Premiers représentants du Luxembourg au 2e tour de la Youth League, les U19 niederkornois accueillent ce mercredi soir au match aller une référence continentale de leur catégorie, Midtjylland.
Thomas Gilgemann le confesse : dans son discours précédant le tout premier match de l’histoire du Progrès en Youth League, le 18 septembre à Torshavn (îles Féroé), il a «versé quelques larmes». Mais malgré la présence dans le vestiaire des U19 niederkornois de son fils Milan, futur buteur à l’aller (1-2) et au retour (3-0) face aux Féroïens, c’était plus le président de club que le père de famille qui vacillait.
Car il y avait aussi en face de lui une tripotée de gamins nés entre 2005 et 2007 (voire 2008, pour le gardien Salvador Pacheco, ou 2009, pour Marek Thill) qui ont débuté le football «à six-sept ans» sous son mandat et ont progressé et gravi ensemble les échelons. Jusqu’à offrir au Progrès son premier sacre national dans une catégorie où il ne possédait encore aucune équipe «il y a sept ans», puis sa première participation à cette Ligue des champions des moins de 19 ans.
Pas mal, pour des garçons «qui jouaient toujours en 3e ou 4e classe en jeunes, s’émeut Thomas Gilgemann, et dont tout le monde disait qu’ils n’étaient pas bons». Leur tirage était certes plus favorable que ceux du RFCU (AIK Solna) en 2022/2023 ou du F91 (Sparta Prague) en 2017/2018, mais l’histoire retiendra que ce sont ces mêmes garçons jadis décriés qui ont offert au Luxembourg sa première victoire dans la compétition, puis sa première présence au 2e tour de cette Youth League, où l’attend une double confrontation face aux Danois de Midtjylland, ce soir et le mardi 5 novembre.
«On parle d’une équipe qui a déjà atteint le top 8»
La revanche est belle, mais la pente, désormais, s’élève très fort : en six participations, Midtjylland a disputé deux huitièmes de finale (éliminé par Barcelone en 2016 et Benfica en 2022), deux quarts (sorti successivement par Porto et l’Ajax Amsterdam en 2019 et 2020), et a toujours au moins atteint les barrages (l’équivalent du 3e tour) d’accession à la phase finale où les équipes issues de la Voie des champions (comme le Progrès) et de la Voie de la Ligue des champions (calquée sur la véritable C1). C’est à ce stade de l’épreuve que son aventure s’est arrêtée l’an passé, aux tirs au but, contre Leipzig.
En d’autres termes, les Louveteaux (les joueurs de Midtjylland sont surnommés les Loups) sont habitués à ferrailler avec ce qui se fait de mieux en Europe. «Midtjylland, c’est quand même quelque chose, résume Thomas Gilgemann. C’est un ogre du foot européen dans la catégorie U19. On parle d’une équipe qui a déjà atteint le top 8 continental, malgré la présence des clubs anglais, allemands, italiens, espagnols… C’est peut-être un nom moins ronflant que le Barça, mais footballistiquement, ce n’est pas moins fort chez les jeunes.»
«Un sacré supplément d’âme»
Signe de la différence de standing entre les deux clubs, adversaires en Conference League à l’été 2023 chez les seniors (pour une qualification danoise à l’arraché, 2-0 puis 2-1 après prolongations), ceux du Progrès, de jeunes, sont, eux, déjà «contents de venir au stade avec le même jogging, d’avoir une collation d’avant-match», bref d’être traités comme des grands et mis «dans les meilleures conditions» avant cette manche aller.
«Même s’il faudra un sacré supplément d’âme, je leur dis de se nourrir de ça pour créer un nouvel exploit», confie le président niederkornois. Et Dieu sait s’il «serait d’envergure», face à cet adversaire doté d’un budget vingt fois supérieur (50 millions d’euros, contre 2,5) et dont plusieurs joueurs éligibles à la Youth League évoluent déjà fréquemment en D1 danoise.