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22 logements pour personnes précaires à Berbourg : «Tout le monde a droit à une chance»


Avant de rejoindre le centre, Renée a vécu dans un foyer d’accueil et d’hébergement d’urgence à Luxembourg.

Depuis février, une dizaine de personnes en grande précarité et ayant besoin de soins sont accueillies au centre Haaptmann’s Schlass. Un projet pilote que le gouvernement aimerait dupliquer.

La maison de retraite du Haaptmann’s Schlass était en ébullition jeudi après-midi, à quelques minutes de recevoir le ministre de la Famille, Max Hahn, venu inaugurer la transformation d’une partie du château en nouveau lieu de vie pour personnes précaires vieillissantes ou nécessitant des soins. Un projet unique au Luxembourg, lancé sous forme de test pour au moins deux ans.

Avec ce concept innovant, les objectifs sont multiples : sortir ces personnes de leur situation de détresse sociale et sanitaire, leur proposer un hébergement adapté, mais aussi l’encadrement psycho-médico-social nécessaire. Pour cela, une partie de cette vieille bâtisse datant de 1775 a subi d’importants travaux, permettant d’agrandir la structure pour personnes âgées installée là depuis 2010, et gérée par le groupe Elisabeth.

La partie rénovée de l’ancien château a permis de créer 48 chambres individuelles, dont 22 dédiées au projet.

Répartis sur quatre étages, 22 logements individuels équipés et meublés ont été mis à la disposition du projet pilote, et les premiers bénéficiaires ont emménagé au compte-goutte à partir de février dernier. Après quelques mois, ceux que nous avons croisés ont trouvé leurs marques, et se disent heureux de ce cadre de vie.

Timophei en fait partie. Ce quarantenaire aux yeux marron a un parcours compliqué, marqué par les addictions et la rue, mais il s’accroche. Après avoir connu différents foyers, il se sent mieux à Berbourg au milieu du parc, lui qui aime la nature. Il voit son séjour comme une transition, confie-t-il, avant de pouvoir tourner cette page de sa vie.

Idem pour Michal, 63 ans, qui a lourdement chuté voilà trois mois et a dû se faire opérer la jambe à deux reprises. Il marche désormais à nouveau, mais reste fragile. Malgré tout, ce père de deux grands enfants, qui a connu la rue pendant plusieurs années après un divorce compliqué, garde le sourire. Il projette de retourner dans la capitale dès qu’il sera sur pied.

Dans la chambre d’à côté, il y a Renée et toutes ses peluches. La vieille dame a trouvé au centre un peu de stabilité après avoir été ballotée dans des structures d’urgence. La mine joyeuse, elle a du mal à se déplacer, mais fait l’effort ce jour-là, pour rejoindre la salle des fêtes et voir le ministre. Elle aussi raconte qu’elle se plaît beaucoup dans son nouveau décor.

Instaurer la confiance, un défi pour l’équipe

Faire en sorte que ces résidents, plus vulnérables que les autres pensionnaires, s’épanouissent, c’est notamment la mission de Claude, aide-soignant, et d’Anna-Lena, éducatrice. «On apprend à connaître les habitudes de chacun, ça nous permet d’identifier immédiatement tout changement dans leur quotidien et d’évaluer leur bien-être. Certains ont vite trouvé leur rythme ici, d’autres ont eu plus de difficultés à s’adapter, par rapport à leur vie d’avant», explique Claude.

Ainsi, certaines personnes, renfermées sur elles-mêmes à leur arrivée, commencent doucement à s’ouvrir aux autres à travers les activités organisées. Le principal défi pour l’équipe étant de construire, pierre après pierre, une relation sécurisante pour ces habitants. «On tisse un lien de confiance, en montrant qu’on les prend tels qu’ils sont, sans aucun préjugé. Or, ils ont été habitués à subir des jugements et de l’exclusion sociale, donc c’est parfois dur», souligne Anna-Lena. «Tout le monde a droit à une chance de commencer une autre vie, peu importe son passé.»

Le concept sera évalué dans deux ans afin de déterminer s’il est possible de le dupliquer dans d’autres structures à travers le pays comme le souhaite le gouvernement.

Un projet anti-exclusion sociale

Cette initiative unique au Luxembourg est destinée à combler un vide : celui de l’accueil des personnes sans abri avançant en âge ou dépendantes de soins journaliers. Le modèle de financement ressemble à celui d’une structure d’hébergement pour personnes âgées classique : «Ces résidents payent un prix de pension, dont une partie est réglée par le Fonds national de solidarité, en fonction de leurs moyens. Quant au volet soins, il est pris en charge par l’assurance maladie et l’assurance dépendance», détaille le directeur du site, Yves Morby.

[image media_id="490356" style="portrait" position="center" caption="Opéré de la jambe il y a trois mois, Michal, 63 ans, se remet doucement. " credit=""]

Les conditions d’admission sont claires : les bénéficiaires doivent être suivis au niveau social, être dépendants aux soins ou à l’encadrement psychosocial dans la journée et disposer de droits sociaux au Luxembourg. «La notion d’âge n’est pas vraiment un critère d’admission», note-t-il, ajoutant que la santé mentale des candidats est prise en compte par la commission qui examine les dossiers.

En visite au Haaptmann’s Schlass en mars dernier, le Premier ministre, Luc Frieden, avait déclaré que «la compassion et le soutien» figuraient au cœur du projet. Pour le ministre de la Famille, Max Hahn, il incarne «un pilier important de la lutte contre l’exclusion sociale. Nous ne devons laisser personne de côté».

À 42 ans, Timophei fait partie des plus jeunes résidents.

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