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Quartier Gare : «Aucune volonté politique de régler les problèmes»


Laurence Gillen, qui réside dans le quartier, note que la toxicomanie et les nuisances qui y sont liées perdurent. (photo Didier Syvestre)

Un an après les élections, les habitants du quartier de la Gare à Luxembourg constatent que l’insécurité règne toujours dans leurs rues. Face aux élus ce dimanche pour un Apéri’tour, ils attendent des réponses.

Le matin de la fête des Pères. Voilà la date choisie par le collège échevinal de la Ville de Luxembourg pour organiser sa rencontre avec les riverains du quartier Gare. Une étape dans la tournée des élus communaux, démarrée en juillet dernier, qui consiste en une petite promenade au cœur des 24 quartiers de la capitale, suivie d’un échange avec les résidents. Et ceux de la Gare en ont des choses à dire.

Des années qu’ils dénoncent les conditions dans lesquelles leur quartier est plongé, entre trafic de drogue, toxicomanie et prostitution. Maintes fois, ils ont alerté les autorités, appelé à l’aide, avec ce sentiment d’être des citoyens de seconde zone. Ces derniers mois, fédérés via un groupe Whatsapp, ils ont de nouveau clamé leur colère face à l’immobilisme.

En face, les différents bords politiques se sont renvoyé la balle pendant six ans, les partis adversaires au conseil communal étant partenaires de coalition au gouvernement. Or, depuis un an, c’est bien une équipe DP-CSV qui est aux commandes à la Ville de Luxembourg comme à l’État. Et pourtant, pas grand-chose n’a bougé selon les habitants, qui espéraient beaucoup.

La situation se dégrade

«On voit plus de présence policière, y compris des membres de la brigade canine. Ce qui a défait certains points de deal bien installés, comme celui rue de Hollerich, à la station essence», rapporte Laurence Gillen, membre du collectif «Quartier Gare – Sécurité & Propreté». «Un agent de sécurité a aussi été posté à l’entrée du centre sociétaire, plus personne n’y traîne désormais», et les commerçants du coin remarquent davantage de nettoyage des rues.

Mais dans le même temps, les cambriolages auraient augmenté, tandis que la consommation de drogue et ses conséquences sont toujours aussi pesantes au quotidien. «C’est des amas de seringues usagées, des excréments dans les halls d’entrée, des gens qui se piquent sous nos yeux, des silhouettes qui errent comme des zombies», témoigne-t-elle.

Des scènes qui débordent maintenant bien au-delà du quartier. «On a des échos du Limpertsberg où des groupes de drogués rôdent aussi», décrit Benjamin, un autre habitant. Lui emprunte tous les jours la passerelle sous le pont Adolphe pour se rendre au travail à vélo. Et depuis cinq mois, il est formel, la situation se dégrade. «Des personnes se droguent pile sous les caméras. Certains dorment là, il y a des tentes sur les pistes cyclables.»

Il ne comprend pas que personne ne se saisisse du dossier une bonne fois et solutionne le problème, à l’image de ce que ferait un chargé de mission. «D’autres grandes villes l’ont fait, Berne, Zurich, et ça a marché. Tout ça est documenté», plaide-t-il. «Nous n’avons pas de stratégie globale, aucune coordination entre les ministères impliqués.»

Un quartier qui ne vote pas

Après des années d’un silence assourdissant de la part des autorités, ces riverains ne voient que le manque de volonté pour expliquer un tel marasme. «Il y a une attitude défaitiste : on se dit que la Gare a toujours été comme ça, que si on agit, ça déplacera le problème», déplore Benjamin.

«Moi, je pense sincèrement qu’il n’y a pas de volonté politique de régler les problèmes. Aujourd’hui, les postes clés ne dépendent plus que d’un seul parti politique. Les verts et le LSAP ne sont plus là, pourtant ça continue de coincer», attaque Laurence, candidate DP aux communales de 2023. Elle souligne au passage le manque de poids électoral du quartier Gare, où la plupart des habitants n’ont pas le droit de vote.

«Le turnover est très important. Ceux qui en ont les moyens quittent le quartier. Les gens qui restent sont aussi les moins favorisés. Un phénomène qui alimente la ghettoïsation», regrette le jeune homme. Dimanche, il compte dérouler la bannière «Save the Gare» qui avait ouvert le cortège des dernières manifestations. Il attend des réponses concrètes et efficaces, doublées d’un travail en commun, loin des débats idéologiques.

Plus que jamais, les habitants restent mobilisés. Des discussions sont en cours dans le collectif pour planifier de nouvelles actions.

Rendez-vous à 10 h, ce dimanche, au centre sociétaire, 29 rue de Strasbourg.

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