Ambiance militante ce matin, au Lycée technique du centre de Luxembourg. Atmosphère de recueillement aussi, quand il a s’agit d’allumer des bougies en faveur de prisonniers du monde entier.
Un geste qui paraît dérisoire mais qui est chargé de sens dans ce lycée. Depuis deux ans, une poignée d’élèves se rencontrent tous les mercredis pour militer aux côté d’associations comme Amnesty international, en faveur des droits de l’Homme. «La campagne des bougies se déroule chaque année, explique Stan Brabant, le président d’Amnesty Luxembourg.
Pour 2015, le thème de la violence contre les jeunes collait parfaitement avec l’action des lycéens.» Chaque élève a lu le témoignage d’un jeune détenu à l’autre bout du monde. Des ados, comme eux, sauf qu’ils n’ont pas eu la chance de naitre dans un pays démocratique. Ainsi de Fred Bauma et Yves Makwambala, deux jeunes congolais arrêtés de façon arbitraire en mars 2015, pour avoir participé à un meeting de l’association Filimbi, mouvement pacifique dans le viseur de Kabila.
Ou encore de Phyoe-Phyoe Aung, enfermée arrêtée lors d’une manifestation étudiante en Birmanie en janvier 2015, en faveur de la liberté d’expression. Ou enfin de Saman Naseem, Kurde-iranien condamné à mort à 17 ans après une fusillade qui avait éclatée en 2013, dans le nord du pays…
Amnesty demande un procès équitable, en lieu et place des aveux obtenus sous torture par pendaison par les pieds. «Nous suivons ces cas toute l’année, explique une élève, il ne s’agit pas que d’une action ponctuelle.» Le militantisme des lycéens est basé sur l’écriture de courriers aux gouvernements, le relai d’informations et le soutien moral aux détenus.
Un travail de fonds qui porte ces fruits : il y a quelques mois, les élèves du lycée du Centre ont même reçu la visite de Claudia Medina, une mexicaine torturée par l’armée dans le cadre de la guerre des gangs, puis libérée sous la pression médiatique.
Les jeunes luxembourgeois avaient été particulièrement actifs sur ce dossier. «Ce genre de remerciement nous incite à continuer, expliquent les élèves. Derrière nos actions, il y a du concret !» Trois autres établissement luxembourgeois comportent aussi un club de réflexion humaniste : le lycée classique de Diekirch, l’école européenne et l’école internationale de Luxembourg. À une époque où le militantisme 2.0 se limite à un like sur Facebook, eux ont choisi de s’impliquer avec toute l’énergie de leur jeunesse. Le symbole de la bougie leur va si bien : «Allumez une bougie dans l’obscurité, soyez cette bougie, sachez que vous êtes une flamme dans le noir.» (Ivan Illich)
Hubert Gamelon