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Le Salon des frontaliers, une première au Luxembourg


Durant deux jours au Shopping Center Cloche d'Or, les frontaliers pourront trouver des conseils et des réponses à leurs questions liées, notamment, au monde du travail. (photo Pixabay)

Ces jeudi 7 et vendredi 8 novembre, le premier Salon des frontaliers organisé au Grand-Duché se tiendra au Shopping Center Cloche d’Or. Pascal Peuvrel, le président de l’association organisatrice, nous explique sa raison d’être.

Avocat au Luxembourg et président de l’Association des frontaliers au Luxembourg (AFAL), Pascal Peuvrel se félicite de l’organisation du premier Salon des frontaliers au Grand-Duché, notamment au vu des difficultés croissantes que connaissent les travailleurs frontaliers qui, en plus, n’ont toujours pas le droit à la parole.

En quoi consiste votre Salon des frontaliers ?

Pascal Peuvrel : C’est un salon organisé avec des partenaires qui sont des sociétés dont les activités sont, de près ou de loin, censées concerner ou intéresser les frontaliers. Il y aura des stands avec des fiscalistes, des sociétés de travail temporaires, des assureurs et des agences de tourisme et aussi le nôtre, en tant qu’organisateur et association de frontaliers. Lors de cet événement, on fera notre travail habituel d’association. Nous pouvons renseigner les gens sur tout ce qui peut concerner l’activité frontalière ou les activités au Luxembourg, professionnelles ou privées.

C’est un salon que vous présentez comme le premier du genre au Grand-Duché.

Oui, c’est la première fois qu’il y a un salon pour frontaliers organisé au Luxembourg. C’est pionnier alors que tous les ans depuis douze ans, nous organisons un salon des frontaliers du côté français à Thionville, au centre commercial Geric. Nous n’avions jamais fait le pendant d’un tel salon au Luxembourg. Du côté français, le salon a toujours un énorme succès et là c’est la première fois au Luxembourg, donc il faut laisser une chance au salon de commencer avant qu’il devienne pérenne et s’étoffe.

J’espérais avoir quelques banques luxembourgeoises et surtout des administrations, mais nous n’avons pas dû frapper au bon endroit. L’Adem, elle, n’a pas pu venir et les autres ne nous ont pas répondu. Autant je comprends qu’elles ne puissent pas venir un samedi pour faire une édition du côté français, mais logiquement et naturellement, elles pourraient très bien, à mon avis, venir en semaine au Luxembourg. Nous allons creuser pour essayer de les avoir l’an prochain.

La situation est plus morose. Des gens disent ne plus en pouvoir

Depuis les débuts de l’AFAL, les problèmes des frontaliers ont-ils évolué ?

Oui, les problèmes ont changé, car ils se sont accrus. Déjà, il y a eu quand même deux grosses vagues de discrimination qui ont surgi concernant les frontaliers. La plus ancienne, c’est en 2010 avec les bourses d’études. La deuxième, c’est en 2016 avec les allocations familiales. Elle est toujours en cours aujourd’hui, puisque nous sommes devant la Cour de justice de l’Union européenne pour la seconde fois. Ce sont deux grandes discriminations frontales qui ont été faites aux frontaliers, qui auparavant étaient bichonnés ou, en tout cas, n’étaient pas attaqués comme cela.

Il y a aussi une recrudescence des cas de harcèlement ou de burn-out, des gens fatigués des petites discriminations, fatigués des trajets et du fait que quand cela va un peu moins bien, les frontaliers sont les premiers qui sont virés et quand cela va mieux, ce sont les premiers appelés. La situation est plus morose. On entend quand même régulièrement des gens qui disent ne plus en pouvoir et qui retournent travailler en France. Ce n’est pas une majorité, mais avant, personne ne le disait.

Pourquoi un tel traitement alors que le nombre de frontaliers est encore amené à augmenter considérablement dans les prochaines années ?

C’est incompréhensible. Nous autres dans les associations, les comités, on se pose la question de savoir pourquoi, d’un côté, il y a un tel besoin des frontaliers et pourquoi, de l’autre, on leur met des piques et ce genre de discriminations. Cela me rappelle la période covid où un responsable de parti politique était debout à la Chambre des députés pour encenser les frontaliers, disant que c’étaient des héros, parce qu’il parlait du personnel soignant qui était essentiellement frontalier. C’est une drôle de façon de traiter ses héros.

Quand l’on discute entre spécialistes ou personnes intéressées, la seule explication est que les frontaliers constituent 50 % de la population active, mais ce ne sont pas des électeurs. Il n’y a aucune raison de les choyer et cela fait du bien aux vrais électeurs de montrer qu’un frontalier, ce n’est pas la même chose qu’un résident.

Ils n’ont voix au chapitre nulle part

Et quid du Conseil supérieur du vivre-ensemble interculturel qui, théoriquement, devait intégrer des frontaliers, qui en sont finalement absents ?

Il a été dit que, au niveau des communes, dans les commissions du vivre-ensemble interculturel, les frontaliers avaient également tout à fait leur place, ce qui, politiquement et pratiquement, est tout à fait louable. Les communes devaient donc, en constituant leur commission, y inclure des frontaliers. Sauf qu’en fait, cela n’a quasiment pas été réalisé. Les communes semblent ne pas avoir cherché les frontaliers, qui pourtant sont à portée de main, puisqu’il y en a qui travaillent partout.

Nous avons remarqué cela car nous avons été entendus afin d’indiquer comment leur faciliter la tâche. Ce que nous avons retenu, c’est qu’ils disaient : « On ne sait pas où aller chercher les frontaliers ». C’est complètement bizarre. Aujourd’hui, le résultat est que dans les commissions, il n’y a quasiment pas de frontaliers (NDLR : et donc aucun au Conseil supérieur, élu par les commissions).

Les frontaliers constituent près de 50 % de la population active, mais ils n’ont voix au chapitre nulle part. Absolument nulle part. Hormis les élections sociales, il n’y a rien. Imaginez un pays avec la moitié de la population active qui n’est pas impliquée dans les organes de prise de décision concernant le monde du travail qui la concerne.

Vous croyez à la création d’un organe réellement représentatif pour les frontaliers ?

Oui, je garde toujours espoir. Cela devrait être un jour mis sur pied avec un genre de commission ou je ne sais quel organisme officiel voulu et créé par le législateur pour s’occuper des frontaliers dans leur représentativité et leurs droits.

Salon des frontaliers, aujourd’hui et demain, de 10 h à 18 h au Shopping Center Cloche d’Or.

L’AFAL en bref

Récemment installée 24 rue de l’Ancien-Hôpital à Thionville, l’Association des frontaliers au Luxembourg offre l’accès à de nombreux services aux frontaliers, moyennant une cotisation annuelle de 20 euros. Grâce à ses partenaires, l’association propose de l’assistance juridique, des cours de luxembourgeois, un accompagnement professionnel et de santé ainsi que des conseils en fiscalité, législation sociale et retraite. Créée en 1998, l’AFAL compte 1 700 adhérents qui bénéficient de tarifs préférentiels pour les services proposés.