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Prix de l’électricité : la grande majorité peut souffler


Le mot d’ordre reste d’étaler davantage l’utilisation des appareils électriques sur la journée, en évitant les pics de consommation en tout début d’après-midi et en soirée. (Photo : archives lq/julien garroy)

La nouvelle structure tarifaire pour l’utilisation du réseau d’électricité ne devrait générer aucun coût supplémentaire pour 80 % des ménages. Au pire, un surcoût de 200 à 300 euros par an est possible.

Le ministre de l’Économie, Lex Delles, qui est également en charge de l’Énergie, doit l’admettre : «Il est vrai qu’il y a beaucoup de discussions autour de cette nouvelle tarification.» Mardi dernier, devant la Chambre des députés, il est cependant resté muet sur l’impact financier qu’aura la nouvelle structure tarifaire sur les consommateurs. Un brin plus précise est sa réponse à une question parlementaire de Joëlle Welfring (déi gréng), où le ministre souligne, avec Elisabeth Margue, la ministre déléguée en charge des Médias et de la Connectivité, qu’«une majorité de consommateurs bénéficieront même de coûts moins élevés».

En attendant que l’Institut luxembourgeois de régulation (ILR) ait finalisé sa grille tarifaire pour 2025, il reste compliqué d’avancer des chiffres plus précis. Ces derniers jours, différents acteurs ont cependant livré des estimations. Lundi, le directeur du fournisseur d’électricité Encevo, Claude Seywert, a ainsi avancé sur RTL Radio que 80 % des consommateurs ne ressentiront aucun changement par rapport à la situation actuelle. À la mi-octobre, le directeur de l’ILR, Luc Tapella, avait déjà fait remarquer que «pour la plupart (des consommateurs), il n’y aura aucun changement sur le coup, ils ne vont même pas le remarquer sur la première année».

Étaler sa consommation ou payer plus cher

Le mot d’ordre reste cependant d’étaler davantage l’utilisation des appareils électriques sur la journée, en évitant les pics de consommation entre 12 h et 14 h et en soirée, entre 17 h et 21 h. Pas question de céder pour autant à la panique, comme le font remarquer les ministres Delles et Margue : «Il est important de noter qu’un dépassement régulier de la puissance de référence est tout à fait normal, et qu’il n’est donc pas nécessaire d’éviter ces dépassements à tout prix. Par conséquent, aucune mesure particulière n’est requise pour la grande majorité des ménages.»

Les clients qui ne respectent pas la consigne de se montrer plus responsable dans leur consommation risquent bien un surcoût. Toujours sur RTL, le directeur de la Klima-Agence, Fenn Faber, a avancé que l’utilisation simultanée d’appareils à forte consommation d’électricité (machine à laver, sèche-linge, borne de recharge, etc.) pourrait se solder par un surcoût situé dans une fourchette maximale comprise entre 200 et 300 euros par an. Cet ordre de grandeur reste à affiner.

À la base, les clients seront classés dans une catégorie de consommateurs d’électricité, en fonction de leur consommation de l’année précédente. Ils se verront donc attribuer un certain niveau de puissance de référence qui servira à établir les frais fixes par an. Et c’est là que la nouvelle structure entre en jeu. Si sa consommation d’électricité dépasse ce niveau, l’utilisateur devra payer le supplément.

«En cas de changement de consommation (par exemple, l’installation d’une pompe à chaleur), le client peut contacter son gestionnaire de réseau pour garantir que la puissance de référence attribuée soit toujours optimale pour sa nouvelle situation», précisent les ministres. Ils renvoient aussi vers des réflexions qui sont en cours «pour renforcer le cadre qui permet le développement de solutions permettant aux clients d’optimiser leur comportement de manière automatisée. Ces solutions incluent les batteries de stockage et des systèmes intelligents qui permettent d’interconnecter plusieurs appareils à forte consommation avec des installations photovoltaïques et des batteries.»

Les doutes de déi gréng

«Nous regrettons d’en savoir aussi peu sur cet important changement pour notre sécurité d’approvisionnement. Surtout, les personnes qui ont investi dans l’énergie renouvelable pourraient être pénalisées», met en garde Joëlle Welfring. Lors de son intervention à la Chambre, l’ancienne ministre de l’Environnement a en outre estimé que la façon d’agir «risque de donner un mauvais signal, d’autant plus que le prix brut pour l’électricité va déjà augmenter de 30 % en 2025». (lire également ci-contre).

La députée de déi gréng a encore souligné que les ménages ne consomment que 20 % de l’électricité. Il aurait donc été préférable de cibler d’abord les grands consommateurs, avant de mettre davantage à contribution les clients privés.

Levée partielle du bouclier étatique : un surcoût annuel de 270 euros?

Selon un premier calcul effectué en juin par la Chambre des salariés (CSL), le prix de l’électricité pour un ménage avec une consommation moyenne de 4 191 kWh pourrait augmenter de 270 euros en 2025. Cette estimation prend en compte le maintien du bouclier étatique, limitant la hausse prévue de 60 % du prix de l’électricité à 30 %. Par contre, la CSL ne pouvait pas encore tenir compte de la nouvelle tarification pour l’utilisation du réseau, annoncée à la mi-octobre.

Interrogé lundi par nos confrères de RTL Radio, le directeur du fournisseur d’électricité Encevo, Claude Seywert, a estimé que la facture pour un ménage moyen pourrait augmenter de 250 à 300 euros en 2025. Ce même ménage doit débourser cette année 850 euros. Sans le plafond étatique en vigueur, la facture serait de 1 440 euros.