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Après bientôt un an de guerre à Gaza, le Hamas toujours là mais diminué


Après l'attaque qui a entraîné la mort de 1 205 personnes en Israël, en majorité des civils et au cours de laquelle 251 personnes ont été enlevées, Israël a juré de détruire le Hamas. (Photo AFP)

Après bientôt un an de guerre dans la bande de Gaza, le mouvement islamiste Hamas qui gouvernait ce petit territoire palestinien est réduit à une guérilla avec des combattants embusqués dans des tunnels et des cadres politiques tués jusque dans leur exil.

Le 7 octobre 2023, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque sans précédent en Israël, qui a déclenché la guerre dans le territoire palestinien. Le Hamas y régnait en maître après avoir chassé en 2007 l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas qui refusait de concéder sa victoire aux législatives.

Après cette attaque qui a entraîné la mort de 1.205 personnes en Israël, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles israéliennes, et au cours de laquelle 251 personnes ont été enlevées, Israël a juré de détruire le Hamas.

En août, l’armée israélienne avait indiqué avoir éliminé plus de 17.000 combattants palestiniens dans la bande de Gaza. Au total plus de 41.788 Palestiniens y ont été tués depuis le début de la guerre, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l’ONU.

Deux de ses plus hauts dirigeants sont dans la ligne de mire d’Israël: Yahya Sinouar, considéré comme l’architecte de l’attaque du 7 octobre, et Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas, les brigades Ezzedine al-Qassam, plusieurs fois annoncé mort par Israël, la dernière en août.

Yahya Sinouar, qui était le chef du Hamas pour Gaza, a été promu cet été en devenant le chef politique du mouvement, succédant à Ismaïl Haniyeh. Vivant en exil volontaire entre le Qatar et la Turquie, Haniyeh a été assassiné le 31 juillet à Téhéran dans une attaque imputée à Israël.

« Coup dur mais pas fatal »

Depuis, affirme à l’AFP un cadre du mouvement, « Sinouar est le commandant en chef: il dirige les branches militaire et politique » du Hamas, organisation née en 1987 dans le tumulte de la première Intifada, le soulèvement palestinien lancé en 1987 et clos avec les Accords d’Oslo en 1993 entre Yasser Arafat, alors chef de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), et le Premier ministre israélien, Yitzhak Rabin.

Sinouar, qui n’a pas été vu en public depuis plus d’un an, « interagit directement avec le bureau politique et le commandement militaire », ajoute le cadre du Hamas sous couvert d’anonymat: « Une équipe est dédiée à sa sécurité car il est la cible numéro un de l’ennemi », Israël.

Le 7 octobre, le Hamas a infligé « un échec sécuritaire, militaire et politique » à Israël: « il prétend tout savoir, mais (…) l’ennemi n’a rien vu », souligne une source au sein des brigades al-Qassam. Mais depuis, reconnaît un autre cadre sous couvert d’anonymat, « plusieurs milliers de combattants du Hamas et d’autres groupes de la résistance (palestinienne) sont morts au combat ».

Aux yeux de Bruce Hoffman, chercheur au Council on foreign relations (CFR), « les opérations militaires israéliennes à Gaza ont infligé au Hamas un coup dur mais pas fatal ».

« Suicide politique »

Les institutions du gouvernement du Hamas sont à genoux, la plupart des bâtiments officiels ont été endommagés ou détruits. De rares services subsistent dans la bande de Gaza: une quinzaine d’hôpitaux, des ambulances brinquebalantes, des tribunaux improvisés pour les actes officiels. Les écoles, la centrale électrique, les stations d’eau ou les commissariats ont cessé de fonctionner.

Pour le politologue Jamal al-Fadi, le 7 octobre a été « un suicide politique pour le Hamas ». A la mi-2024, l’économie de Gaza était réduite à « moins d’un sixième de son niveau de 2022 », selon l’ONU qui estime qu’il faudra « des dizaines d’années » pour que le territoire revienne à l’avant-7 octobre.

Un plongeon qui alimente le mécontentement des 2,4 millions de Gazaouis, déjà pauvres aux deux tiers avant la guerre et aujourd’hui quasiment tous déplacés, affirme le politologue Moukhaimer Abou Saada. « On le voit dans les sondages, sur les réseaux sociaux, la popularité du Hamas a baissé. Les critiques sont vives », dit-il à l’AFP.

Cependant, « même s’il y a des gens qui ne partagent pas les opinions politiques du Hamas (…) la résistance et son projet sont toujours soutenus par une grande partie de la population », estime Bassem Naïm, dirigeant du Hamas basé hors de Gaza.

Selon le dernier sondage en date du Centre palestinien de recherche en politique et en sondages en juin, 67% des personnes interrogées dans l’ensemble des territoires palestiniens (bande et de Gaza, Cisjordanie occupée et Jérusalem-Est) croient à une victoire du Hamas contre Israël. A Gaza ils sont seulement 48%.