Accusé avec son gouvernement de laxisme face à une série d’incidents violents, Manuel Valls tente de restaurer son image de fermeté, d’abord avec une tribune pro domo sur son compte Facebook puis avec un déplacement vendredi à Moirans, théâtre d’émeutes le 20 octobre.
«Il n’y a plus d’autorité de l’Etat», jugeait mardi Nicolas Sarkozy, portant une estocade supplémentaire au couple exécutif. Violences à Air France, scènes d’émeutes de Moirans, fusillade mortelle à Marseille, violent règlement de compte à Clermont-Ferrand: cette série d’incidents «distincts et indépendants», selon le Premier ministre, ont écaillé en un mois son image d’homme fort de l’exécutif.
Une image que Manuel Valls, ancien ministre de l’Intérieur, défend pied à pied dans sa tribune postée jeudi soir. Tout d’abord en dénonçant les propos «pas responsables» de l’ancien chef de l’Etat: «Dire qu’il n’y a pas d’autorité de l’Etat quand soi-même on a affaibli pendant des années l’Etat (…) Dire qu’il n’y a plus d’autorité de l’Etat quand soi-même, tous les jours, on remet en cause l’indépendance de la justice, ça n’est pas sérieux et surtout pas responsable», rétorque-t-il.
Car à un mois des régionales, où le Front national est donné favori en PACA et dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, les thèmes de la sécurité et de l’autorité, prés carrés revendiqués par la droite, sont omniprésents.
Manuel Valls dénonce «l’attitude de l’extrême droite» et «de plus en plus» celle «d’une partie de la droite qui lui court après» (…), «qui singent l’autorité, la dénaturent (…) par l’agitation des mots et la facilité des postures».
«Les tenants de cette vision disent défendre l’autorité, mais ne font que l’affaiblir en attaquant, en permanence (…) toutes celles et tous ceux qui l’incarnent: particulièrement les magistrats ou encore les fonctionnaires de l’Éducation nationale qui, soi-disant, n’accompliraient pas leurs missions», poursuit-il.
Taubira, l’autre cible
Outre le Premier ministre, sa garde des Sceaux, Christiane Taubira, est également l’une des cibles favorites de l’opposition, et plus particulièrement de Nicolas Sarkozy qui fustigeait cette semaine sa «politique pénale laxiste».
La ministre de la Justice est d’autant plus dans le viseur du président du parti Les Républicains que ses déboires judiciaires se poursuivent. Les investigations sur la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012 ont été étendues fin octobre à d’autres dépenses suspectes que celles liées à Bygmalion, apprenait-on jeudi.
Dernière indignation en date du chef des Républicains: la géolocalisation de son téléphone par un juge d’instruction marseillais enquêtant sur l’affaire Air Cocaïne.
«Croyez-vous qu’on géolocalise le chef de l’opposition, qu’on écoute ses conversations au téléphone (…) sans que la garde des Sceaux en soit informée ?» s’est-il insurgé cette semaine, mettant en cause également le Président François Hollande.
A l’Assemblée nationale, Manuel Valls a assuré mardi que le ministère de la Justice n’avait pas été informé de cette géolocalisation, niant toute implication du gouvernement.
«Une seconde voie» face à «l’autoritarisme» de la droite: c’est ce que revendique désormais le Premier ministre qui défend une «éthique de comportement», consistant en un «respect scrupuleux» de l’indépendance de la Justice.
Une action «qui consiste à agir avec constance pour renforcer l’autorité», en «corrigeant les dérives du passé et en renforçant structurellement l’autorité» notamment par la création de 5.300 postes de policiers et gendarmes et de 3.100 postes de magistrats et agents pénitentiaires, précise-t-il dans sa tribune.
A Moirans, où il rencontrera vendredi élus et habitants, le Premier ministre, accompagné de son ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, devrait encore réaffirmer ce message pour tenter de retrouver son statut de chantre de l’autorité à gauche.
AFP/M.R.