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[C’était mieux avant] Clayton De Sousa Moreira : «J’ai le maillot de Nani à la maison !»


Dix-huit mois après son 338e et ultime match de BGL Ligue, l’ancien latéral international se retourne avec fierté sur une carrière qui l’a vu remporter cinq titres de champion, quatre coupes nationales et porter six fois le maillot des Rout Léiwen.

Quel est le joueur le plus fort avec qui vous ayez joué ?

À la Jeunesse, je dirais Dieumerci Ndongala (ailier congolais passé par Esch de 2011 à janvier 2013). Quand il est arrivé du Standard, on voyait vraiment que c’était quelqu’un qui n’avait rien à faire dans le monde amateur. À Dudelange, j’ai aimé Danel Sinani ou Dominik Stolz, mais à cette époque-là, il n’y avait que des bons joueurs!

Et le plus fort que vous ayez affronté ?

L’Allemand Gerald Asamoah (43 sélections avec la Mannschaft). C’était mon premier match avec l’équipe nationale, à Fribourg (le 27 mai 2006, défaite 7-0). Tu as 18 ans, tu rentres devant 20 000 spectateurs… C’était extraordinaire! L’Allemagne, c’était un autre monde, l’équipe la plus forte que j’aie affrontée. Ce jour-là, il y avait du lourd, comme Bastian Schweinsteiger (ex-Bayern et Manchester United) mais lui, Asamoah, venait souvent dans ma zone. Il était puissant, vraiment balèze et niveau protection de balle, il était énorme!

Quelle est la meilleure équipe dans laquelle vous ayez joué ?

J’ai connu de très belles équipes à Esch comme à Dudelange, mais je ne peux pas oublier celle de la Jeunesse avec qui j’ai remporté le titre de champion en 2010, sous les ordres de Jacques Muller. Pour moi, qui suis un vrai Eschois et ai été formé à la Jeunesse depuis petit, c’était vraiment spécial. La fête qui a suivi, d’abord au stade, puis au bar, puis en ville… les célébrations de titres ou de victoires en Coupe, où tout le monde vient faire la fête, sont des moments que tu n’oublies jamais, mais la Jeunesse, ça reste la Jeunesse. C’est une grande famille, mon club de cœur, celui qui m’a tout donné et pour lequel j’ai tout donné.

Quel est votre meilleur souvenir ? 

En équipe nationale, j’ai fait toutes les générations, des U12 aux A. J’ai beaucoup voyagé, et j’ai plein de souvenirs, mais le meilleur est tout de même ma première sélection en Allemagne. Sinon, j’ai toujours le maillot de Nani à la maison! Face au Portugal (septembre 2012, sa dernière convocation chez les Roud Léiwen), j’étais resté sur le banc, mais j’ai échangé mon maillot avec lui. Aucune chance que mon fils me le pique pour aller à l’entraînement : au Racing, ils doivent toujours être habillés pareil (il rit) !

Une semaine après, je devais faire un essai à Braga…

Et votre plus grosse déception ?

Ma grave blessure, cette fracture du tibia en août 2007. On gagnait 4-1 contre Pétange, il restait une minute, et un adversaire m’a taclé avec les deux pieds décollés du sol, le long de la ligne… C’était l’époque où j’étais vraiment au top, où des clubs étaient derrière moi. Une semaine après ce match, je devais faire un essai à Braga… c’est le foot. Ç’a été très dur de revenir. J’ai bossé, bossé, et je suis bien revenu mais physiquement, au niveau de la vitesse et des appuis, mais aussi dans la tête, dans la manière d’aborder les duels, ce n’était plus comme avant. Même avec le temps, c’est difficile de pardonner, quand quelqu’un te fait du mal comme ça.

Votre plus beau but ?

J’en ai mis quelques-uns avec Dudelange et la Jeunesse mais pour moi, l’un des plus beaux, c’est cette frappe de loin dans un derby contre le Fola (son 11e et dernier but en BGL Ligue), il y a trois ans (3-3 en novembre 2021), avec Jeff Strasser.

