Les socialistes et démocrates européens menacent de rejeter la nouvelle équipe autour d’Ursula von der Leyen si Nicolas Schmit est exclu de l’exécutif. Luc Frieden n’a pas de plan B.
Le Premier ministre, Luc Frieden, insiste : «Il n’y a pas de plan B», déclare-t-il à la presse lors de son briefing de rentrée. Il ne reviendra pas sur le choix de Christophe Hansen pour occuper le poste de commissaire européen et explique encore que «tous les gouvernements proposent des candidats issus des partis au pouvoir et il n’y a pas d’exception».
L’ancien eurodéputé chrétien-social a une longue expérience au Parlement européen «en dépit de son jeune âge» et «le facteur compétences a joué», poursuit Luc Frieden. Contrairement au souhait de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, qui préconisait des candidatures mixtes, le gouvernement luxembourgeois s’est abstenu de proposer une femme et un homme, un choix totalement assumé par Luc Frieden.
«Nous avons soutenu beaucoup de femmes», souligne le Premier ministre. Il nomme pour commencer Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, Kaja Kallas en tant que cheffe de la diplomatie européenne, Roberta Metsola à la présidence du Parlement européen et Nadia Calviño à la tête de la Banque européenne d’investissement. «Il faut regarder plus largement et ne pas se focaliser sur un poste», ajoute-t-il.
Une commission qui ne reflète pas le résultat des élections
Cependant, la présidente de la Commission a des soucis. Elle devait présenter, ce mercredi, le nouvel exécutif européen au Parlement à Bruxelles, mais le rendez-vous a été reporté à mardi prochain. En cause, le changement du candidat slovène. Mais Ursula von der Leyen aura surtout un autre problème à résoudre qui consistera à convaincre les socialistes et démocrates de voter pour son équipe, ce qui est loin d’être acquis. Ils viennent d’ailleurs de lui lancer un sérieux avertissement.
Le fait d’avoir éloigné Nicolas Schmit, le Spitzenkandidat socialiste, de l’exécutif pose un réel problème. Cette nouvelle Commission qui compte quatorze personnalités politiques issues du PPE contre quatre socialistes seulement ne reflète pas le résultat des élections européennes où les premiers ont obtenu 25 % et les seconds 20 %. Les socialistes et démocrates attendent de la Commission qu’elle «garantisse l’équilibre entre les sexes» avec «une forte concentration sur les droits sociaux supervisés par une personnalité ayant l’expérience nécessaire», et «la répartition équitable des postes de vice-président exécutif reflétant la majorité au Parlement européen». Si ces attentes ne sont pas comblées, la présidente de la Commission court le risque de pas obtenir de majorité au Parlement européen. Les socialistes préviennent «qu’il sera très difficile, voire impossible, de soutenir les commissaires présentés par Ursula von der Leyen».
«Ce qui se dit sur la composition de la prochaine Commission européenne risque de sortir du cadre de l’accord que nous avions avec la présidente Von der Leyen. En tant que famille socialiste européenne, il est temps de lancer un avertissement clair concernant le prochain mandat de la Commission», a déclaré le président du PSE, Stefan Löfven, en ajoutant que son groupe «n’a jamais été un chèque en blanc».
Majorité menacée
Une Commission sans le candidat socialiste Nicolas Schmit «briserait le précédent qui existe depuis l’introduction de ce processus en 2014», préviennent encore les socialistes et démocrates. Ils peuvent exiger du Conseil européen de nommer un social-démocrate et c’est le pays dont le Spizenkandidat est élu qui devrait l’être. C’est donc le gouvernement Frieden/Bettel qui serait sollicité, avec comme enjeu le maintien de la majorité au Parlement.
Au Conseil européen, il faut qu’un gouvernement nomme un social-démocrate, donc le pays d’où provient le Spitzenkandidat. Luc Frieden a beau brandir l’accord de coalition qui stipule que Christophe Hansen sera choisi pour le poste de commissaire européen, il oublie un peu vite que le premier gouvernement tricolore avait fait le choix de Nicolas Schmit dans son accord de coalition pour finalement envoyer Jean-Claude Juncker, la tête de liste du Parti Populaire Européen, à Bruxelles.
«La nomination aux postes stratégiques au sein de la Commission des candidats têtes de liste des groupes politiques majoritaires a également été respectée en 2019, lorsque le gouvernement néerlandais de centre-droit a proposé le socialiste Frans Timmermans pour devenir vice-président de la Commission européenne», rappelait le LSAP dès le 23 août dernier.
Reste à savoir si Luc Frieden est prêt à renoncer à son plan. Rien n’est moins sûr.