Selon le ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden, la France se limitera, à partir du 1er novembre, à des contrôles ponctuels sur les routes secondaires de la région transfrontalière.
Il y a une semaine, le gouvernement français a notifié à la Commission européenne son intention de renforcer les contrôles à ses frontières extérieures, entre le 1er novembre prochain et la fin avril 2025. Comme pour l’Allemagne, l’argument sécuritaire est mis en avant pour motiver la mesure, contraire au principe de la libre circulation à l’intérieur de l’espace Schengen. Des contrôles ponctuels sont toutefois prévus par les traités européens.
Le trafic frontalier depuis et vers le Luxembourg n’échappera pas aux filtrages à venir. Mardi, devant la Chambre des députés, le ministre des Affaires intérieures a cependant pu préciser que les contrôles à venir ne seront pas effectués sur les grands axes tels que l’autoroute A31. «Les contrôles se feront de manière ponctuelle sur les routes secondaires», informe Léon Gloden. Le dispositif serait le même que celui qui était d’application pendant les Jeux olympiques de Paris. «Je n’ai pas connaissance de réclamations particulières sur des perturbations du trafic survenus à cette période», ajoute le ministre.
Un accord bilatéral conclu avec la France permet également des contrôles ponctuels dans les trains qui passent la frontière, notamment pour lutter contre la criminalité liée aux stupéfiants et à l’immigration dite illégale.
Le gouvernement luxembourgeois a été informé dès le 13 octobre des plans de la France. En marge du dernier Conseil des ministres européens de l’Intérieur, Léon Gloden a interpellé son nouvel homologue français, Bruno Retailleau. «Il s’est dit conscient de la situation particulière du Luxembourg.» Des échanges au niveau des hauts fonctionnaires ont également eu lieu, sans oublier l’intervention du Premier ministre, Luc Frieden, auprès du président français, Emmanuel Macron (lire ci-contre). «Encore cette semaine, je vais reprendre contact avec mon homologue français», complète Léon Gloden.
Un impact négatif sur l’économie?
«J’ai cru comprendre que le ministre prend la situation un peu à la légère. La situation (du trafic) n’est pas la même que pendant les Jeux olympiques», fait remarquer le député Meris Sehovic (déi gréng). Il déplore, au même titre que Gusty Graas (DP), la menace qui pèse sur l’espace Schengen. «La libre circulation est un droit fondamental et une valeur fondamentale qui sont toujours plus remis en question», déplore l’élu eschois.
«Les contrôles peuvent créer des problèmes pour notre économie. Ce sont 125 000 frontaliers français qui contribuent au bon fonctionnement de notre pays. Je pense tout particulièrement au secteur hospitalier», souligne Gusty Graas. Le syndicat LCGB tient un discours similaire .
Le député libéral termine en se demandant si la Belgique, après l’Allemagne et la France, ne va pas à son tour introduire des contrôles. «Je ne veux pas dire que ce serait néfaste pour le Luxembourg, mais cela n’augurerait rien de bon.»
Léon Gloden est sur la même ligne. «En tant que ministre des Affaires intérieures et en tant que citoyen européen, il m’importe beaucoup que Schengen reste en vie. Le Luxembourg est opposé à des contrôles aux frontières intérieures de l’UE. Par contre, les contrôles aux frontières extérieures doivent être renforcés à l’avenir», développe-t-il.
Pour rappel, la France invoque «de graves menaces à l’ordre public et à la sécurité intérieure posées par les activités terroristes de haut niveau» pour justifier l’introduction de contrôles aux frontières avec le Luxembourg, la Belgique, l’Allemagne, la Suisse, l’Espagne et l’Italie. La décision est également motivée par un phénomène d’«immigration illégale» dont notre voisin serait victime.
«Plus de compréhension de la part de Macron que de Scholz»
Le Premier ministre, Luc Frieden, a réagi en marge du sommet européen, qui s’est tenu jeudi dernier à Bruxelles, sur les contrôles aux frontières allemandes et françaises. Il dit avoir interpellé directement Emmanuel Macron et Olaf Scholz pour manifester le mécontentement du Luxembourg. «Je leur ai dit clairement qu’il ne s’agit pas d’une bonne idée. J’ai ressenti plus de compréhension de la part du président français que du chancelier allemand sur cette question», confie le chef du gouvernement.
Luc Frieden ajoute qu’il n’est pas «de manière générale contre les contrôles si cela concerne l’immigration illégale». «L’idée de le faire aux frontières intérieures n’est ni efficace ni la bonne solution. Ces contrôles punissent les personnes qui vont travailler, qui déposent leurs enfants à la crèche ou qui veulent rendre visite à des proches.»
Le Premier ministre promet de «suivre de près la situation dans les semaines et mois à venir», avec son ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden.