La CGFP réfute toute participation de l’OGBL aux négociations du prochain accord salarial dans la fonction publique. Ce différend ne doit cependant pas briser l’alliance au niveau des pensions.
«Notre revendication n’est certainement pas dirigée contre la CGFP. Au contraire, notre volonté est d’être plus fort ensemble», souligne d’emblée Nora Back, la présidente de l’OGBL. Le 23 octobre, le syndicat a une nouvelle fois insisté pour être impliqué dans les négociations du prochain accord salarial dans la fonction publique. Il a été stoppé net dans son élan. La veille, le Premier ministre, Luc Frieden, a assuré que la CGFP serait – comme le revendique le syndicat de la fonction publique – l’unique partenaire de négociation du gouvernement.
Ce différend risque-t-il de remettre en question le front commun formé contre une réforme des pensions ? «Je ne l’espère pas et cela ne doit pas se produire. Notre revendication est justifiée, car nous représentons des dizaines de milliers de personnes qui dépendent directement ou indirectement de l’accord salarial négocié par la seule CGFP. Cela n’est cependant nullement lié au dossier des pensions», développe Nora Back.
La CGFP semble suivre cette argumentation. Dans le communiqué diffusé à l’issue de son entrevue du 22 octobre avec le gouvernement, le syndicat de la fonction publique assure «rester solidaire avec les syndicats du secteur privé qui militent contre toute dégradation du régime des pensions». Le front syndical uni formé par l’OGBL, le LCGB et la CGFP est donc sauf. «Je tiens à rappeler que l’avis critique intégré dans l’avis du Conseil économique et social sur le système de retraite a été signé par les trois syndicats. La CGFP partage donc pleinement notre position», ajoute la cheffe de file de l’OGBL.
Reste à savoir si une éventuelle réforme concernera uniquement le régime général, couvrant les travailleurs du secteur privé, ou si le régime spécial, réservé aux fonctionnaires et employés de l’État, sera aussi inclus dans les efforts pour viabiliser le système des retraites.
«Un chemin qui n’est plus démocratique»
Pour revenir à la négociation du prochain accord salarial, Nora Back renchérit en clamant que les personnes du secteur public représentées par l’OGBL sont «demandeuses» d’une implication de son syndicat dans les négociations. «Nous pouvons comprendre que la CGFP ne veuille pas abandonner son exclusivité, mais l’on est engagé sur un chemin qui n’est plus démocratique et qui n’est plus justifiable», argumente-t-elle.
La liste des travailleurs du secteur public syndiqués à l’OGBL est longue : fonctionnaires et employés de l’État, agents des CFL, agents des services publics communaux, salariés de l’État et salariés des établissements publics et conventionnés dans les secteurs de la santé, des services sociaux et éducatifs. «Or toutes ces personnes ne sont pas représentées par la CGFP, qui regroupe exclusivement des fonctionnaires et employés de l’Etat, alors que l’OGBL est majoritaire dans la grande majorité des secteurs concernés», met en avant un communiqué.
Confrontés à une «attaque inédite» du gouvernement, l’OGBL et le LCGB forment une alliance «forte et très dynamique» avec la CGFP. Cela concerne en premier lieu le dossier des conventions collectives, mais aussi les pensions. La CGFP restera un allié, au moins sur ce dernier point.
«La ministre Deprez est
le mauvais interlocuteur»
Les discussions engagées sur la viabilité à long terme du système des retraites vont-elles également concerner les pensions du secteur public? Lors d’une entrevue le 22 octobre avec le Premier ministre, Luc Frieden, et le ministre de la Fonction publique, Serge Wilmes, la CGFP n’a pas obtenu de réponse claire à sa question. Le chef du gouvernement a tout simplement renvoyé vers les consultations entamées par la ministre de la Sécurité sociale, Martine Deprez. La CGFP figure parmi les acteurs invités à participer au processus.
Le syndicat martèle que les pensions du secteur public ne tombent «nullement dans le domaine de compétence» de la ministre. Par conséquent, Martine Deprez serait, en cas de volonté de réforme, «le mauvais interlocuteur» pour la CGFP.