« Je suis un violeur », a reconnu Dominique Pelicot, accusé comme 50 hommes, dans le procès des viols en série de Mazan dans le sud de la France, assurant que son ex-femme « ne méritait pas » ce qu’elle avait subi pendant dix ans.
« Je suis un violeur comme ceux qui sont dans cette salle. Ils savaient tous, ils ne peuvent pas dire le contraire », a assuré Dominique Pelicot, en parlant des coaccusés du procès, dont certains ont émis un petit bruit de désapprobation dans la salle d’audience. C’est la première fois que le principal accusé s’exprime depuis le début de ce procès emblématique des violences sexuelles et de la soumission chimique, débuté le 2 septembre devant la cour criminelle de Vaucluse à Avignon et prévu pour se tenir jusqu’au 20 décembre.
Absent depuis une semaine pour raison de santé, il est réapparu pour la première fois ce mardi avec un protocole allégé, exigé par des médecins, et notamment avec une chaise à sa disposition et des pauses régulières.
Invité en début d’audience à évoquer son parcours de vie, Dominique Pelicot est d’abord revenu sur deux agressions sexuelles qu’il dit avoir subies pendant sa jeunesse: un viol par un infirmier lors d’une hospitalisation à l’âge de neuf ans, puis sur un chantier quand il était apprenti à l’âge de 14 ans, où il a selon lui été forcé de participer au viol collectif d’une jeune femme handicapée.
« Pardon »
« J’avais toujours ces traumatismes derrière moi », a-t-il expliqué, la voix tremblante et en pleurs. « De ma jeunesse, je ne retiens que des chocs et traumatismes. En 1971, il y a eu cette belle rencontre (avec Gisèle). C’était trop lourd à porter », a-t-il expliqué d’un voix lente et proche des sanglots. « On ne nait pas comme ça, on le devient », a-t-il ajouté.
« J’ai tenu 40 ans, j’étais très heureux avec elle, c’était le contraire de ma mère, elle était totalement insoumise. J’avais trois enfants, que je n’ai jamais touchés. Elle ne méritait pas ça, je le reconnais », a-t-il ajouté face à son ex-épouse, assise sur le banc des parties civiles.
« Je suis coupable de ce que j’ai fait. Je prie ma femme, mes enfants, mes petits-enfants, madame M. (violée par son mari selon le même procédé et en présence de Dominique Pelicot, NDLR), de bien vouloir accepter mes excuses. Je demande pardon, même si ce n’est pas acceptable », a-t-il plaidé. Selon l’enquête, des photos de sa fille et de ses deux-belles filles, pour certaines nues et prises à leur insu, ont été retrouvées dans son ordinateur.
Aidé d’une canne et vêtu d’une veste grise, Dominique Pelicot, dispensé d’audience pendant une semaine pour raison de santé, est entré lentement dans le box des accusés peu avant 09H00 mardi, avant de s’assoir sur un fauteuil bleu censé être plus confortable et lui permettre de suivre les prochaines audiences.
Lundi soir, une expertise médicale ordonnée par le président de la cour criminelle avait conclu qu’il était en état de comparaître, éloignant, pour le moment, le scénario craint par les victimes d’un report de plusieurs semaines voire plusieurs mois. Dominique Pelicot, qui documentait tous les viols dans des dossiers classés sur son ordinateur, a reconnu les faits, commis entre 2011 et 2020, mais il ne s’était encore jamais expliqué en détail depuis l’ouverture du procès.
Son ex-épouse, Gisèle Pelicot est restée stoïque tout le long de sa prise de parole avant d’elle-même se rendre à la barre pour brièvement témoigner. « Pas une seule seconde je ne pouvais douter de cet homme » en qui « j’avais toute confiance », a-t-elle expliqué.