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Machines à pondre

Il n’est pas toujours bon d’improviser. Je me souviens encore du célèbre adage que mes parents me répétaient sans cesse lorsque j’étais enfant : «Tourne ta langue sept fois dans ta bouche avant de parler». Un précieux conseil qu’aurait certainement dû suivre le pape François, lors de ses visites en Belgique et au Luxembourg. Si le souverain pontife a rassemblé des milliers de fidèles dans les deux pays, il a surtout semé son lot de polémiques, avec des improvisations parfois… problématiques.

Le chef du Vatican n’a pas hésité à supplier les femmes du Luxembourg de faire des enfants, par exemple. Ou encore à féliciter le roi belge Baudouin, qui avait refusé à l’époque de signer la dépénalisation de l’avortement et s’était mis dans «l’incapacité de régner» pendant plusieurs jours. Un homme «courageux» aux yeux du pape François. Une position en adéquation avec celle du cardinal de Luxembourg, Jean-Claude Hollerich, qui, dans une interview accordée récemment à nos confrères du Luxemburger Wort, évoque l’avortement comme un «acte barbare», y compris en cas de viol et d’inceste.

Des propos qui, en 2024, ne passent plus. De nombreuses associations, de part et d’autre de la frontière, se sont offusquées, soulignant la «position réductrice» de la religion catholique à l’égard des femmes. «La machine à bébés est en panne», ont même titré certains de nos confrères après le discours papal…

On souffle. Encore une fois, l’invisibilisation de la femme atteint son paroxysme. Encore une fois, son rôle dans la société est réduit à celui de devenir mère. Encore une fois, ce sont des hommes, blancs, de plus de 50 ans, qui se permettent d’émettre des opinions, des recommandations, sur le mode de vie des femmes. Sur leur vie sexuelle qui plus est. Mais il faut bien mettre la «machine» en marche, vous comprenez.

Oui, ce positionnement n’est en rien nouveau dans la tradition catholique (plusieurs autres papes ont rappelé cette même doctrine), mais il donne l’exemple et laisse un arrière-goût amer. Un sentiment de lassitude surtout. Encore aujourd’hui, les femmes restent le «sexe faible». Alors qu’elles prouvent, chaque jour, qu’elles peuvent être autre chose que des «machines à pondre». Devenir mère reste un choix personnel avant tout. Il ne devrait en aucun cas être dicté par une doctrine passéiste qui refuse de voir la femme s’émanciper un tant soit peu. Le chemin vers l’égalité semble plus long que jamais.

Un commentaire

  1. Patrick Hurst

    Certes, l’avortement est un autre débat sur lequel on peut avoir des positions plus ou moins strictes, mais il est un fait qu’une société qui prend la liberté de ne plus avoir d’enfants (responsabilités masculines incluses) est vouée à disparaître, amoins de créer les bambins à la façon Huxley (Brave new world) dans un laboratoire!

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