Le secteur d’aides et de soins est en péril. Les besoins en personnel infirmier sont importants, avec plus de 900 postes à pourvoir d’ici cinq ans. Et la population est vieillissante.
Ce n’est pas nouveau, mais ça risque d’empirer. «La pénurie de main-d’œuvre reste une des préoccupations principales du secteur d’aides et de soins. Le manque de ressources se profile désormais comme un enjeu majeur de santé publique, exigeant une attention immédiate et des actions concertées de la part du gouvernement», alertait Marc Fischbach dans le dernier rapport d’activité de la Confédération des prestataires d’aides et de soins (Copas), avant de passer la présidence à Pierre Jaeger.
Le recours à la main-d’œuvre transfrontalière ne pouvant plus être envisagé comme une solution viable et pérenne, «il est plus que jamais crucial de mettre le focus sur les ressources potentielles existant dans le pays», notait l’ancien président.
Jeudi, une table ronde était organisée pour rechercher des solutions, à laquelle ont participé aux côtés de la Copas, la ministre de la Santé et de la Sécurité sociale, Martine Deprez, le ministre de la Famille, Max Hahn, ainsi que la directrice de l’École nationale de Santé du Luxembourg (ENSA, anciennement LTPS), Maly Goedert, la directrice de l’Adem, Isabelle Schlesser, et le directeur général des Homes pour personnes âgées, Christian Ensch.
Selon une enquête réalisée par la Copas en 2024 auprès des prestataires d’aides et soins, la situation va s’aggraver dans les années à venir, avec une population de plus en plus vieillissante. Les professionnels du secteur estiment qu’en 2026, plus de 150 postes à plein temps seront vacants en raison des départs à la retraite, dont plus de 100 concernent les infirmiers et aides-soignants et cette évolution se poursuit jusqu’en 2033 pour atteindre 149 équivalents temps plein.
Dans la prochaine décennie, ce chiffre pourrait même dépasser un besoin de 200 équivalents temps plein par an. «Ce constat seul souligne la nécessité de recruter massivement du personnel qualifié afin d’assurer une pérennité du secteur», indique la Copas dans un communiqué.
Le secteur d’aides et de soins constitue le principal employeur de professionnels de santé au Luxembourg avec plus de 15 000 salariés. Ce secteur fait un peu plus appel aux travailleurs frontaliers avec 48 % que le reste du marché du travail luxembourgeois, dont 47 % sont des frontaliers. Pour les infirmiers, seuls 23 % ont leur résidence au Luxembourg, contre 34 % ayant leur résidence en Allemagne et 31 % en France. En revanche, les auxiliaires de vie et les aides socio-familiales sont majoritairement résidents au Luxembourg avec 80 % pour les auxiliaires de vie et 64 % des aides socio-familiales.
Les besoins en personnel infirmier sont importants, avec plus de 900 postes à pourvoir d’ici cinq ans. Le système éducatif luxembourgeois n’en forme pas suffisamment, seulement 68 diplômés du BTS infirmier pour l’année scolaire 2023-2024.
«Cette pénurie, accentuée par une dépendance aux travailleurs transfrontaliers, est devenue structurelle, car les pays voisins adoptent des mesures pour retenir leur personnel, rendant cette main-d’œuvre moins accessible», alerte la Copas.
Vaste campagne
Il devient urgent d’organiser une large campagne de sensibilisation des jeunes pour des professions de santé, et ce déjà avant la transition de l’enseignement fondamental au secondaire. Des nouvelles perspectives de promotion sont indispensables pour rendre les carrières dans le secteur d’aides et de soins plus attrayantes.
La COPAS s’engage activement pour la création d’une passerelle qui viendrait combler l’écart entre aides-soignants et infirmiers et des formations en cours d’emploi. Une des solutions envisagée consisterait à créer une nouvelle filière d’études qui permettrait aux titulaires d’un DAP d’aide-soignant d’accéder à un diplôme de niveau bac professionnel, offrant ainsi de meilleures perspectives de carrière.
Une telle réforme renforcerait non seulement l’attractivité des métiers du soin, mais offrirait également des opportunités d’évolution au sein d’un secteur en pleine expansion.
Le secteur est en péril «alors qu’il revêt d’une importance systémique pour notre société», insiste la Copas qui invite tous les acteurs du secteur à s’engager pour trouver ensemble des solutions afin de garantir la pérennité des soins au Luxembourg.