Le Conseil national des finances publiques (CNFP) ne cache pas que ses plus récentes projections sur l’évolution du ratio entre dépenses et recettes de l’État sont à relativiser. À l’horizon 2070, et à politique constante, la dette publique risquerait d’exploser à 223 % du Produit intérieur brut (PIB). En d’autres termes, le Luxembourg se trouverait en faillite virtuelle. À titre de comparaison, la dette publique de la Grèce se situait fin mars à 159,8 % du PIB, suivie de l’Italie (137,7 %), de la France (110,8 % du PIB), de l’Espagne (108,9 %), de la Belgique (108,2 %) et du Portugal (100,4 %). Tous dépassent très largement le seuil maximal autorisé de 60 % fixé par l’UE.
Avec son taux de 27,5 %, le dernier chiffre en date, le Grand-Duché se situe parmi les meilleurs élèves de la classe. La Bulgarie (22,6 %) et l’Estonie (23,6 %) font encore mieux. La moyenne de la dette publique dans l’UE se chiffrait d’ailleurs à 82,5 % du PIB. À l’horizon 2028, le ministre des Finances, Gilles Roth, veut avoir ramené la dette publique du Luxembourg à 26 %, grâce notamment à une réduction progressive du déficit dans le budget de l’État. ,
Les perspectives financières de notre pays sont donc plutôt rassurantes. Il ne s’agit cependant pas d’une raison pour ne pas se consacrer aux projections du CNFP. S’il faut retirer un élément plus concret de l’analyse publiée jeudi c’est le lourd impact qu’aura la population vieillissante sur les finances publiques. Les dépenses liées aux pensions ainsi qu’aux soins de santé et aux soins de longue durée pourraient passer de 15,7 % du PIB en 2022 à 24,9 % du PIB en 2070. Un premier indicateur inquiétant est le déficit qui s’annonce dans la sécurité sociale. D’un solde positif de 937 millions d’euros en 2024, on passerait à un résultat négatif de 15 millions d’euros en 2028. Le gouvernement voit aussi l’urgence d’agir sur la soutenabilité des pensions, en dépit de projections à long terme remises en question par le camp syndical.
Le déséquilibre qui s’annonce nécessitera des ajustements… équilibrés. Dans cet ordre d’idées, le dialogue social abîmé depuis quelques semaines devra être rétabli en évitant des affronts inutiles, provoqués par une communication gouvernementale trop hasardeuse.