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«Le frontalier au chômage, ce n’est pas le Club Med»


Arsène Schmitt, président du comité de défense des travailleurs frontaliers de Moselle, réagit aux déclarations de l’Unédic. (Photo : Aurélie Klein)

Les comités de défense des travailleurs frontaliers de Moselle et au Luxembourg réagissent aux déclarations de l’Unédic. L’organisme, gestionnaire de l’assurance chômage, a dénoncé le «surcoût» induit par l’indemnisation des travailleurs frontaliers.

L’Unédic, le gestionnaire de l’assurance chômage, a dénoncé «le surcoût (803 millions d’euros en 2023)» induit par l’indemnisation des travailleurs frontaliers et réclame une renégociation des accords avec les pays voisins.

La réaction d’Arsène Schmitt et de Philippe Manenti, présidents des comités de défense des travailleurs frontaliers de Moselle et au Luxembourg, ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué commun, ils reviennent sur leur combat pour que les travailleurs frontaliers restent indemnisés par leur pays de résidence, la France.

«En 2017, la Commission européenne voulait changer le règlement, qui coordonne les systèmes de Sécurité sociale des pays de l’Union européenne, retrace Arsène Schmitt. Pour éviter la problématique des remboursements entre États, elle souhaitait que les travailleurs frontaliers soient indemnisés par le pays d’activité», où étaient versées les cotisations chômage. «On est monté sur les barricades ! Il a toujours été dit, et c’est stipulé dans les règlements communautaires que le centre d’intérêt des travailleurs frontaliers est le pays de résidence.»

«L’Unédic revient à la charge»

Les comités avaient multiplié les interventions à Bruxelles, Paris, Strasbourg, Bonn… devant la Commission européenne, les ministères du Travail et des Affaires européennes, le Parlement européen, pointant les conséquences de ce projet sur les frontaliers au chômage. Ils auraient dû s’inscrire dans les agences pour l’emploi d’Allemagne et du Luxembourg, en cas de litige, saisir les tribunaux étrangers.

«Les formations, reconversions auraient été quasi impossibles du fait de la barrière de la langue. En fin de carrière, les travailleurs âgés seraient tombés dans la misère et n’auraient plus de maintien des droits jusqu’à l’obtention de la retraite.»

Le projet n’a pas abouti, une dizaine de pays ayant voté contre au Conseil de l’Europe. «Depuis, c’est le statu quo, poursuit Arsène Schmitt. Mais maintenant l’Unédic revient à la charge.»

«Première entreprise à l’exportation»

Les comités fustigent les arguments soulevés par l’Unédic. «Le travail frontalier est la première entreprise à l’exportation qui ramène grosso modo 7 milliards d’euros de “devises” à la France et fait vivre les zones frontalières. Les 800 M€ ne pèsent pas lourd dans la balance…»

Bernard Hurreau, secrétaire général du comité de défense de Moselle, s’indigne des déclarations de Jean-Eudes Tesson, président de l’Unédic. «Le frontalier au chômage, ce n’est pas le Club Med ! En stigmatisant et en déclarant que l’assurance chômage, ce n’est pas pour verser des rentes, on reproche aux frontaliers sans emploi de vivre de l’assurance chômage au lieu de rechercher activement un emploi ! Qui peut croire qu’ils sont exonérés de recherche par France Travail ?»

Pour les comités, les États doivent se mettre d’accord sur les compensations financières à verser et leur durée «et ne pas mettre en évidence qu’on coûte du pognon à l’État !, s’étrangle Arsène Schmitt. Ce n’est pas aux travailleurs frontaliers de subir les conséquences d’une éventuelle réforme.»

Aurélie Klein
(Le Républicain Lorrain)