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En grandissant

Au début de ce siècle, le Premier ministre Jean-Claude Juncker avait avancé le chiffre de 700 000 habitants au Grand-Duché pour l’année 2050. Certains avaient souri. Nous y sommes presque. Selon les données du Statec publiées lundi, le pays abritait, au 1er janvier 2024, 672 050 habitants. Oui, le Luxembourg aime prendre de l’avance même quand il s’agit de démographie. En 2050, les 900 000 habitants devraient être atteints, le million dépassé une décennie plus tard. En 1992, le Grand-Duché comptait 390 000 habitants… Que de chemin parcouru.

Évidemment, c’est particulièrement grâce à l’immigration que cette augmentation de la population a pu être réalisée et qu’elle a pu accompagner le développement économique du pays. Aujourd’hui, un peu moins de la moitié de la population n’a pas la nationalité luxembourgeoise. Et cette part augmentera encore au cours des prochaines années. Rien ne semble pouvoir freiner ce dynamisme démographique, même si nous vivons actuellement une crise, finalement toute logique, du logement. Les gouvernements successifs ont tout fait pour accélérer cet afflux de population et ont tous couru derrière l’adaptation du territoire à cette venue massive de nouvelles familles, de nouveaux travailleurs. Ce sera encore le cas pendant quelques décennies, car personne ne songe à limiter le développement des places de travail ou à réfréner une économie florissante qui a toujours et encore besoin de bras.

La question est de savoir quelles sont les limites de ce territoire grand-ducal, qui a déjà énormément changé depuis le début du XXIe siècle. Jusqu’où pouvons-nous aller pour appuyer ce développement à la fois économique et démographique? Le Luxembourg a déjà connu des phases de développement rapide. Il suffit de se remémorer l’épopée industrielle et de voir comment le bassin minier, notamment, a été transfiguré. Mais le pays semble avoir changé de division concernant l’intensité et la durée de ce changement entamé il y a une trentaine d’années seulement. Ce modèle est-il soutenable à terme? Quel visage aura le pays dans trente ans? Et dans cinquante ans? Il faudra juste faire attention que le Grand-Duché ne perde pas son âme.