L’immobilier luxembourgeois, en souffrance ces dernières années, tente de remonter la pente, notamment avec la création d’un site web dédié aux primo-accédants. Jean-Paul Scheuren, le président de la Chambre immobilière, retrace les difficultés du secteur.
Une profession «qui a fait le dos rond». Voilà comment Jean-Paul Scheuren, le président de la Chambre immobilière de Luxembourg, résume les trois dernières années subies par le secteur dans le pays.
Entre la crise ukrainienne, l’inflation et la hausse des taux d’intérêt, l’immobilier a subi un «choc» et une véritable «chute» de son activité, qui ont obligé les professionnels du secteur à s’adapter. Il revient sur cette période et analyse la situation actuelle du marché et ses évolutions futures au Luxembourg.
Comment résumeriez-vous ces trois dernières années pour le secteur immobilier luxembourgeois?
Jean-Paul Scheuren : Nous avions jusque-là un maintien de notre activité à un haut niveau au Luxembourg. Puis, nous avons eu la crise sanitaire, la guerre en Ukraine, l’inflation, notamment sur les prix de l’énergie, et une hausse des taux d’intérêt.
Mis bout à bout, tous ces événements ont créé une chute de notre activité, spécifiquement dans le neuf et le bien existant, mais aussi un véritable choc pour les clients, qui ont vu leur capacité d’emprunt réduite et ont subi une vraie perte de confiance dans le secteur.
C’est ce qu’il se passe encore actuellement? Une vraie perte de confiance des investisseurs, des clients?
Oui, complètement. C’est ce qu’on vit aujourd’hui et ce qu’on a vécu ces dernières années. Au-delà de la confiance du client, les crises ont aussi conduit à un manque de travail dans l’artisanat, entraînant de facto une hausse des loyers pour les locations, puisque nous ne pouvions plus créer de logements neufs.
Bien que nous assistions depuis quelques mois à une reprise lente, nous devons encore fournir des efforts. Tout le monde s’est habitué à cette situation, mais c’est à nous, à présent, de redonner confiance aux clients.
Quelles sont les craintes actuelles des investisseurs?
Ce sont surtout les délais non respectés qui inquiètent le plus. La crainte aussi de voir le promoteur choisi faire faillite (NDLR : plus de 102 entreprises de construction ont été déclarées en faillite au premier trimestre 2024, selon le Statec). Il faut trouver de bonnes sociétés avec lesquelles travailler. Beaucoup d’investisseurs préfèrent se mettre en attente, mais ce n’est pas la bonne solution.
Vous dites que c’est maintenant qu’il faut investir dans l’immobilier au Luxembourg?
Oui! La situation est vraiment propice pour l’acquéreur actuellement. Le gouvernement a voté tout un paquet de mesures en juin dernier pour aider le secteur et justement permettre une reprise de l’activité. Il ne faut pas hésiter et faire la demande.
Attendre ne sert à rien. Certaines mesures ne seront plus en place l’an prochain, c’est maintenant qu’il faut prendre son courage à deux mains et se lancer.
Ce message est-il entendu?
Les clients et les demandes sont là, oui. Le monde est de retour. Mais pas les actes notariés. Aujourd’hui, nous manquons encore de signatures, malheureusement. C’est pour cela que nous avons créé le site aides.lu, qui est disponible depuis ce mardi 29 octobre. Pour aider les primo-accédants à investir et leur redonner confiance.
Quelles sont les priorités du secteur pour les mois à venir?
Il nous faut informer le mieux possible, être transparent. Que ce soit pour les garanties d’achèvement, ce qui est compris dans les prix ou au niveau des délais. L’État ne peut pas gérer tout seul, c’est à nous, les sociétés concernées, de faire un pas en avant aussi.
Il faut donner un maximum d’éléments qualitatifs pour le client et permettre les investissements. C’est ce à quoi nous allons nous atteler ces prochains mois.