La cérémonie a lieu chaque année à la fin de l’été. Et toujours, que ce soit au pied du monument de Wiltz ou devant les grilles de l’ancienne aciérie d’Esch-Schifflange, c’est le même recueillement. L’émotion reste intacte, même 82 ans plus tard, même sans les témoins directs de ce moment d’histoire. Le 31 août 1942 a vu le peuple luxembourgeois se lever contre le Gauleiter Simon, heureux de tenir un pays devenu province du Reich nazi et qui avait décidé d’incorporer de force une partie de la jeunesse luxembourgeoise. La population, qu’il pensait soumise, ne pouvait pas dire non. Et pourtant, il s’est trompé. Les ouvriers ont été les premiers à faire front contre cette décision, bravant le danger. Ils ont été vite rejoints par une large partie du pays, qui s’est mise à l’arrêt malgré les risques. La répression a été terrible. Exécutions, déportations… des familles ont payé un lourd tribut à cet acte de résistance qui a surpris les administrateurs nazis d’un pays qu’ils pensaient conquis et résigné. Quelle erreur.
Cette Grande Grève a eu des conséquences : l’occupant s’est montré un peu plus mesuré pour éviter un nouveau mouvement de contestation. Le peuple luxembourgeois n’a pas voulu se laisser faire et il ne cédera pas en cas d’autres décisions impopulaires. Les nazis étaient prévenus. Même si leur barbarie s’est encore exprimée de longues années dans le pays, ils n’ont jamais oublié ces jours d’été où les usines luxembourgeoises se sont mises à l’arrêt. Deux ans après cet acte de bravoure, le pays était libéré. La bataille des Ardennes retardera un temps le soulagement total de la population, qui a enfin vu les hordes nazies fuir le pays au début de l’année 1945.
Le 31 août 1942 est une leçon pour nous tous. Le courage de ceux qui se sont levés contre l’occupant il y a 82 ans nous oblige à l’exemplarité. Difficile d’arriver au niveau de ces générations qui ont été confrontées à la Seconde Guerre mondiale et qui ont résisté d’une façon ou d’une autre en prenant le risque d’une fin funeste. Nous vivons aujourd’hui des vies confortables. Mais cette douce existence ne doit pas nous les faire oublier. Jamais.