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Le pont de Beauregard de Thionville, lieu accidentogène ?


C’est à cet endroit, sur l’A31 en direction du Luxembourg, que s’est produit le terrible drame il y a quelques jours. (Photo Armand Flohr)

Le pont de Beauregard, qui enjambe la Moselle à Thionville, a été récemment le théâtre d’un sordide fait divers. Pour mémoire, un homme, qui avait chuté de la remorque d’un poids lourd où il était monté clandestinement pour rentrer chez lui à Hagondange, y est mort écrasé par plusieurs véhicules. Beaucoup dénoncent la dangerosité du lieu mais qu’en est-il réellement ?

À lire les nombreux commentaires publiés sur les réseaux sociaux, au lendemain du drame qui a coûté la vie à un trentenaire le 26 septembre au petit matin, chacun y va de son avis. Et plus particulièrement sur la dangerosité potentielle de ce tronçon de l’A31, au niveau du pont de Beauregard, où s’est noué le drame.

Certains pointent du doigt la présence des radars qui contraindrait les automobilistes, un peu distraits, à freiner brutalement par peur de la prune. D’autres dénoncent la configuration des lieux avec deux voies et des bretelles qui sont, parfois, difficiles à emprunter quand le trafic est trop dense. Mais qu’en est-il réellement ? Au-delà du ressenti lié à cet effroyable drame, quelques éléments d’analyse et chiffres, livrés par les CRS de l’A31 et la DIR-Est, permettent d’analyser la situation différemment.

«Ce secteur est soumis à un très fort flux de circulation pendulaire du fait des allers-retours vers le Luxembourg. Les accidents y sont, généralement, d’une gravité relative qui relève davantage de la tôle froissée», estime le major Laurent Jolly, adjoint du détachement autoroutier de l’A31 à Moulins-lès-Metz.

«Sur le secteur de Thionville, les accidents, essentiellement matériels, ont lieu principalement sur les trajets retour des frontaliers. Il n’y a pas un jour où l’on n’intervient pas sur la portion Terville-Yutz ! Les automobilistes roulent serrés, sont fatigués et parfois un peu pressés de rentrer.» À cela, on ajoute l’inattention du téléphone et le résultat est, hélas, imparable.

Circulation en accordéon

«Le matin, c’est davantage sur Mondelange, Illange ou Zoufftgen qu’ont lieu les accidents. Le secteur du pont de Beauregard reste très accidentogène, surtout en fin de journée, dans le laps de temps du retour des frontaliers, à savoir 17 h à 19 h. La circulation est en accordéon marquée par des accélérations, décélérations et ralentissements avec des gens moins attentifs, car fatigués par leur journée sans compter des motards qui slaloment entre les files.»

«On a, nécessairement, plus de risques d’accidents dans une circulation qui n’est pas fluide. Mais, en général, il ne s’agit pas d’accident grave, mais plus de trois ou quatre véhicules qui se percutent et créent une collision en série.» Un constat récurrent auquel le tronçon du contournement de Thionville, à savoir les 4,5 km reliant Terville à Yutz qui incluent le pont de Beauregard, ne fait pas figure d’exception.

«Rien d’exponentiel»

«Sur tout notre secteur qui comprend l’A31, A30 et RN431, on dénombre 431 accidents matériels depuis le début de l’année, indique Laurent Jolly. Dont 38 sur ce tronçon dans le sens Luxembourg-Metz, soit 9 % de tous les accidents matériels que nous constatons, en semaine, sur le créneau 15 h – 19 h.»

«Et sinon, de manière générale, on dénombre 60 accidents dans les deux sens quel que soit le moment de la semaine. Il y a indéniablement un lien avec le retour des frontaliers même s’il n’y a rien d’exponentiel, mais le flux de véhicules, le rythme saccadé avec des ralentissements brutaux et le manque de vigilance y contribue.»

«Sur l’A31, le secteur le plus accidentogène reste celui de Richemont -Mondelange-Hauconcourt.» Pour ce qui est des accidents corporels, le major en dénombre 22 sur la totalité de leur secteur dont un seul sur le tronçon Terville-Yutz aux heures de retour des frontaliers et celui du passant tombé d’un camion.