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[Cyclisme] Skoda Tour de Luxembourg : comme un ouragan


Mathieu Van der Poel a fait mieux qu’honorer de sa présence le Skoda Tour de Luxembourg (Photo : anouk flesch)

L’édition 2024 du Skoda Tour de Luxembourg restera sans doute dans les annales tant par la qualité des acteurs que par leurs engagements à se livrer tout au long d’une course passionnante.

Une intensité assez folle du premier au dernier jour de course. Comme un ouragan. Les cinq jours de course qui viennent de ponctuer le Skoda Tour de Luxembourg resteront longtemps gravés dans les mémoires. Car jamais la course, ces trente dernières années (voire bien davantage…), n’avait offert un tel spectacle avec des acteurs mondiaux de premier rang et une si longue indécision. Retour sur une édition cinq étoiles.

DES ACTEURS À LA HAUTEUR

Qui aurait pu croire que Mathieu Van der Poel qui sélectionne ses courses comme peu de coureurs et évite de s’éparpiller à droite ou à gauche (à l’issue de ce Tour de Luxembourg, il n’a que 39 jours de course dans les jambes cette saison) se donne autant. Il est vrai qu’en s’imposant au terme d’une première étape assez sublime, il a pris d’entrée de jeu le commandement de la course. À l’image par exemple d’un Tadej Pogacar, le champion du monde est un joueur qui entend privilégier le plaisir. Pour lui, le cyclisme n’est jamais une corvée et cela s’est encore vu. «Sportivement, la course, c’était du jamais vu. C’était intéressant jusque dans les derniers kilomètres. Van der Poel a tout fait pour sauver son maillot jusque dans les derniers kilomètres», résume Andy Schleck.

Le patron de la course a gardé un œil de coureur et a su apprécier l’engagement des meilleurs. Ainsi, qui aurait pu penser également au départ de la course que Marc Hirschi, tenant du titre et coureur en forme du moment, disposant de surcroît d’une équipe de top niveau mondial, ne termine que sixième? Jusqu’au bout, le coureur suisse et l’Espagnol Juan Ayuso se sont démenés pour inverser le cours des choses. En vain…

«Lorsqu’on voit Mathieu qui attaque dans le Pabeierberg pour reprendre les dix secondes qui étaient perdues parce qu’il n’avait plus d’équipiers, c’était impressionnant. Il a pris ses responsabilités», admire Andy Schleck.

UN NIVEAU WORLD TOUR

Un niveau qui ne cesse de s’élever, des compétiteurs toujours plus performants, on connaît l’antienne. Mais désolé, cela s’est confirmé tout au long de la semaine. «Franchement, j’ai eu l’impression de disputer une course World Tour, c’était impressionnant», confesse par exemple le champion national, Kevin Geniets. «Oui, c’est un niveau World Tour, même si on n’a pas la licence», répond Andy Schleck.

Force est de constater qu’il y a bien peu de courses dans la saison, où une épreuve estampillée 2.Pro (donc, juste en dessous du World Tour) est aussi disputée sportivement, de surcroît par des compétiteurs de top niveau mondial. Il est loin le temps où le Tour de Luxembourg accueillait début juin des coureurs qui se remettaient doucement en route avant de se lancer dans la préparation du Tour de France. En mode entraînement amélioré. Si Mathieu Van der Poel n’a jamais caché qu’il était venu au Skoda Tour dans l’optique des Mondiaux, cela ne l’a pas empêché de faire la course… à fond!

Les images qu’on a vues, du Luxembourg, sa nature, ses châteaux, c’est un outil unique et j’aimerais bien qu’on ait plus de reconnaissance ici au pays

UNE ORGANISATION SANS FAILLE

Du soleil, une course vive et haletante jusqu’au bout, un organisateur ne peut décemment rêver mieux. Sur ce point aussi de la météo, les organisateurs du Skoda Tour de Luxembourg ont été particulièrement vernis. «C’était une très belle édition pour nous. On a eu du beau temps, les coureurs ont été hyper-contents. J’ai reçu beaucoup de félicitations des équipes qui veulent revenir», note Andy Schleck. Car au-delà des considérations météorologiques, il y a eu peu de chutes, aucun couac dans le déroulé de la course, ce qui, on le sait, peut toujours arriver dans une course cycliste. Après, rien de nouveau, on connaît la qualité du revêtement des routes luxembourgeoises, incomparables en Europe.

«Est-ce qu’il y a des points à améliorer? Oui, on a toujours des points à améliorer. On va digérer, mais si on peut copier cette édition tous les ans, je signerais. On a déjà des idées de ce qu’on veut faire mieux l’année prochaine. Pas dans les détails, mais un petit détail peut avoir un grand effet à la fin. Lorsqu’on voit la foule qui est venue assister à cette dernière étape, c’est très bien», poursuit le patron de la course.

UN MANQUE DE RECONNAISSANCE?

On a demandé à Andy Schleck, si grisé par le succès de cette édition, il comptait tel un jeune compétiteur surfer sur la vague du succès et monter encore d’un cran. «Aller plus haut? On peut toujours aller plus haut dans la vie. C’est un peu tôt encore. On a de beaux vainqueurs, que des grands noms ont gagné, qu’est-ce qu’on veut de plus?», a-t-il souri, puis profitant de l’occasion qui se présentait, a plaidé la cause du Skoda Tour de Luxembourg : «C’est un succès pour nous, mais j’aimerais bien préciser : on est un évènement national vu à l’international. C’est un gros succès pour le Luxembourg. Les images qu’on a vues, du Luxembourg, sa nature, ses châteaux, c’est un outil unique et j’aimerais bien qu’on ait plus de reconnaissance ici au pays.» C’est dit!

Andy Schleck, ici avec le Grand-Duc Henri, peut être fier de ses troupes et de la course. Photo : gerry schmit