A Thil, près de Villerupt, une bétonneuse allemande de 1939 a été trouvée dans une galerie de mine murée. L’engin a servi à l’aménagement d’ateliers d’assemblage de fusées V-1.
Fermées depuis le 31 décembre 1978, les mines du syndicat de Tiercelet n’ont pas fini de surprendre. Les membres de l’Association d’histoire industrielle de Hussigny-Godbrange (AHI) en sont intimement persuadés. A plus forte raison depuis quelques jours. Depuis que les bénévoles, garants de la mémoire du site, ont effectué une découverte historique !
A 2 km de l’entrée de l’exploitation, côté Thil, une galerie murée depuis le milieu des années 1970 vient de livrer son secret. D’apporter une preuve supplémentaire que, lors de la Seconde Guerre mondiale, l’occupant allemand n’a pas eu le temps de mener à bien l’un de ses terribles projets. A savoir : assembler des fusées V-1 dans les entrailles du Pays-Haut.
Figée depuis 1944
Derrière le fameux mur, les troupes d’AHI sont tombées sur une impressionnante bétonneuse allemande abandonnée là avant l’arrivée des libérateurs américains, en septembre 1944. « Comme on peut le voir sur la plaque du constructeur, cette machine date de 1939 », souligne Silvio Alleva, vice-président de l’association. « Elle vient de Duisburg, dans le land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. »
Évoluant sur rails, ce monstre d’acier a servi à couler les dalles des ateliers dans lesquels devaient être montées les terribles bombes volantes du IIIe Reich. L’engin n’est pas allé au bout de sa mission de préparation. L’une des dalles demeure inachevée. A deux pas de la machine, un stock de sacs de ciment non utilisés a d’ailleurs été retrouvé. En toile, lesdits sacs ont été transformés en bloc par l’humidité ambiante.
« Nous allons désormais sortir la bétonneuse de sa galerie pour l’exposer dans le mémorial que nous sommes en train d’aménager à l’entrée de la mine », détaille Daniel Pascolini, responsable des visites guidées du site (réservations indispensables en mairie de Hussigny-Godbrange).
Petit-fils de mineur ayant officié dans ces profondeurs, le bénévole est toujours sous le coup de la trouvaille effectuée par ses amis. « Ce jour-là, j’étais absent. Les copains m’ont téléphoné pour me prévenir, mais je ne pouvais pas les rejoindre. Je n’en ai pas dormi de la nuit ! C’est quand même une sacrée découverte… »
Et d’ailleurs peut-être pas la dernière. « Dans une galerie voisine, un de nos membres vient de repérer deux portes en ferraille condamnées », lâche Silvio Alleva, les yeux pétillants et la… mine ravie.
Yannick Pagliuchi (Le Républicain Lorrain)