Le Luxembourg transpose la directive relative aux salaires minimaux adéquats. Les syndicats ont quitté une réunion avec Georges Mischo, indignés par ses méthodes et ses propositions.
Décidément, les relations entre le ministre du Travail, Georges Mischo (CSV), et les syndicats ne s’améliorent pas. Après la polémique créée autour des congés collectifs dans le secteur du bâtiment, que le ministre avait jugés obsolètes, ce sont les conventions collectives de travail (CCT) qui sont au centre d’un gros désaccord avec les syndicats. Hier, l’OGBL, le LCGB et la CGFP se sont levés comme un seul homme et ont quitté une réunion du Comité permanent du travail et de l’emploi (CPTE) au ministère du Travail.
La rencontre avait pour objet le plan d’action national visant à transposer l’article 4 de la directive européenne qui prévoit qu’un salaire minimum adéquat doit être garanti dans chaque pays de l’Union. Une directive élaborée sous l’impulsion de Nicolas Schmit, encore commissaire à l’Emploi et aux Droits sociaux pour quelques semaines.
L’avant-projet présenté par Georges Mischo se concentre sur l’article 4, destiné à promouvoir la négociation collective. «La réunion du CPTE visait donc à promouvoir un dialogue constructif sur le sujet et à avancer ainsi dans le développement de mesures permettant de répondre aux exigences de la directive», souligne le ministère dans un communiqué. Pour les syndicats, le ministre Mischo a une notion très limitée du «dialogue constructif» et tend même à mépriser les centrales syndicales.
Selon le ministre, il faut tenir compte du fait que 56 % des délégués sont neutres, non affiliés à un syndicat, et il propose donc d’exclure dans ce cas les syndicats des négociations des conventions collectives.
Une façon de procéder «inacceptable»
Les trois syndicats s’en indignent et déclarent que, dans ces conditions, il n’est pas possible de garantir des rémunérations adéquates ou d’améliorer les conditions de vie et de travail des salariés qui ne sont pas couverts par une convention collective. La négociation de ces conventions «demeure une prérogative exclusive des syndicats, comme cela est d’ailleurs explicitement prévu par la directive ainsi que mentionné par l’OCDE et les conventions de l’Organisation internationale du travail», soulignent-ils.
Hier matin, Georges Mischo, a jugé que la prise de position des syndicats n’apportait à ses yeux «aucune plus-value», selon leur communiqué commun, et qu’il n’était là «que pour écouter les différentes positions», après quoi, «il prendrait ensuite seul une décision quelles que soient les positions défendues par les différentes parties au sein du CPTE».
Non seulement cette façon de procéder est «inacceptable» pour les syndicats, tant elle dédaigne le modèle luxembourgeois du dialogue social, mais, en outre, ils n’avaient encore jamais vu le CPTE réduit «à un simple forum de discussion», au regard des importantes décisions qui y ont été prises «dans le consensus entre partenaires sociaux».
Attaque frontale
En permettant à des salariés individuels ou à des délégués neutres, sans soutien syndical, de négocier et de signer seuls à l’avenir des conventions collectives, Georges Mischo fait fi de la législation actuelle en la matière et détourne l’esprit de la directive européenne, selon les syndicats, qui ne s’en remettent pas.
Cette position du ministre «constitue une attaque frontale contre le droit des salariés à se faire représenter par des syndicats représentatifs au niveau national, qui par leur force et leur indépendance sont le meilleur garant pour atteindre les objectifs visés». La directive prévoit notamment que les États membres doivent prendre les mesures nécessaires afin de garantir que dans chaque pays au moins 80 % des salariés puissent bénéficier d’une convention collective. «Avec 53 % de salariés couverts, le Luxembourg est actuellement loin de satisfaire cet objectif.»
Georges Mischo remet ainsi en cause «un des piliers les plus importants de la structure des salaires au Luxembourg, ce qui constitue évidemment une ligne rouge infranchissable pour nos organisations syndicales», préviennent les syndicats.
Le ministre du Travail, de son côté, exprime «son regret » face au départ anticipé des représentants syndicaux au cours des discussions. «Je prends note de la manière dont les échanges se déroulent et j’encourage un climat de confiance et de coopération pour aborder ensemble cette question d’une importance capitale», communique le ministre.
mais dites voir, aurait-on un ministre du travail ultra-libéral, qui passe à la sulfateuse tous les tabous locaux? LOL