Selon les régions et cultures, un léger mieux est à noter par rapport à 2023. Les fortes averses en hiver et au printemps font cependant que le bilan global du rendement agricole reste plutôt mitigé.
Pour son premier bilan national des récoltes en tant que ministre de l’Agriculture, Martine Hansen s’est retrouvée, vendredi, face à des représentants du secteur agricole qui n’avaient pas forcément le sourire. Si le rendement des différentes cultures est resté globalement en deçà les attentes, il s’avère que les dégâts ont pu être limités, malgré des conditions météorologiques une nouvelle fois peu favorables pour le secteur.
Contrairement à 2023, marqué par une sécheresse au printemps et un excès de pluie en été, la saison agricole de cette année a «uniquement» souffert d’averses abondantes, à la fois en hiver et au printemps. Les agriculteurs ont dû travailler sur des sols boueux, avec à la clé des retards dans le semis et le développement de maladies causées par des champignons parasitaires. «Par conséquent, le rendement des céréales d’hiver (blé, orge) a baissé de 15 % à 20 % par rapport à la moyenne quinquennale», note le ministère de l’Agriculture dans un communiqué.
Des différences selon les régions
Il existe toutefois des différences selon les régions. Les sols plus lourds dans le sud du pays et le long de la Moselle sont plus impactés que les sols plus légers dans l’Oesling, où les rendements se sont avérés bien meilleurs.
La Coopérative des semences confirme ces mêmes disparités au niveau de la qualité de la récolte, avec de grands grains qualitatifs récoltés sur les sols légers et des petits grains sur des sols lourds.
«Par contre, la récolte des céréales de printemps (avoine, blé de printemps) s’est bien déroulée et les rendements sont abondants», souligne le ministère. La récolte de colza est qualifiée de «correcte» en dépit de rendements variables. Satisfaction aussi au niveau des pommes de terre avec une «bonne» récolte pour cette année 2024.
Des recettes insuffisantes
Il existe toutefois d’autres bémols, notamment en ce qui concerne le blé panifiable. «Nous avons enregistré un rendement de 8 600 tonnes plutôt faible, 30 % de moins que lors d’une année normale. Par ailleurs, les grains ont (…) une teneur en protéines moyenne», est cité Jean Muller, le directeur des Moulins de Kleinbettingen.
Ce bilan qui à première vue est moins pourri qu’en 2023 doit être mis en relation avec la situation sur le marché mondial. Premier constat : «Les prix à la production des céréales se redressent légèrement, sans pour autant dépasser le niveau de prix de l’avant-guerre en Ukraine de 2022». Le colza est, par contre, vendu à des prix supérieurs à ceux de l’année passée. De bons prix de vente sont aussi d’application pour l’épeautre et l’avoine.
Tout cela ne permet cependant pas de gains supérieurs pour le secteur. «Malheureusement, les coûts de production dépassent de 50 % le niveau de l’avant-guerre, de sorte que les recettes nettes ne sont pas satisfaisantes pour les producteurs», déplore Serge Turmes, le directeur général de la coopérative De Verband.
La ministre Martine Hansen a souligné sur Facebook qu’il est important que «la politique agricole accorde une priorité à la production alimentaire avec à la clé une plus grande rentabilité. Il nous faut vraiment nous engager à l’échelle de l’UE pour atteindre cet objectif». En outre, elle juge qu’il est «crucial» pour les agriculteurs de diversifier leur production et de souscrire aux assurances contre les pertes de rendement. Les primes d’assurance sont subventionnées à hauteur de 65 % par le ministère de l’Agriculture.
À ce niveau aussi, il existe un mieux par rapport à 2023, où 450 exploitations ont été indemnisés. Cette année, très peu de surfaces céréalières ont dû recourir à cet outil en raison de fortes pluies et la grêle.
La production fourragère en hausse
La production fourragère (herbe, foin, maïs) connaît une nette amélioration par rapport à 2023.
Au printemps, les fortes pluies ont certes retardé les premières coupes. «Mais en général, les rendements fourragers sont élevés et de très bonne qualité», note le ministère de l’Agriculture.
Par contre, la récolte du maïs n’est pas encore lancée. «Les sols boueux et les températures fraîches ont affecté les conditions de semis et retardé le développement des cultures», informe le communiqué.