Accueil | A la Une | La CGFP défend bec et ongles le dialogue social

La CGFP défend bec et ongles le dialogue social


Le secrétaire général et membre du comité exécutif de la CGFP, Romain Wolff, a rencontré le Premier ministre alors que les rapports entre le gouvernement et les syndicats se tendent.   (Photo : julien garroy)

Le syndicat de la fonction publique avait rendez-vous avec Luc Frieden, mardi. L’occasion de mettre sur le tapis l’importance du dialogue social.

Le comité exécutif de la Confédération générale de la fonction publique (CGFP) a rencontré hier le Premier ministre, Luc Frieden. Alors que les tensions sont vives entre le gouvernement (et notamment le ministre du Travail, Georges Mischo) et les syndicats, l’entrevue, demandée par la CGFP, a été placée sous le signe de la pédagogie. Le ministre de la Fonction publique, Serge Wilmes, était présent et a pu entendre les doléances et surtout la mise au point des syndicalistes. Au menu du jour de la réunion : «la détérioration croissante du dialogue social et les récentes tentatives d’affaiblir l’influence des syndicats».

Petit rappel. Les membres de la CGFP avaient claqué la porte d’une rencontre avec le ministre du Travail, Georges Mischo, le 8 octobre. OGBL et LCGB avaient fait de même ce jour-là. Le sujet des conventions collectives était à l’ordre du jour. Alors que seuls 53 % des salariés sont couverts dans le pays, le ministre avait évoqué la possibilité que les salariés puissent négocier et signer des conventions collectives sans forcément l’encadrement des syndicats.

On imagine le pouvoir de négociation de ces salariés face à leur patron sans le poids des syndicats… Avec comme résultat des conventions collectives faibles et une dégradation des conditions de travail. La logique, et surtout la méthode gouvernementale, a fait bondir CGFP, OGBL et LCGB. Ils en ont profité pour partir de cette réunion, furieux. Depuis, la tension est vive avec les partenaires sociaux alors que se profile un débat sur la réforme des retraites qui s’annonce explosif.

Conciliation, règles du jeu…

La CGFP n’a pas entamé de bras de fer avec le gouvernement depuis ce mois d’octobre. Une longue bataille avait eu lieu pour éviter une réintroduction d’un système généralisé d’appréciation dans une administration de l’État. Tout semblait rentrer dans l’ordre à la fin de l’été. Mais, fin septembre, le syndicat a dénoncé une (nouvelle) possible «attaque frontale» contre le dialogue social lors de sa traditionnelle rentrée. En cause : un conflit qui s’annonçait autour d’une possible restriction du droit du camp syndical à engager une procédure de conciliation en cas de blocage de négociations avec les ministères de tutelle. «Chaque entité de l’administration publique doit conserver la possibilité de ramener son opposant à la table des négociations pour tenter de résoudre le conflit avec la participation d’un médiateur», avait alors souligné la CGFP dans un communiqué. La médiation est «un droit fondamental qui appartient à tous les fonctionnaires», avait précisé le syndicat. Et pas besoin de menacer d’une grève pour cela.

Le modèle de dialogue social luxembourgeois a fait ses preuves, selon la CGFP, qui dit avoir reçu mandat de ses membres à la rentrée pour le protéger, le préserver. C’est ce que la confédération compte bien faire. Elle l’a précisé au Premier ministre et au ministre de la Fonction publique. La CGFP a clairement indiqué qu’il était «inacceptable» que des professions entières de la fonction publique se voient refuser une conciliation, c’est-à-dire l’accès au comité d’arbitrage et à la médiation après l’échec des négociations.

Les personnes concernées se retrouvent dans l’impossibilité de se défendre et de faire valoir leurs droits de façon légitime. Cela n’aide pas non plus à un bon fonctionnement des services pour le public. Pourtant, rappelle la CGFP, un instrument a été créé en 1979 pour justement pacifier les conflits et permettre un arbitrage afin d’éviter des situations bloquées et trouver une solution sensée. Bref, une continuité dans le dialogue social qui semble maintenant remise en cause. Luc Frieden et Serge Wilmes ont indiqué qu’il s’occuperait de ce dossier, a ajouté le syndicat.

La CGFP a rappelé également qu’elle était solidaire avec les syndicats actifs dans le secteur privé contre toute dégradation du système général des retraites. La CGFP devrait entamer de nouvelles négociations salariales avec le gouvernement avant la fin de l’année. La liste d’exigences correspondante du CGFP est en cours d’élaboration et sera soumise au gouvernement prochainement.