Le syndicat reste «scandalisé» par la méthode «illégale» qui aurait été employée pour le transfert du personnel de Caritas vers Hëllef um Terrain (HUT). Le Premier ministre est appelé à intervenir.
Le fait que la très grande majorité des salariés de Caritas aient accepté de signer un nouveau contrat de travail avec Hëllef um Terrain (HUT) ne met pas fin à l’opposition syndicale menée par l’OGBL. «Ce n’est que le début. On va se défendre contre ce qui s’est passé, à la fois sur le plan juridique et syndical», annonce la présidente Nora Back.
Plus concrètement, le syndicat compte déposer un recours devant le tribunal du travail pour contester la méthode employée pour le transfert du personnel vers la nouvelle entité, opérationnelle depuis mardi. Les reproches de «chantage» ont été répétés hier lors d’une conférence de presse. «Les gens ont dû signer leur contrat sur place, sans avoir eu la possibilité de faire vérifier le contenu par un juriste. Cela a exercé une pression extrême sur les personnes concernées», fustige Nora Back. «Ce n’est pas la façon dont fonctionne le modèle social luxembourgeois. Nous sommes tous des syndicalistes expérimentés. On n’a jamais vu de tels agissements, même pas dans des grandes multinationales venues s’installer au Luxembourg et qui ont tenté d’imposer leurs méthodes», reprend la présidente de l’OGBL.
«Je n’avais pas encore toutes les cartes en main»
Le code du travail aurait été clairement violé. Christian Billon, le président du conseil d’administration de Hëllef um Terrain, réfute ces accusations. «Dans le droit du travail, quand vous voulez signer un contrat, vous pouvez le regardez, le lire, mais pas l’emmener à la maison. C’est le choix de l’entreprise», indique-t-il. Les employés ont-ils été mis sous pression? «On a donné le temps nécessaire aux gens. Certains ont pris deux heures avant de signer, d’autres voulaient s’exécuter rapidement», répond Christian Billon.
L’action en justice de l’OGBL vise à obtenir le transfert d’entreprise, outil qui oblige le nouvel employeur à reprendre en intégralité les employés et leur garantir les mêmes conditions de travail. HUT a refusé d’appliquer cette procédure légale. «Nous existons depuis le 17 septembre et n’avions aucune garantie absolue de pouvoir signer de nouvelles conventions avec l’État, tout simplement car il voulait avoir confiance avant de s’engager. Avant jeudi dernier, je n’avais pas encore toutes les cartes en main», se défend Christian Billon. Il n’aurait pas été possible plus tôt de lancer le transfert du personnel, car «nous savions pas vers où nous allions». Le «seul objectif» aurait été de «préserver les emplois».
En outre, les deux délégations du personnel auraient été tenues en permanence au courant de l’avancement des choses.
Des explications jugées insuffisantes
Toutes ces explications ne suffisent pas aux yeux de l’OGBL. Le syndicat vise non seulement Hëllef um Terrain, mais aussi le Premier ministre, Luc Frieden, et «ses copains de PwC». Le rôle qu’a joué le cabinet d’audit dans le processus reste hautement contesté, tout comme la nomination de proches du CSV et du DP dans le conseil d’administration de HUT. «S’agit-il de la nouvelle méthode pour mener le dialogue social ou pour respecter les collaborateurs qui pendant des années se sont engagés pour les plus vulnérables de la société?», interroge Nora Back.
Elle lance un appel au chef du gouvernement pour «redresser ce qui s’est passé ces dernières heures et derniers jours». La présidente de l’OGBL déplore aussi l’«absence totale» du ministre du Travail, Georges Mischo. Ce dernier aurait jusqu’à présent refusé de prendre position par rapport à l’existence de supposés «contrats de travail illégaux» et le refus de HUT à passer par un transfert d’entreprise. Le silence de l’Inspection du travail et des mines (ITM) interpelle tout autant Nora Back.
«Avec tout ce qui se passe avec le personnel, nous sommes tout aussi choqués qu’après le détournement surréel et grotesque des 61 millions d’euros. Les mots me manquent», renchérit la présidente de l’OGBL. Elle annonce une forte mobilisation de l’ensemble du secteur social : «Ils ne se sont peut-être pas attendus à une telle riposte. On ne compte pas se laisser faire».
Hëllef um Terrain reste globalement sereine. L’action en justice va «avoir un coût en avocats pour chacun. Mais chacun exerce son droit en fonction de ses convictions», estime Christian Billon.
«Dans le droit du travail, quand vous voulez signer un contrat, vous pouvez le regardez, le lire, mais pas l’emmener à la maison. C’est le choix de l’entreprise» Ah bon? c’est très 20ème siècle, cela… un contrat, même de travail, lie deux parties, qui ont bien le droit – chacune de leur côté – d’avoir des questions ou de négocier des clauses… Dans le contexte actuel lourd de passifs de la part des anciennes structures et de leurs dirigeants, cette position est une faute et on ne peut que donner raison à l’OGBL… Cela n’est pas de bonne augure pour la qualité managériale de la nouvelle structure en tous cas! On apprendra donc jamais (de nos erreurs)!
Le secteur de la santé et des services sociaux au Luxembourg propose plusieurs offres d’emploi en CDI. Les horaires varient de 16h/28h à 40h/semaine, avec des postes de jour et de nuit.
Cependant, des préoccupations émergent quant aux pratiques de recrutement. Certains candidats postulant pour des CDI se voient proposer des CDD pour être exploités , ce qui peut refléter des problématiques de racisme, de népotisme et de copinage, nuisant à l’égalité des chances.
Ces discriminations peuvent également impacter la qualité des soins fournis, car la diversité des expériences et des perspectives est essentielle. Les candidats sont encouragés à signaler ces abus à l’Inspection du travail et des mines (ITM) pour promouvoir une plus grande transparence et équité dans le processus de recrutement.
Le fait de répondre à une annonce pour un contrat à durée indéterminée (CDI) et de se voir finalement proposer un contrat à durée déterminée (CDD) peut constituer une forme de tromperie et de discrimination. Au Luxembourg, la loi encadre strictement les contrats de travail, et toute forme d’abus ou de manipulation des conditions d’embauche, comme le népotisme, le copinage ou l’abus de pouvoir, est interdite.
Ces pratiques discriminatoires, surtout envers les personnes vulnérables, sont non seulement contraires aux principes d’égalité et de transparence qui devraient prévaloir dans le recrutement, mais elles sont également illégales. L’inspection du travail et des mines (ITM) peut être saisie pour enquêter sur ces abus, et les sanctions pour les employeurs peuvent être sévères. Le Luxembourg dispose de protections solides contre la discrimination et l’abus de pouvoir, mais malheureusement, il semble que certaines entreprises ou dirigeants abusent de leur position.