Le LSAP vient de gagner un mandat de député en plus en accueillant l’ex-pirate Ben Polidori dans sa fraction. C’est une grande première pour les socialistes et ils s’en réjouissent.
Il est loin d’être le premier, ou le dernier, sans doute, à passer d’un parti à l’autre. L’ancien député pirate Ben Polidori, qui avait claqué la porte du parti le matin même où la sensibilité invitait la presse pour son bilan parlementaire, en juillet dernier, a finalement choisi le LSAP pour poursuivre sa carrière politique.
C’est une grande première pour le LSAP d’accueillir un transfuge dans sa fraction. «Alex Bodry nous a dit que cela n’était encore jamais arrivé», assure Francine Closener, députée et coprésidente du LSAP, ravie de compter Ben Polidori, 34 ans, dans la fraction, qui passe de 11 à 12 députés. Le changement s’est opéré dans la douceur, l’ancien élu des pirates ayant pris son temps pour bien réfléchir. S’il s’est dirigé vers le LSAP, ce n’est pas par opportunisme, car il aurait très bien pu rejoindre un parti de la majorité. Le DP ou le CSV auraient bien voulu compter l’élu du Nord dans leur giron. D’ailleurs, Gilles Baum, le chef de la fraction DP, comme Marc Spautz, son homologue du CSV, ont témoigné sur RTL Radio que Ben Polidori aurait fait l’affaire.
Pourquoi le LSAP? Francine Closener appréciait déjà le député avant même que l’ambiance délétère qui règne chez les pirates éclate au grand jour. «Évidemment, à la Chambre des députés, on se côtoie beaucoup et on va souvent boire un café ensemble après une séance ou une commission, et Ben Polidori était souvent avec nous», raconte-t-elle. Elle décrit un homme «sympa, très accessible» qui, au fil des rencontres, en coulisse, a fait comprendre aux socialistes qu’il n’était pas à son aise dans son parti.
«J’étais assez surprise par ses confidences», avoue Francine Closener, qui ignorait à quel point le Parti pirate souffrait des affrontements entre Sven Clement et Marc Goergen. Après son claquage de porte, Ben Polidori a proposé à Francine Closener d’aller boire un café. «Je lui ai demandé ce qu’il comptait faire maintenant et il m’a dit qu’il songeait sérieusement à venir chez nous», confie-t-elle.
L’élu, fraîchement indépendant, veut prendre son temps. Refroidi par son début de parcours politique chez les pirates, il ne veut plus commettre d’erreur. «Nous avons voulu lui laisser tout le temps dont il avait besoin, sans lui mettre aucune pression, et d’ailleurs nous ne nous sommes pas vus pendant tout l’été», affirme Francine Closener. Ce n’est que récemment que Ben Polidori a repris contact avec le LSAP, mais sa décision était prise depuis quelque temps.
«Courageux et authentique»
L’ex-député pirate a tout de même mené des entretiens avec les autres partis, en dépit du choix qu’il semblait avoir arrêté sur les socialistes. «Il a un profil très social et nous avons un bon contact avec lui. D’ailleurs, aux réunions de la commission de l’Éducation nationale, nous étions souvent sur la même longueur d’onde», informe la coprésidente du LSAP. Le même constat était dressé dans les autres commissions parlementaires, si bien que le vote du LSAP a été unanime pour accueillir Ben Polidori au sein de la fraction.
«Nous ne lui avons fait aucune promesse, d’ailleurs, nous sommes un parti d’opposition, donc nous n’avons rien à lui promettre. Je trouve assez courageux et authentique d’avoir choisi l’opposition alors qu’il aurait été accueilli à bras ouverts au sein de la majorité», estime Francine Closener. Le nouveau député socialiste voulait surtout connaître le fonctionnement de la fraction, le travail avec les attachés parlementaires, et la cheffe de la fraction, Taina Bofferding, lui a tout expliqué.
Il y a eu d’abord la section du Nord qui a eu son mot à dire, puis les organes décisionnels du parti ont conclu le transfuge. «C’était un peu spécial, car c’est la première fois qu’on a un député qui arrive chez nous avec son mandat de député, donc on ne voulait pas commettre d’erreur dans les formalités», souligne Francine Closener.
Reste à savoir comment vont être installés, à la Chambre, les députés à la rentrée avec un membre de plus du côté des socialistes. Il n’est pas impossible que l’ex-Gambia se retrouve du même côté avec les verts qui prendraient la place de l’ADR, de retour du côté du CSV. Il appartient à la Conférence des présidents de résoudre ces questions d’organisation.
Quant aux pirates, Francine Closener se demande si le parti va survivre à la guerre des chefs qui décime le parti depuis le début de l’été. Du côté du LSAP, l’heure est plutôt aux réjouissances avec l’arrivée d’un nouveau député.