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Ancien malade, il récolte 5 000 euros pour lutter contre le cancer


Grâce à son livre, Thibaut a remis un chèque de 5 000 euros à la Fondatioun Kriibskrank Kanner basée à Strassen.

Atteint d’une leucémie entre ses trois mois et cinq ans, Thibaut Van Den Heuvel a écrit un livre sur son périple à vélo qui lui a permis de verser 5 000 euros à une fondation contre le cancer.

Alors qu’à trois mois les nouveau-nés commencent à explorer le monde qu’il les entoure, Thibaut Van Den Heuvel voit, lui, sa petite vie changer lorsqu’une leucémie lymphoblastique aiguë lui ait diagnostiqué. En urgence, le jeune Luxembourgeois est transféré à l’hôpital universitaire de Gand en septembre 2002 afin de soigner ce cancer du sang et de la moelle osseuse rare chez les nourrissons. Comme un cadeau, Thibaut est autorisé à rentrer au Grand-Duché trois mois plus tard, la veille de Noël et sera déclaré guéri à l’âge de 5 ans.

Du haut de ses 22 ans, qu’il porte avec vitalité, le jeune homme n’a pas de souvenirs de son passage à l’hôpital, hormis quelques traces laissées par les cathéters sur son torse. Malgré tout, «je repense souvent à la maladie», confie celui qui, chaque année, repasse des examens de contrôle. À tel point que son passé l’a poussé à récolter 5 000 euros pour la lutte contre le cancer grâce à un livre et un périple à vélo de 11 jours, réalisé en 2022 entre le Luxembourg et le sud de la France.

1 345 km à vélo en 11 jours

Tout commence à la fin du mois d’août 2022. «Avant que mes cours débutent, je voulais faire une aventure que je pourrais retenir toute ma vie», se remémore-t-il. Il décide alors de partir de Hesperange pour atteindre la Savoie, en France, afin d’affronter le col de la Madeleine, l’un des plus difficiles des Alpes. Une fois ce géant passé, direction Albertville pour reprendre un train et rentrer au Luxembourg.

Passionné de cyclisme et auteur de bonnes performances lors de courses régionales, Thibaut n’est pas effrayé par cette première expérience de bikepacking. Comme le veut ce cyclotourisme minimaliste, il embarque seulement trois bidons, sa tenue, de quoi se laver, un short, un t-shirt, une enceinte et son ami Lucas, «lui aussi fou de vélo».

Le duo s’élance pour un périple d’environ 800 km en une semaine qui, finalement, ne se passe pas comme prévu. «J’ai appris qu’on ne peut vraiment rien planifier dans la vie et que l’on doit vivre dans le moment présent.» Porté par l’enthousiasme de son aventure, Thibaut décide de poursuivre sa route après le 7e jour et le départ de son binôme. «J’avais vraiment la motivation et l’envie de continuer jusqu’au sud de la France. Je voulais poursuivre mon rêve.»

Son rêve, c’est celui de rejoindre à vélo la maison de ses grands-parents à Fayence, dans le Var. «Lors de ma communion, j’ai reçu un kart et je me souviens encore d’avoir dit : « Je vais rouler avec jusqu’au sud de la France« » dit-il, des étoiles encore dans les yeux. Seul mais débrouillard, il change donc son circuit et accomplit près de 600 kilomètres de plus que prévu afin d’arriver à Fayence après 11 jours de route.

Pour sa grand-mère et deux fondations

Thibaut ressort grandi de ce voyage, avec des paysages et des histoires qu’il s’empresse de vouloir raconter à Simone, sa grand-mère, avec qui «on se téléphonait presque tous les jours pour parler de vélo et de la vie». Alors plongée dans le coma lorsque son petit-fils termine son aventure, elle se réveille finalement trois semaines plus tard. Entretemps, le jeune homme a réalisé un livre afin de lui retracer au mieux ses 11 jours à vélo. «Montrer mon livre, c’est la dernière chose que j’ai faite avec elle. Elle était à l’hôpital et pendant cinq jours, je lui ai tout raconté.»

De ce carnet de bord rempli de photos et de texte germe une idée : en faire un vrai livre à mettre en vente au profit de la lutte contre le cancer. L’absence de souvenirs n’empêche pas Thibaut de vouloir rendre hommage à ceux qui ont lutté avec lui contre sa maladie : la Fondatioun Kriibskrank Kanner au Luxembourg et la Kinderkankerfonds en Belgique. «Je voulais remercier les deux fondations, parce que sans elles, je ne serais pas ici.»

À l’aide de ses sponsors et d’un coup main pour l’orthographe, le jeune étudiant publie Avec Thibaut dans la montagne et au-delà des vallées, un livre au contenu presque identique que le premier. Avec 1 000 exemplaires en main, l’auteur met le cœur à l’ouvrage afin de le vendre pour récolter des fonds. À sa plus grande surprise, il a déjà quasiment vendu la moitié d’entre eux au Luxembourg, ce qui lui a permis d’adresser un chèque de 5 000 euros à la Fondatioun Kriibskrank Kanner le 23 octobre dernier.

Un secret révélé

Encore disponible au Grand-Duché, en Belgique mais aussi en France, à Fayence et dans un magasin de vélo en Espagne, le livre a permis à Thibaut de libérer la parole sur sa maladie. «Avant de sortir le livre, il n’y avait quasiment personne qui savait. Pourquoi ? Je ne sais pas, je sentais une barrière.»

Cette gêne a finalement disparu au fil de réflexions sur son vélo entre Hesperange et le sud de la France : «Je voulais raconter mon aventure et j’ai remarqué qu’elle représente la vie. Parfois, il y a des montagnes dans la vie et parfois des descentes». L’envie lui a donc pris de raconter également sa maladie, sa montagne. L’objectif est aussi de «donner de l’espoir aux enfants et à leurs parents en leur disant : « Oui, j’étais malade à l’époque mais aujourd’hui j’ai pu faire tout cela« ». Cette double aventure, à pédaler et à écrire, est une réussite pour Thibaut, heureux de pouvoir aider ceux qui l’ont sauvé : «Cela me fait vraiment du bien de savoir que tout cela est pour la bonne cause». Sans oublier sa grand-mère, la première à qui était destiné son livre.

En 11 jours, Thibaut a rejoint le sud de la France en passant, entre autres, par le col du Galibier, l’un des plus célèbres du Tour de France. Photo : dr
Thibaut devant le panneau de Fayence, en France, la ville arrivée de son périple où se trouve la maison de ses grands-parents qu’il rêvait de rejoindre à vélo depuis tout jeune. Photo : dr