mon portefeuille d’étudiante», raconte-t-elle.
Pendant la période du confinement, elle décide de quitter son poste dans le secteur du conseil pour, enfin, suivre sa vocation. «En 2020 et durant deux ans, j’ai décidé de suivre un cursus scolaire au sein de l’Institut français de la mode à Paris. Durant ce parcours, j’ai lancé mon entreprise, Handbag Expert. L’idée était de proposer un modèle de luxe circulaire où la maroquinerie pouvait être rénovée, restaurée ou revendue en seconde main», explique-t-elle.
Rendre accessible le luxe
Elle lance ce concept en 2021. À son domicile, elle aménage un atelier où elle restaure des sacs de marques de luxe en plus ou moins mauvais état. «Avant de faire une quelconque rénovation, je m’assure de l’authenticité du sac. Puis, lors des réparations, j’utilise une sorte de pâte de cuir que l’on peut refaçonner ou recolorer. Chez certaines marques, on va recréer la toile monogramme. Parfois, c’est compliqué à réparer, parce que c’est un mélange de cuir et de plastique», détaille Valérie François, qui a commencé cette pratique de manière totalement autodidacte.
Cette démarche écologique, in fine, a pour but, selon elle, de rendre accessible à tous l’univers du luxe. «On n’est pas obligé de franchir la porte d’une boutique de luxe pour avoir une pièce. Car en achetant d’occasion une pièce un peu abîmée et en la faisant réparer, on peut avoir un bon prix. Cela reste un choix du consommateur : il peut soit choisir de dépenser tous les mois 100 euros dans des marques de mode abordables, soit s’offrir moins souvent une pièce de luxe», soutient-elle.
Si ce concept, qui connaît un certain succès à Paris, s’implante doucement au Luxembourg, il démontre en tout cas, quand il est mis en œuvre par une griffe du luxe, un changement dans le rapport qu’entretiennent les entreprises du luxe avec l’écologie.
«Toutes les maisons de luxe ne sont pas au même niveau. Par exemple, la plupart ne font pas de réparations de sacs ou, si elles le font, il ne faut pas être pressé, car cela peut prendre des années. Mais il y a de vraies réflexions là-dessus. Certaines marques ont développé des filiales écologiques ou de seconde main. D’autres ont même décidé de limiter la consommation pour créer la rareté. Il est juste de dire que cette démarche change l’image que l’on a de la mode. Mais le chemin est encore long», confie-t-elle.
Le chemin que Valérie François souhaiterait un jour poursuivre, c’est celui de la création artistique. «Pour l’instant, je me focalise sur ma boutique. Mais oui, ça serait un rêve de créer mon propre sac. Et pourquoi pas avec du matériel de seconde main.»