Le Grand-Duc héritier se rapproche du trône

Le Prince Guillaume va être institué ce mardi après-midi comme lieutenant-représentant. Cette délégation de pouvoirs par le Grand-Duc Henri est une étape clé vers un changement de règne.

Le Grand-Duc Henri avait créé la surprise lors de la fête nationale, célébrée le 23 juin, en annonçant avoir décidé «de transmettre la lieutenance au Prince Guillaume en octobre». Trois mois plus tard, le grand jour est arrivé. Lors d’une cérémonie solennelle, d’abord au Palais grand-ducal et ensuite devant la Chambre des députés, le futur chef de l’État va hériter d’une série de pouvoirs par son père. Avec cet acte symbolique est engagé le processus de changement de règne.

Alors héritier, le Grand-Duc Henri est devenu lieutenant-représentant le 4 mars 1998, à l’âge de 43 ans. Le Prince Guillaume fêtera lui aussi son 43^e anniversaire le 11 novembre. Le souverain sortant et son successeur ont donc à peu près le même âge au moment d’entamer la dernière ligne droite avant l’accession au trône. Le Grand-Duc Jean a passé le 7 octobre 2000 la main à son fils, au bout d’une lieutenance de deux ans et demi. Combien de temps sera réservé au Grand-Duc héritier avant de prendre le relais?

Le Grand-Duc Henri ne cache plus avoir pris sa décision, mais refuse encore de la communiquer. Va-t-il abdiquer en automne 2025, à l’âge de 70 ans et au bout d’un quart de siècle de règne? «On verra. Chaque chose en son temps», affirme le souverain dans un podcast publié par la Cour grand-ducale. Le Prince Guillaume assure «connaître» la date, sans en dire plus. 

L’attention se portera à partir d’aujourd’hui sur le rôle du Grand-Duc héritier comme lieutenant-représentant. En signant un arrêté grand-ducal, le Grand-Duc Henri va conférer certains pouvoirs à son fils, qui va agir quasiment sur un pied d’égalité avec son père. Pas question cependant «d’avoir deux Grand-Ducs». «Cela est impossible. Donc je reste Grand-Duc et chef de l’État jusqu’à ce que le relais soit définitivement achevé», souligne le souverain. Une autre répartition des tâches va toutefois être mise en place.

Le podcast précité livre une première fois de plus amples détails sur les fonctions qui vont, à partir de ce 8 octobre, incomber au lieutenant-représentant. «Je pense que tout ce qui concerne les visites d’État et les grands évènements ici dans le pays et à l’international, je continuerai à les faire», avance le Grand-Duc Henri. Par contre, le Grand-Duc héritier Guillaume va «s’occuper à 100 %» des accréditations de nouveaux ambassadeurs étrangers. «Et puis, il signera également les arrêtés au nom du Grand-Duc», précise le souverain.

«Pour le reste, je pense que nous devons regarder point par point, jour après jour ou mois après mois, qui sera chargé des visites qui ont lieu ici au Luxembourg. Je veux vraiment donner beaucoup plus de responsabilités au Prince Guillaume, car je pense que je dois vraiment lever le pied», développe encore le Grand-Duc Henri.

«De mon point de vue, je trouve que le moment est bien choisi. (…) J’ai une solide expérience en tant qu’héritier et je me sens bien préparé», assure le Prince Guillaume. À 42 ans, on est encore jeune et on a beaucoup de nouvelles idées à réaliser. C’était donc l’idéal pour moi, et je remercie mon père de la confiance qu’il m’accorde.»

Il ne cache cependant pas que le moment est particulier : «Je suis stressé. Je sais depuis longtemps que ce moment allait arriver. Mais quand il arrive, c’est une tout autre affaire et je suis un peu nerveux.»

Pour la première fois, un lieutenant-représentant va prêter serment devant la Chambre des députés. «Il s’agit d’un acte constitutionnel important», souligne le président Claude Wiseler. La Constitution révisée, en vigueur depuis juillet 2023, prévoit que cet acte aura lieu dans la salle plénière du Parlement. «Je trouve cela juste et important», ajoute Claude Wiseler.