BGL LIGUE Le capitaine du RFCU, énorme depuis le début de saison, a-t-il atteint une taille critique pour postuler en sélection nationale ?
Au début du mois, la presse luxembourgeoise a célébré l’arrivée de Kevin D’Anzico en sélection nationale comme si le petit Jésus venait de naître et ce n’était pas franchement déplacé, comme réaction : le discours de Luc Holtz autant que ses choix dans les dernières listes, dessinent une tendance claire qui veut qu’on a plus de chances d’être appelé quand on évolue à l’extérieur du pays qu’en BGL Ligue. Voir couronnés tous les efforts du défenseur differdangeois par cette convocation était, en soi, un message fort au moment où les clubs de BGL Ligue grincent de voir leur travail si peu récompensé par la FLF.
Où il est question d’«effet wouah…»
Très récemment, c’est au sujet d’Issa Bah que le sélectionneur a dû se contenter d’acter que le Niederkornois était intéressant mais encore non sélectionnable en l’absence de test de langue qui pourrait valider sa naturalisation. On parle là du quatrième meilleur joueur du début de saison et son rendement dans le couloir gauche du Progrès est déjà saisissant. On patiente, donc.
Mais dimanche, dans un registre a priori moins spectaculaire, c’est un autre jeune, Farid Ikene, capitaine du RFCU à 23 ans, qui a encore explosé au vu et au su de tout le monde face au F91. Une sûreté technique impressionnante, un peps qui fait du bien au jeu de son équipe et deux passes décisives pour pimenter le tout.
Son ancien coach au Racing, Marco Martino, désormais assis sur le banc dudelangeois, se rappelle justement qu’il avait demandé à son milieu de terrain, il y a un peu plus d’un an, de «faire plus de statistiques». Il en est déjà à quatre passes décisives et un but (il a touché le poteau contre Dudelange) depuis début août et pourtant, au Nosbaum, Martino, confronté à l’abattage de son ancien joueur, n’a «pas eu l’effet wouah, celui qui fait qu’on reste la bouche grande ouverte. Je l’ai déjà vu faire de bien meilleurs matches». Il a toutefois été l’un des déclencheurs de la victoire du RFCU. «Bon. Très bon même», admet Martino. Qui l’a déjà vu être meilleur donc. Ce qui doit vouloir dire «très, très bon».
Bruno Freire, aussi, veut postuler
Yannick Kakoko sourit à l’évocation de cette éventualité. Farid Ikene mérite-t-il la sélection nationale? Le coach de la capitale reste calme et pondéré : «J’ai énormément de respect pour Luc Holtz, donc je ne veux pas répondre à cette question. Lui seul le peut. Mais s’il continue à travailler comme ça, je suis sûr que Farid attirera son attention et aura sa chance. Ne serait-ce que parce qu’il a une très bonne compréhension de l’espace». On ne serait alors plus dans l’anticipation d’un talent en développement, comme avec le petit Andrade, U19 du F91, mais clairement dans l’épanouissement d’un talent connu de longue date. Kakoko jurant que son joueur a «clairement le potentiel pour une 2e Bundesliga».
Cette idée germe-t-elle lentement dans la tête de Luc Holtz? Le patron des Roud Léiwen devrait avoir, dans ce cas, un autre cas à trancher rapidement. Celui d’un autre indispensable pour son club de haut de tableau : Bruno Freire. Le récupérateur de 25 ans devrait être officiellement luxembourgeois dans le courant du mois prochain et malgré sa sélection cap-verdienne (il était resté sur le banc contre le Togo en juin 2023, sans entrer en jeu), il se murmure qu’il aimerait jouer pour le Grand-Duché.
Un cran plus bas qu’Ikene sur le terrain, l’ancien Folaman conserve son abattage dingue à la récupération. Une alternative au duo Martins-Barreiro? Ou doit-il encore régler la mire à la relance avant de pouvoir éventuellement postuler? Ses progrès dans le domaine sont majeurs depuis son départ du Fola. Et Martino assure qu’il le mériterait : «Quand il n’est pas là, chez nous, ça se voit». La question étant de savoir, pour les deux garçons d’ailleurs : est-ce que Luc Holtz, lui, les voit?