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Homicide au marteau : malgré un trouble mental, l’épouse «savait ce qu’elle faisait»


La prévenue était consciente de son acte, bien que son discernement ait pu être altéré par une psychose schizo-affective diagnostiquée en 2013.

«Pas totalement irresponsable de ses actes», malgré un trouble mental. C’est la conclusion d’un expert judiciaire concernant l’épouse accusée d’avoir tué son mari avec un marteau.

Catiuscia a abattu son époux de six coups de marteau à la tête avant de le traîner par les pieds jusque dans la cave de leur maison où Jean, 56 ans, est décédé. La police a trouvé sa dépouille allongée nue sur une couverture le 7 mars 2022 après que des amis et des proches se furent inquiétés de ne plus recevoir de signes de vie de sa part.

Les faits auraient eu lieu trois semaines plus tôt, le 13 février 2022 et la victime serait morte le lendemain, selon les aveux de la Brésilienne de 41 ans. Seule version dont disposent les enquêteurs et les juges de la chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Diekirch.

Durant plus de trois semaines, Catiuscia a vécu avec le cadavre de son époux sous ses pieds. Pendant ce temps, elle a consulté des annonces immobilières au Brésil, des offres de voyages et l’état du compte bancaire de son défunt mari, entre autres. Son acte aurait eu lieu en représailles de mauvais traitements de la part de Jean, qui serait devenu alcoolique et violent immédiatement après leur mariage fin 2012.

Des rapports d’intervention de la police et des sapeurs-pompiers au domicile conjugal montrent que ce n’était pas la première fois qu’elle enfermait son époux à la cave. Mais bien la dernière.

Des indices trouvés sur les lieux et dans le téléphone de la victime présumée accréditent la version livrée par Catiuscia. Jean se serait déplacé alors qu’il agonisait – il vivait encore quand il a été abandonné à son sort – et la prévenue a envoyé des messages bourrés de fautes d’orthographe à des proches avec le téléphone de Jean le jour de la Saint Valentin en se faisant passer pour lui.

Il n’y aurait aucune raison de douter du récit de la prévenue, selon un enquêteur de la police. Aux experts de combler les doutes, les zones d’ombre et les incompréhensions quant à l’acte et aux semaines qui l’ont suivi.

Lundi prochain, un médecin légiste décryptera les blessures infligées à Jean ainsi que l’état de sa dépouille au moment de sa découverte pour déterminer la cause exacte de son décès ainsi que la période de temps lors de laquelle il est survenu.

Une psychose schizo-affective

Hier matin, un expert neuropsychiatre a partagé ses conclusions quant à l’état psychologique de Catiuscia au moment des faits. Selon lui, elle «n’était pas complètement irresponsable» au moment de son passage à l’acte. Et ce, bien que son discernement ait pu être altéré par une psychose schizo-affective diagnostiquée en 2013.

En dépit du fait que les hallucinations auditives, la paranoïa et les délires sont des symptômes fréquents de ce trouble mental, la prévenue «savait ce qu’elle faisait et que c’était mal». Elle a agi de manière «impulsive». «Elle n’a exprimé aucun regret», a précisé l’expert hier matin. «Elle ne m’a pas indiqué avoir entendu de voix. En général, quand c’est le cas, les personnes en parlent.»

La raison du passage à l’acte serait «la peur et le désespoir» d’une femme «seule» face à un mariage qui battait de l’aile et à des difficultés d’intégration dans le village de Heispelt. «Les gens sont avec elle ou contre elle. Elle ne connaît pas de demi-mesure.» Malgré sept demandes de divorce, Catiuscia n’a, d’après ses confidences au médecin, «pas eu la force de quitter son époux et regrettait de l’avoir épousé».

Le couple s’était rencontré en 2012 par le biais d’une agence matrimoniale. Jean se serait montré prévenant, lui aurait offert «des pralines et des fleurs» lors de leur premier rendez-vous. Un astrologue lui avait même certifié que le mariage serait heureux. La lune de miel aura pourtant été de courte durée. Catiuscia a confié à l’expert «être convaincue que Jean l’a rendue malade» et que «leur maison était maudite».

Pendant une heure, Catiuscia a calmement écouté le neuropsychiatre dérouler sa vie, ses contradictions, ses aspirations et ses travers face à la cour. Elle apparaît froide et dure comme de la porcelaine sur laquelle tout coule. Fragile aussi par ses accès de paranoïa et sa solitude. Son témoignage à la barre, et ce qu’il révélera d’elle et de son passage à l’acte, est très attendu. Il est prévu lundi.