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[Sélection nationale] – Maurice Deville : « Je ne suis plus attaquant »


Maurice Deville affirme haut et fort qu'il n'est plus attaquant. (photo d'archives Julien Garroy)

Repositionné dans l’entrejeu à Kaiserslautern, Maurice Deville ne postule plus forcément à une place en attaque avec la sélection. Il en a parlé à Luc Holtz.

Le géant aux trois buts en sélection nationale trouve que le fait d’avoir reculé d’un cran en club lui a dégagé l’horizon. Il aimerait bien avoir droit au même traitement chez les Roud Léiwen.

Maurice Deville traîne dans le hall de l’hôtel de la sélection. À Maxime Chanot, qui vient tout juste de descendre de voiture pour rejoindre le groupe, il montre sur l’écran de son téléphone son dernier petit bébé, le but (une vraie réalisation d’avant-centre) qu’il a inscrit contre Leipzig (0-2) dimanche après-midi, et reçoit les félicitations d’usage presque sans un sourire. C’est que le géant de 23 ans sait que plus personne, désormais, ne lui laissera le loisir de se reposer sur ses lauriers.

S’il a encore reçu « plus de 200 messages » après Leipzig, de gens lui disant « comme ils sont fiers de revoir un Luxembourgeois à Kaiserslautern », ce sont désormais les suiveurs des Roud Léiwen qui lui pourrissent un peu l’existence, à lui demander sans cesse de prouver sa valeur. « C’est dérangeant », avoue-t-il, de n’être jugé que sur les matches internationaux : « Que les gens viennent me voir en Allemagne, dans un championnat avec des équipes qui se valent. C’est quand même très différent d’avoir à jouer avec le Luxembourg contre l’Espagne ou le Portugal, face à des joueurs qui disputent la Ligue des champions toutes les deux semaines… »

«À K’Slautern, je ne joue plus en attaque»

Maurice Deville, qui n’a pas encore réussi à s’installer pour de bon dans le onze de base de Luc Holtz malgré son statut pro et ses minutes en 2 e Bundesliga, ne réclame pas l’indulgence. Ni de l’aide. Même son père, Franck, ne peut pas lui en procurer : « Il jouait à une époque où les médias n’apportaient pas autant d’attention au football dans le pays. » Non, Maurice compte sur lui et sur l’évolution lente mais certaine de sa carrière. C’est qu’il a débarqué à Lipperscheid avec une grosse nouvelle à faire digérer à tout le monde : « À Kaiserslautern, je ne joue plus en attaque. »

Luc Holtz, qui a vu des vidéos de ses dernières prestations, était déjà au courant : Deville a été repositionné par son coach, Konrad Fünfstück, au milieu de terrain. « Un peu comme un numéro 8. » Et il adore : « Ça me plaît beaucoup. Je préfère même à un rôle d’attaquant. J’ai plus d’avenir comme ça. Et au moins, j’ai le jeu devant moi. En 2 e Bundesliga, un attaquant joue toujours dos au but et doit essentiellement conserver le ballon. Ce n’est pas mon jeu. »

Tout ça, il l’a expliqué en tête à tête à Luc Holtz. « Je lui ai dit que je pourrais aussi aider l’équipe à un autre poste. J’espère qu’il me mettra à une position où je peux montrer toutes mes qualités. » À en croire le joueur, le sélectionneur n’aurait pas été fermé à l’idée. Mais il n’a pas livré la sienne, alors que les venues en amical de la Grèce (vendredi) et d’un Portugal déforcé (mardi) pourraient parfaitement se prêter à des essais de cette nature.

Forcément, Deville, qui milite pour une évolution en sélection à l’identique de celle qui l’a visiblement libéré en club – au point qu’il envisage désormais ouvertement une première titularisation sous peu –, a encore des arguments : « Au milieu, on travaille tout le temps. Il faut récupérer, distribuer, défendre, attaquer. On n’a pas le temps de réfléchir, il faut toujours courir, faire quelque chose du ballon. En avant-centre, tu peux ne pas le voir pendant dix minutes. » Et pour un garçon dont les supposées fragilités mentales ont été régulièrement pointées du doigt par Holtz, qui aimerait qu’il acquiert de la régularité dans les performances, ce pourrait être un aspect à prendre en considération.

Tout est entre les mains du sélectionneur. Deville de toute façon, a prévu, où qu’il joue, de passer à l’attaque : « Il faut juste que je joue mieux pour changer l’opinion des gens. Ils pensent que ce serait normal que je marque aussi avec la sélection. Non, ça ne l’est pas, mais je vais travailler pour devenir encore plus fort… »

Julien Mollereau