Depuis 30 ans, Judith Schmit décortique les liens entre mal-être, pathologies et traumatismes vécus ou transmis. En pratiquant l’hypnose humaniste, elle libère ses clients de ces sacs de nœuds.
Thérapeute depuis une trentaine d’années au Luxembourg et fondatrice de l’Institut luxembourgeois d’hypnose humaniste, Judith Schmit accompagne des personnes qui passent un cap important dans leur vie ou qui ont vécu une expérience traumatisante. Elle anime en ce moment un groupe de parole dédié aux victimes de violence, en partenariat avec l’association La Voix des Survivant-e-s (lire l’encadré ci-dessous). L’occasion d’en savoir plus sur l’hypnose humaniste et les bienfaits de cette pratique, en particulier dans un tel contexte.
Pouvez-vous décrire votre parcours ?
Judith Schmit : J’avais entamé une carrière classique dans le secteur bancaire, même si j’ai toujours été passionnée par la psychologie. Et puis, au moment de devenir mère, j’ai vécu un accouchement dramatique. Beaucoup de questions sont restées sans réponse. Je me suis alors intéressée aux raisons qui font qu’on vit des traumatismes ou qu’on tombe malade. J’ai étudié particulièrement le lien entre le vécu des personnes et le mal-être, les types de pathologies, la symbolique derrière tout ça. Comme ça a eu l’effet d’une clé libératrice pour moi, j’ai commencé à aider des proches, et j’ai fini par plaquer mon travail pour me former en psychogénéalogie, en PNL, et vraiment me lancer.
Quand on touche la bonne information, les pièces du puzzle s’assemblent
Comment travaillez-vous concrètement ?
Lorsqu’une personne vient me voir, je peux tout de suite mettre le doigt sur ce qu’elle a vécu, alors qu’elle n’en a pas encore parlé. Rien qu’avec une ou deux questions. Ce qui crée une confiance, car la personne se sent comprise, et ça débouche assez vite sur les techniques à déployer en hypnose humaniste pour la libérer profondément.
Je prends la personne en charge dans son entièreté, avec son propre vécu, mais aussi sa généalogie, tous les traumatismes de ses ancêtres qui, souvent, sont transmis de génération en génération comme une patate chaude. Avec bienveillance, on va remettre les choses en place, comprendre ensemble d’où vient le problème. Et quand on touche la bonne information, les pièces du puzzle s’assemblent enfin.
Qu’est-ce que l’hypnose « humaniste » ?
C’est justement un travail au niveau de l’information. Contrairement à l’hypnose qu’on connaît tous, qui se concentre sur l’inconscient via l’endormissement et la dissociation, l’hypnose humaniste va travailler en toute conscience, et éveiller davantage la personne. C’est elle qui va agir sur son propre inconscient, et non le thérapeute. Au lieu d’être passive, la personne va être active pour accéder aux symboles de son mal-être. Mon rôle est de la guider vers la libération, toujours en restant très proche, mais c’est bien elle qui garde le contrôle.
J’imagine que c’est important quand il s’agit de victimes de violence ?
Oui, car ce sont des personnes qui ont été privées de tout contrôle sur elles-mêmes à un moment de leur vie, et en sortent traumatisées. On ne peut pas leur demander de lâcher prise et de perdre le contrôle à nouveau pour pouvoir guérir, c’est inimaginable. En hypnose humaniste, le client reste actif et devient acteur de sa libération. Les Survivant-e-s recherchent précisément ce qui peut leur redonner toute leur puissance. En cela, c’est une pratique particulièrement adaptée quand on a subi des violences domestiques ou sexuelles.
Et quelle différence avec une séance chez un psychologue ?
En hypnose humaniste, la personne va pouvoir accéder à son trauma sans avoir à le revivre, je n’ai même pas besoin qu’elle le raconte. Parce que ça ne ferait que du mal de la replacer dans cette situation. Et c’est d’ailleurs ce qui fait peur chez le psychologue.
Ici, on parle de solutions, on ne ressasse pas la douleur. Je vais travailler à la source, sur la racine du mal et l’enlever ou la transformer. Les personnes repartent plus légères, parce qu’on a appuyé pile sur le nœud du problème : on le défait, on le brûle, on l’enterre, on l’envoie sur une autre planète!
L’hypnose humaniste offre un endroit sécure, un accompagnement – je porte littéralement la personne – et un véritable trousseau de clés pour mieux se comprendre et être à nouveau capable d’agir, de se protéger du mal-être. Ces dames du groupe de parole, je les vois comme des «œufs crus» dont il faut reconstruire la coquille. Et on le fait ensemble.
Comment se déroulent ces ateliers en groupe ?
On est maximum une dizaine, entre femmes pour l’instant – un autre groupe uniquement composé d’hommes sera prochainement lancé. Elles peuvent parler ouvertement, pleurer, crier, et sont portées par le collectif durant toute la soirée. J’installe une hypnose de groupe, au cours de laquelle elles vont apprendre à créer un endroit ressource à mobiliser en cas de besoin. Ainsi, elles ne se sentiront plus vulnérables.
En parallèle, je les guide, je reformule souvent certains propos : je leur montre que quand on a été violée une fois, et qu’on le revit toutes les nuits, tous les jours, pendant 20 ans, c’est nous quelque part qui faisons perdurer le traumatisme. Le but, c’est de sortir de cette spirale. Et des femmes qui l’ont fait sont présentes. Ce qui donne du courage et de l’espoir aux autres.
Les effets sont immédiats ?
Oui, en quelques séances, on peut dénouer la plupart des situations. Libérées du traumatisme, certaines jeunes femmes trouvent par exemple la force d’aller finalement voir la police après un viol, alors qu’elles s’y refusaient. Elles peuvent parler de l’agression sans en souffrir : ça devient quelque chose de neutre qui ne fait plus mal. Après le premier groupe qui a eu lieu en juillet, les retours ont été très positifs, certaines participantes m’ont dit que ça leur avait donné des ailes et qu’elles se réjouissent désormais de l’avenir. Là, je me dis que c’est gagné.
Prochain groupe de parole ce lundi
L’association d’aide aux victimes de violence La Voix des Survivant-e-s s’associe à l’Institut luxembourgeois d’hypnose humaniste en proposant chaque mois un groupe de parole (LU/FR) à Strassen. Le prochain est fixé au lundi 2 septembre, puis suivront les 7 octobre, 4 novembre, et 2 décembre. Accompagné par Judith Schmit, le groupe accueillera chaque personne avec son vécu, ses peurs et sa personnalité.
La thérapeute discutera des ressentis, des peurs, des cauchemars et des pensées récurrentes qui reviennent souvent à travers un son ou une odeur. Tous ces mécanismes seront expliqués et Judith Schmit parlera de la façon dont le cerveau a ses propres chemins de compréhension et ses solutions pour se protéger. Infos et inscriptions par courriel à lvds.lux@gmail.com, une participation de 10 euros est demandée.
De nombreuses personnes âgées souffrent d’angoisse et de dépression, et certaines expriment leur frustration et leur méchanceté envers les soignants. Dans certains cas, leurs enfants s’opposent à ce que ces personnes soient traitées avec des antidépresseurs ou des anxiolytiques. Ces familles, en agissant ainsi, semblent conscientes qu’elles nuisent à la fois à leurs parents et aux soignants, ce qui peut être considéré comme une forme de cruauté. En délaissant leurs parents en établissement et en agressant constamment les soignants, elles contribuent à la détérioration de la santé mentale de ces derniers, qui peuvent eux-mêmes tomber en dépression. Trop le sont tabou