Aujourd’hui

S’il s’entretient physiquement et n’exclut pas, à bientôt 37 ans (il les fêtera en février), de replonger en PH ou dans une division inférieure une fois que ses affaires rouleront pleinement, Clayton De Sousa Moreira se consacre aujourd’hui pleinement à sa vie de famille, à ses deux enfants de 12 et 6 ans, à son métier d’éducateur à la commune d’Esch et, donc, à la gérance des deux barber shops qu’il a ouverts, l’un à Esch en 2022, l’autre à Luxembourg en 2024. Le second est déjà prisé des joueurs de l’équipe première du RFCU ou d’artistes de passage en ville, mais c’est le premier qui a eu le privilège de recevoir la visite d’internationaux luxembourgeois comme Danel Sinani ou Gerson Rodrigues.

Votre plus bel exploit ? 

Avec la Jeunesse, on avait sorti une équipe de l’Est en 2019 (les Kazakhs du Tobol Kostanaï, 0-0, 1-1 au 1er tour de la Ligue Europa). C’était une vraie surprise! Avant le match retour, on n’y croyait pas. C’était vraiment dur, là-bas. Malheureusement, je me suis cassé un orteil en fin de match, et j’ai raté le tour suivant contre Guimarães. Avec Dudelange, on avait aussi atteint la phase de groupes de la C3 (en 2018), mais à l’époque, il y avait énormément de monde et je n’avais pas été inscrit pour la Coupe d’Europe.

Adrien Portier, parfois, il faisait des tacles…

Y a-t-il un joueur ou une équipe que vous n’aimiez pas affronter ?

Pas vraiment : moi, j’étais un joueur des grands matches! Parfois, j’avais plus de difficultés contre les plus petites équipes, je n’étais pas toujours très concentré. Côté joueurs, Dan Da Mota, à Ettelbruck (2005-2008) ou à Dudelange avant que je joue là-bas (2008-2014), c’était vraiment pas mal : il allait vite, il était puissant, c’était dur de l’affronter. Mais globalement, personne ne me faisait peur : j’aimais les grands matches et je répondais toujours présent.

Qui était le joueur le plus méchant que vous ayez connu ?

Adrien Portier (défenseur central de la Jeunesse de 2008 à 2019), parfois, il faisait des tacles… à l’entraînement, j’étais content d’être avec lui! Avec lui, c’était soit le ballon, soit le joueur, mais ce n’était pas souvent le ballon (il rit)! Je crois qu’il avait battu le record de cartons jaunes sur une saison, avec 12 ou 13 cartons (12 toutes compétitions confondues en 2012/2013).

Et l’entraîneur qui vous a le plus marqué ?

Michel Le Flochmoan (décédé en août 2021), à Dudelange (2015/2016), quelqu’un de simple, très gentil. Il était vraiment spécial. Il avait tout gagné, et n’avait pas besoin de parler beaucoup pour se faire comprendre. Il savait gérer un groupe, mettait son équipe en place, et tout le monde se donnait à fond pour lui. Difficile de ne pas mentionner également Dan Theis (décédé en décembre 2022). Un grand entraîneur et un grand homme, lui aussi.

Vous souvenez-vous du jour où vous avez décidé d’arrêter votre carrière ?

En juin 2023, j’avais la possibilité de prolonger un an à Mondercange, j’avais aussi des touches en BGL Ligue et en PH, mais je voyais que je n’étais plus concentré à 100 % concentré sur le foot. Parfois, j’allais à l’entraînement, et j’avais d’autres choses en tête. Je me suis dit que c’était le moment d’arrêter en beauté : on avait sauvé le club, et entre le travail, les enfants, la famille, je ne me voyais plus jouer au foot à côté. Et puis, avec les blessures, ce n’était plus le Clayton d’il y a douze ou même six ans.

Avez-vous des regrets, aujourd’hui ?

Aucun. Je peux être fier, car j’ai disputé près de 400 matches (392, dont 17 de Coupe d’Europe) au Luxembourg, joué en BGL Ligue de 17 à 35 ans. Je peux dire que j’ai fait une belle carrière, et ce n’était que du positif !

Ses faits d’armes

Pur produit de la formation eschoise, Clayton De Sousa Moreira a porté le maillot de l’équipe première de la Jeunesse de 2005 à 2014, remportant un titre de champion (2010) et une Coupe de Luxembourg (2013), puis de 2019 à 2022. Deux périodes entrecoupées d’un quinquennat riche en trophées (quatre championnats, trois Coupes nationales et deux Coupes de la Ligue) au F91. Apparu six fois avec les Rout Léiwen entre 2006 et 2008, le latéral d’origine cap-verdienne a disputé en 2022/2023 sa 19e et dernière saison de BGL Ligue avec Mondercange, bouclant sa carrière sur un total de 338 matches dans l’élite.