Après des mois de paiements non effectués aux restaurateurs, la plateforme de livraison luxembourgeoise Goosty a été mise en faillite par le tribunal d’arrondissement de Luxembourg.
«Nous avons été avertis hier de la faillite de Goosty», annonce Steve Martellini, secrétaire général de la fédération Horesca. Cela fait déjà quelques jours que la nouvelle est tombée. Le 23 octobre, le tribunal d’arrondissement de Luxembourg a prononcé la faillite par assignation de la société Carlitoo, à laquelle appartient Goosty depuis 2022.
Les fondateurs de la société luxembourgeoise ont d’ailleurs révélé au média 100,7 que Carlitoo leur devrait encore plus de 300 000 euros. Mais pour les acteurs du milieu, cette faillite n’est pas une surprise : «Goosty n’effectuait plus ses paiements depuis le mois d’août.» Concrètement, les restaurateurs qui collaboraient avec Goosty n’ont jamais été payés de leurs commandes livrées par la plateforme. «Les commandes et les payements passent par Goosty, ce sont eux qui envoient ensuite l’argent aux restaurateurs», explique le secrétaire général.
Quelque 400 restaurateurs coopéraient avec Goosty pour leurs livraisons de plat à domicile. Et parmi les membres de l’Horesca, ils étaient une douzaine à passer par cette plateforme et à avoir été impactés.
Ces restaurateurs ont perdu entre 3 000 et 7 000 euros à cause des payements non effectués. «Cela fait mal, c’est clair… Les fins de mois risquent d’être compliquées, mais normalement aucune activité n’est mise complétement en péril», souffle Steve Martellini. Derrière les payements non effectués se cache plus qu’une simple commission. «Il y a plein de choses derrière, comme les matières premières achetées pour cuisiner les plats livrés… La perte d’argent est multiple.»
Dès le mois d’août, lorsqu’elle a été avertie des payements non effectués, l’Horesca s’est rapprochée de son avocat pour savoir que faire pour que leurs restaurateurs membres récupèrent leur argent. À l’annonce de la faillite, la fédération a fait un appel sur ses réseaux sociaux pour que leurs membres concernés les contactent et leur disent le montant perdu.
«C’est compliqué comme situation parce que nous n’avons pas de lien direct avec les plateformes», explique Steve Martellini. Pour l’heure, l’Horesca attend encore le feedback de ses membres pour savoir si l’avocat peut traiter leurs situations au cas par cas. Mais le secrétaire général n’est pas très optimiste : «À cause de la faillite, ils ont peu de chance de récupérer cet argent perdu…»
«Une bonne opportunité»
La faillite de Goosty démontre-t-elle une difficulté pour la livraison à domicile de s’insérer dans le secteur horeca luxembourgeois ? Pour Steve Martellini, la réponse est claire : pas du tout. «C’est une tendance, les clients sont de plus en plus nombreux à se faire livrer», constate-t-il. Et contrairement à la mise en place de son propre service de livraison, ces plateformes dédiées représentent une «bonne opportunité pour les restaurateurs».
Pas besoin d’acheter et d’entretenir son propre véhicule de livraison, ni d’embaucher des employés spécialement pour livrer. Ces sociétés tierces gèrent le tout. Pour le secrétaire général de l’Horesca, c’est une «plus-value à part du service normal». Même s’ils doivent payer une commission, ça permet aux restaurateurs d’être vus et d’attirer d’autres clients. «Surtout dans la semaine, quand les restaurants sont très calmes, ça permet de faire des livraisons alors que peu de personnes se déplacent sur place.» Steve Martellini estime que les restaurateurs de la capitale sont 20 à 30 % à utiliser ces plateformes.
L’émergence de cette «trend» a d’ailleurs fait arriver de nouveaux acteurs sur le marché luxembourgeois. En 2020, lorsque Goosty s’est lancé, ils n’étaient que deux avec WeDely. Mais cette année, d’autres entreprises ont fait leur apparition, dont le géant américain Uber Eats. Lors de son lancement en juillet, il comptait déjà plus de 200 restaurants et commerçants partenaires au Grand-Duché.
Le marché est donc très concurrentiel entre Uber Eats, Wolt, Wedely et MiamMiam. Mais le cas Goosty n’est pas juste une histoire de concurrence, selon Steve Martellini : «Des échos que nous avions, Goosty était moins fort et moins bien organisé que les autres plateformes.»