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Bettel à l’ONU : «Nous ne faisons que palabrer sans agir»


Le discours de Xavier Bettel devant l’Assemblée générale de l’ONU fut très engagé.

Le vice-Premier ministre, Xavier Bettel, plaide pour renforcer le poids des Nations unies dans un monde où les conflits se multiplient. Il a notamment évoqué l’Ukraine et l’escalade au Moyen-Orient.

Samedi matin, il était au tour du Luxembourg de s’adresser à l’Assemblée générale des Nations unies. Il est revenu au vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Xavier Bettel, de prendre la parole après l’intervention du Premier ministre, Luc Frieden, lundi dernier, à l’occasion du Sommet sur l’avenir. La réforme du Conseil de sécurité constitue le dénominateur commun de ces deux discours, dans un contexte géopolitique de plus en plus tendu.

Xavier Bettel s’est montré très engagé au moment de monter à la tribune au siège de l’ONU à New York. Son introduction fut très sombre et faisait référence aux 60 conflits qui font actuellement rage à travers la planète. «Une cinquantaine d’autres pourraient éclater demain. Donc au total, 115 conflits réels ou potentiels qui touchent des pays aussi variés que le Congo, le Yémen, la Syrie, le Myanmar, le Venezuela, Haïti, la Libye, l’Albanie, l’Azerbaïdjan. Le monde dans son intégralité, si l’on y réfléchit au plan géographique, pourrait être touché par les conflits», développe le vice-Premier ministre.

Il déplore que les Nations unies ne sont pas à même de jouer leur rôle afin de résoudre ces conflits. «Comment expliquer à quelqu’un en Palestine, au Liban, à Kiev et d’autres endroits dans le monde que l’on ne veut laisser personne de côté?», interroge Xavier Bettel, avant de livrer une réponse : «Nous sommes un peu comme un chien sans dents qui ne cesse d’aboyer alors que tant de personnes sont laissées de côté». Ou encore autrement dit : «On clame que nous sommes réunis dans cette salle pour trouver des solutions à tous les maux de notre monde. Je peux vous dire que pour beaucoup de personnes, nous ne faisons que palabrer sans agir».

Pourtant, l’ONU devrait agir davantage, notamment pour encourager le processus de paix en Ukraine. «Mettons-nous avec nos partenaires autour de la table. Menons des négociations de paix auxquelles participent aussi nos partenaires russe et chinois, avec pour objectif de développer un programme et aussi un plan pour l ‘avenir», lance le chef de la diplomatie luxembourgeoise.

Proposition pour réformer l’ONU

Xavier Bettel a aussi évoqué l’escalade au Moyen-Orient avec les récentes frappes menées par Israël sur le Liban. Il est notamment revenu sur la mort de Hassan Nasrallah. «Si demain on pouvait me dire qu’avec la mort du chef du Hezbollah il n’y aurait plus de terrorisme…

Or, la réalité est que ces actes et organisations terroristes sont comme des pieuvres. Si vous coupez un bras, il y a un autre qui va pousser. C’est une idéologie», fait remarquer le vice-Premier ministre, tout en estimant que «le meilleur rempart contre le fanatisme est d’avoir une espérance en tant que jeune. Mais nous sommes en train de détruire les espérances. Nous sommes en train de créer, si nous ne trouvons pas de solutions rapidement, une future génération d’adhérents, du Hamas, du Hezbollah. Des gens qui se détesteront dans une région qui est déjà très conflictuelle».

Concernant le conflit israélo-palestinien, le ministre des Affaires étrangères a répété son intention de former une alliance avec un plus grand nombre de pays, aussi des grands comme la France, l’Allemagne ou le Japon, pour reconnaître un État palestinien. Il a lancé à l’adresse de l’assemblée générale de s’accorder sur une initiative qui ait un réel impact sur le terrain. Auprès de nos confrères du Tageblatt, Xavier Bettel a précisé vouloir prendre une décision pour le Luxembourg avant la fin de cette année.

En attendant, le vice-Premier ministre a livré de plus amples détails sur les idées du Grand-Duché pour réformer l’ONU. Il y a une semaine, Luc Frieden avait plaidé pour un Conseil de sécurité «plus représentatif». Xavier Bettel ne se dit pas opposé à ajouter des membres permanents, dont des pays africains. «Mais ce n’est pas en élargissant le cercle des privilégiés qu’on sera plus efficace. Si on veut vraiment l’être, il faut se poser la question s’il est normal qu’un membre permanent puisse à travers un veto bloquer tout un processus.» La réponse est non pour le ministre luxembourgeois. Il propose qu’une majorité des deux tiers au Conseil de sécurité et à l’assemblée générale puisse lever le veto.

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