Les apiculteurs ont du pain sur la planche ces dernières semaines. Les nids de frelons n’ont jamais été aussi nombreux. Les abeilles sont menacées.
Malgré les derniers beaux jours de l’année, l’automne et sa traditionnelle chute des feuilles est bien présent en ce moment. Jusque-là cachés dans les feuillages, les nids de frelons asiatiques commencent à être démasqués.
Contrairement aux autres années, de nombreux apiculteurs de la province de Luxembourg constatent une augmentation significative des nids, notamment dans la région de Bouillon-Herbeumont, mais aussi du côté d’Arlon.
«L’an dernier, à la même période, j’avais procédé à la destruction de deux nids sur Bouillon, explique Yonel Wautier, apiculteur. Cette année, j’en suis déjà à plus de quinze nids détruits. Nous connaissons ce que la province de Hainaut a connu ces derniers temps, c’est-à-dire une invasion importante de l’espèce.»
Au-delà de la dangerosité de l’insecte, qui n’attaque que lorsqu’il se sent en danger, celui-ci est un réel prédateur pour les abeilles. «Le frelon asiatique coupe la tête, les ailes et les pattes des abeilles pour ne garder que l’abdomen, poursuit le spécialiste. Les protéines qu’il contient servent à nourrir les larves. Le frelon attaque la ruche lorsque celle-ci est en pleine activité. Aux moments les plus calmes, les frelons émettent des phéromones pour attirer les gardiennes en dehors du rucher et profiter de cette absence pour aller croquer une ou deux abeilles.»
Le frelon asiatique suit les cours d’eau
Face à ce phénomène qui pourrait mettre à mal les ruchers et la production de miel, il n’y a pas d’autre choix que de détruire l’espèce. «Avec l’appui du Centre de recherches agronomiques de Gembloux, nous bénéficions d’une formation et du matériel adéquat pour intervenir, poursuit l’apiculteur. Il faut une combinaison renforcée et une protection supplémentaire au niveau du visage, car le frelon asiatique peut lancer du venin. À l’automne, les nids sont plus visibles et il est important d’intervenir. L’idéal serait de piéger les reines au début du printemps afin qu’elles ne colonisent pas de nouveaux nids, mais celles-ci sont difficiles à trouver.»
Il faut savoir que le frelon asiatique suit les cours d’eau, car il a besoin en permanence d’eau. En cas de nid de frelon dans son jardin, l’apiculteur rappelle les gestes à adopter. «Il est essentiel de faire appel à un professionnel, souligne-t-il. En cas de piqûre, il faut se rendre très vite chez un médecin afin d’y obtenir une piqûre d’adrénaline. Une fois le nid poudré, les frelons tombent, mais peuvent encore piquer un certain temps. Il faut donc se montrer prudent, car selon les études, 8% de la population risque la mort en cas de piqûre.»
Impossible à éradiquer
André Jusseret est le président provincial des apiculteurs en province de Luxembourg. L’homme confirme la multiplication des nids de frelons asiatiques en plusieurs endroits de la province ces derniers temps.
«Pour ma part, j’en vois beaucoup du côté d’Arlon, lance-t-il. Le frelon asiatique est en train de coloniser toute la Belgique. Un nid de frelons asiatiques, c’est entre 3 000 et 5 000 individus et les reines sont bien plus nombreuses que dans les autres espèces. Les nids se développent donc davantage. Il va falloir vivre avec, car éradiquer l’espèce est impossible. Une équipe de scientifiques travaille sur le sujet afin de rendre cette cohabitation viable. Les apiculteurs doivent prendre des dispositions pour se protéger sinon, ils arrêteront comme beaucoup dans le Hainaut. On compte énormément sur les citoyens pour signaler les nids qu’ils pourraient trouver. Ils peuvent faire appel à leur Commune, un apiculteur ou un désinsectiseur.»