Il se confirme que Vladimir Poutine ne compte pas s’arrêter à l’Ukraine dans sa reconquête de pays qui regardent vers l’Union européenne au lieu d’engager une alliance avec le Kremlin pour recréer une forme d’Union soviétique. Il suffit de regarder vers la Moldavie et la Géorgie. Dans les deux pays, des troupes russes occupent déjà une partie du territoire, officiellement en soutien à des mouvances séparatistes. En parallèle, les ingérences politiques se multiplient.
Selon toute vraisemblance, la très courte victoire du «oui» lors du référendum moldave sur l’adhésion à l’UE est le résultat d’une campagne de désinformation et de l’achat massif de voix visant jusqu’à un quart des électeurs attendus aux urnes. «Des groupes criminels, agissant de concert avec des forces étrangères hostiles à nos intérêts nationaux, ont attaqué notre pays à coups de dizaines de millions d’euros, de mensonges et de propagande pour plonger notre pays dans l’incertitude et l’instabilité», s’est indignée la présidente Maia Sandu. Si elle n’a pas cité la Russie, le Kremlin s’est pourtant senti obligé d’exiger des «preuves» concernant ces «graves accusations», tout en dénonçant des «anomalies» dans le comptage des voix.
La présidente pro-européenne ne peut pas encore souffler. Le 3 novembre, Maia Sandu, créditée de 42 % des suffrages au premier tour, sera opposée au candidat prorusse Alexandr Stoianoglo (26 %) pour décrocher un second mandat. Sa victoire n’est pas encore assurée. Un échec risquerait d’enterrer le rêve de la Moldavie d’intégrer l’UE.
L’enjeu est identique en Géorgie. Les élections législatives du 26 octobre vont prendre des allures de référendum sur l’Europe. Depuis quelques mois, le gouvernement sortant ne cache plus sa proximité avec la Russie. En réaction, la Commission européenne a été forcée de décréter un gel des négociations, à peine lancées, sur l’adhésion du pays caucasien à l’UE. Quelque 80 % de Géorgiens se disent favorables au fait de rejoindre la famille européenne. Le résultat dans les urnes doit venir confirmer cet important soutien.
Le destin européen des deux États se trouve in fine entre les mains des électeurs moldaves et géorgiens. La démocratie doit vaincre sur les tentatives russes de saper l’intégrité de ces scrutins.