Junior Burban, nouveau n° 9 du Progrès, a tout appris à Lorient, mais tout relancé grâce à ses parents.
Allez savoir si c’est un hasard, Junior Burban a marqué trois buts pour le Progrès Niederkorn quand ses parents étaient dans les tribunes, venus tout droit de Vannes. Ce n’est peut-être pas un détail. Parti à l’âge de 12 ans pour le centre de formation de Lorient, une heure plus proche de l’extrême pointe bretonne, dans l’incapacité de rentrer tous les soirs à l’âge où l’on est encore bien plus un enfant qu’un pré-adolescent, Burban attribue une partie de son échec à s’installer dans le monde pro à «l’absence de cocon familial». «À cet âge-là, on a des étoiles dans les yeux, on est excités de rejoindre un club comme Lorient. On ne se rend pas compte, psychologiquement, qu’on a encore besoin de papa-maman.»
Adoubé par Landreau, viré par Pélissier
Ça, il le comprendra bien plus tard. Quand, à 19 ans, il signe son premier contrat pro avec les Merlus, d’une durée de quatre saisons et demie, le célébrissime Mickaël Landreau, gardien de but des Bleus, recordman du nombre de matches en Ligue 1 (603), est l’entraîneur de l’équipe qui joue alors en Ligue 2. Il aime Burban et c’est lui qui demande à ce qui lui soit accordé ce bail. Junior signe en mai. Landreau est viré en juin, à l’issue de l’échec, pour la deuxième saison consécutive, de l’opération remontée. Christophe Pélissier (actuel coach de l’AJ Auxerre) arrive et fait immédiatement comprendre à ce garçon jugé «précoce et puissant» qu’il ne compte pas avec lui, qu’il veut de l’expérience sur le front de l’attaque.
L’histoire prend alors le tour habituel. Pour Burban, c’est la tournée des sous-préfectures qui commence, en N2 et N3. Cholet, la réserve de Laval, Saint-Priest, le Stade Bordelais… Il n’y fait pas d’étincelles, mais s’accroche à ses convictions de croyant : «On dit que dans le foot, il faut du talent, du travail et un soupçon de chance. Moi, je n’ai pas eu de chance. Mais mon destin est tracé et, parfois, pour certains en tout cas, le chemin est plus compliqué, pas linéaire. C’est mon cas. Je l’accepte».
On ne se rend pas compte, à 12 ans, qu’on a encore besoin de papa-maman
C’est arrivé là qu’il va avoir la révélation du cocon. Il s’engage à… Vannes, enfin libéré de ce contrat qui était devenu un boulet au pied. Là, chez lui, entouré de sa famille, il signe une saison qu’on peut enfin qualifier de superbe à 19 buts en 26 matches de N3. «Il faut croire que j’avais un manque affectif», sourit-il. C’est peut-être aussi pour ça qu’il n’a pas marqué en ouverture de la saison, contre Mondercange : ses parents n’étaient pas en tribunes ? «Non, ça y est, c’est bon, Vannes a lancé ma carrière. Et je me suis installé à Esch avec ma copine.»
Décisif un match sur deux, ou plus ?
Le Progrès, ces deux dernières années, a lancé Elias Filet et Walid Jarmouni, ses deux derniers avants-centres titulaires, dans le monde pro en seulement une saison. Le premier était parti après une saison à 20 unités, le second n’en avait eu besoin que de 12. C’est cet historique que Thomas Gilgemann a dressé au garçon. Et c’est là-dessus que s’est basé Burban pour appréhender son arrivée, sans chiffre en tête, mais avec cette certitude que «pour un n° 9, être décisif un match sur deux, c’est déjà une bonne saison».
À l’heure actuelle, statistiquement, le Breton est décisif une fois par match. Et au-delà de ses chiffres, c’est son importance dans le système de jeu de Jeff Strasser qui saute aux yeux puisqu’il en est l’un des relayeurs, l’homme qui fait parfois le lien entre ses bases arrière et les couloirs dès qu’il est question de verticalité. En faisant souvent le bon choix entre la conservation ou la remise, la verticalité ou l’horizontalité, l’appel ou le décrochage. «Ce sont des choses que je travaille depuis tout petit parce que c’est une des marques de fabrique du centre lorientais. C’est avec Régis Le Bris (NDLR : l’actuel coach de Sunderland, en Championship) que j’ai appris ça. Et c’est pour ça qu’on m’a fait venir.» Pour porter le Progrès vers un nouveau titre et faire comme ses deux prédécesseurs : voler de ses propres ailes un peu plus haut que la DN.