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Un an après la COP28, la sortie progressive des fossiles se fait attendre


L'Azerbaïdjan, pays hôte de la COP29, est accusé d'oublier sciemment la question des fossiles. (photo AFP)

Un an après l’accord sans précédent des pays du monde entier à Dubai en faveur d’une « transition » vers l’abandon des énergies fossiles, les dirigeants mondiaux peinent ou rechignent à traduire cette promesse en actes, constatent des diplomates, militants et experts.

Alors que la COP29 débute dans un peu plus d’une semaine en Azerbaïdjan, cette question d’une sortie des fossiles, principaux responsables des émissions de gaz à effet de serre et donc du réchauffement climatique, a été relayée au second plan, au profit du sujet central de cette année : l’aide financière climatique Nord-Sud.

« Il est essentiel que les progrès réalisés par les dirigeants l’année dernière sur le front de l’énergie ne soient pas perdus », souligne Katrine Petersen d’E3G, un groupe de réflexion.

Mais depuis, les grandes économies prévoient toujours des expansions pétrolières et gazières dans les décennies à venir. Et les émissions mondiales ont continué d’augmenter.

Les pays menacés par les conséquences « attendent en vain de voir la forte baisse de la production de combustibles fossiles annoncée », souligne Pa’olelei Luteru, un diplomate samoan.

« Hélas, il faut distinguer les paroles des actes », constate Pa’olelei Luteru, qui préside l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS).

Regret des pays pétroliers 

Depuis la mention d’une sortie progressive des fossiles à Dubai, « les dirigeants cherchent comment concrétiser ces engagements », remarque Katrine Petersen. « Il y a un manque de leadership politique sur certains points », poursuit-elle, un peu inquiète de voir le pétrole oublié des débats.

L’Azerbaïdjan, pays hôte de la COP29, est accusé d’oublier sciemment la question des fossiles, afin de protéger ses propres intérêts pétroliers et gaziers. Ce que le pays nie farouchement.

Le coordinateur principal de l’AOSIS, Toiata Uili, se dit préoccupé par « l’affaiblissement du soutien politique » en faveur de l’accord, prévenant qu’il ne laisserait pas les grands pays s’en tirer à si bon compte à Bakou.

La Papouasie-Nouvelle-Guinée, nation pauvre du Pacifique vulnérable aux catastrophes climatiques (également productrice de gaz naturel liquéfié), a de son côté annoncé boycotter la COP29, déclarant en avoir « assez de la rhétorique ».

Si le négociateur principal de l’Azerbaïdjan, Ialtchine Rafiev, a reconnu que de nombreux pays souhaitaient voir des « prochaines étapes claires » sur l’énergie à la COP29, en coulisses cette demande s’est heurtée à une forte résistance des pays producteurs de pétrole, selon un diplomate occidental ayant requis l’anonymat.

Selon lui, certains de ces pays ont eu le sentiment de s’être trop engagés trop loin à Dubai et sont très réticents à accepter quoi que ce soit de plus sur les combustibles fossiles.

Les États-Unis pousseront pour un engagement collectif à renoncer à ouvrir de nouvelles centrales à charbon, mais rien de plus, estimant irréaliste d’aller plus loin que l’accord de l’an dernier, selon un responsable américain.

« Phrases creuses » 

Des signaux montrent toutefois que la transition énergétique avance. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a annoncé en octobre que les technologies « propres » (solaire, éolien, ainsi que nucléaire selon sa taxonomie) attiraient deux fois plus d’investissements que les énergies fossiles et que la moitié de l’électricité dans le monde proviendrait de sources bas-carbone d’ici à 2030.

« Mais avec l’utilisation croissante de l’énergie, même une croissance rapide des renouvelables ne se traduit pas par une chute rapide des émissions de CO2 », remarque Dave Jones, du groupe de réflexion Ember.

Autre fait encourageant: les ministres du G20 ont réaffirmé fin octobre leur volonté de « s’éloigner des énergies fossiles »; à charge aux dirigeants de reprendre la phrase dans leur prochain sommet à Rio, au milieu de la COP29.

Dans les prochains mois, les pays du monde entier sont censés déposer à l’ONU des plans climatiques renforcés, mais plusieurs continuent d’approuver de nouveaux champs pétroliers et gaziers.

Oil Change et d’autres ONG pointent du doigt des pays occidentaux développés tout en soulignant que les hôtes des trois COP de 2023 à 2025 – Émirats arabes unis, Azerbaïdjan et Brésil – font aussi croître leur production d’hydrocarbures.

« Un engagement climatique ne peut se résumer à des phrases creuses », pointe Andreas Sieber, de l’ONG 350.org.