La direction de l’Aviation civile pourrait sous peu valider le projet de transport par drone de tubes et poches de sang entre l’hôpital Kirchberg et le site des Laboratoires réunis à Junglinster.
Les premiers transports d’échantillons médicaux par drones – un projet initié en juillet 2023 par les Laboratoires réunis, Luxembourg Air Ambulance, Post Luxembourg et Santé Services – étaient prévus pour juillet de cette année. Finalement, l’attente est un peu plus longue, mais la ministre de la Mobilité, Yuriko Backes (DP), a pu annoncer, mardi, que l’autorisation à émettre par la direction de l’Aviation civile (DAC) «se trouve dans la dernière ligne droite». Elle juge cependant encore prématuré d’avancer une date concrète pour le feu vert définitif, car «chacun des acteurs impliqués (a) encore certaines obligations à remplir ou à mettre en œuvre».
La députée Octavie Modert (CSV) indiquait dans une question parlementaire, datant du 5 juin dernier, que Luxembourg Air Ambulance (LAR) avait déjà obtenu la certification pour l’exploitation de drones commerciaux. L’entité de LAR sera l’opérateur du drone qui va transporter des échantillons. Le support médical viendra des Laboratoires réunis et de Santé Services, une entité des hôpitaux Robert-Schuman. Le volet technologique est du ressort de Post (réseau 5G). Les quatre partenaires forment l’association momentanée nommée GRIFFIN.
Le drone choisi pour réaliser ce projet innovateur, de type «Eiger», est arrivé en mai dernier. Le fournisseur est la société suisse Rigitech «ayant fait ses preuves à l’échelle mondiale dans des projets similaires», précise un communiqué de GRIFFIN. «Le drone Eiger volera en toute sécurité à une altitude comprise entre 80 et 120 mètres, atteignant des vitesses dépassant les 100 km/h», précise ce même écrit.
Dans un premier temps, le drone est censé transporter des échantillons sanguins entre l’hôpital Kirchberg et le site des Laboratoires réunis à Junglinster. Selon les initiateurs du projet, les avantages de cette méthode de transport «ultramoderne» sont notamment une «rapidité et sécurité accrues», le «respect de l’environnement» et la «réduction de la congestion urbaine».
«Améliorer la rapidité des diagnostics»
Le choix précis du premier trajet de transport remplit une des conditions à respecter. «Pour des raisons de sécurité aérienne liées au trajet du drone, il a été convenu d’un commun accord de fixer des journées précises et des créneaux spécifiques durant ces journées pour ce genre d’opérations, qui seront accompagnées par des restrictions d’utilisation de circuits aériens», explique la ministre de la Mobilité dans sa réponse à la question parlementaire d’Octavie Modert. «Il est prévu d’avertir et d’informer la communauté aéronautique via les canaux appropriés», précise encore Yuriko Backes.
La livraison d’échantillons doit par ailleurs respecter certaines conditions relatives au transport. Même s’il n’existe pas de réglementation spécifique au transport par drone, la ministre de la Santé, Martine Deprez (CSV), rappelle que «le transfert des échantillons doit respecter des règles qui assurent l’intégrité de l’échantillon (…)». Plus concrètement, des conditions particulières existent sur le délai de transport, la température de conservation et l’emballage des échantillons.
En outre, «le transport des échantillons biologiques doit s’effectuer le plus rapidement possible au laboratoire en prenant toutes les précautions pour éviter les risques de contamination et de dégradation des constituants».
Selon GRIFFIN, l’expertise du fabricant Rigitech «dans la conception et la fabrication de drones de pointe garantit la fiabilité et la sécurité du transport de prélèvements sanguins». Plus globalement, les avantages de cette «méthode de transport ultramoderne» seraient, comme mentionnés plus haut, multiples et bienvenus.
Le drone dispose d’une capacité de charge utile de 3 kg dans un compartiment équipé d’un sac médical spécialement conçu, capable de contenir jusqu’à 180 tubes ou un minimum de trois poches de sang. Le transport de médicaments est également possible.
«Si toutes les conditions légales et réglementaires sont respectées, sous réserve de l’analyse d’éventuelles adaptations à apporter au cadre légal existant, l’introduction des drones dans la logistique de livraison d’échantillons médicaux pourrait constituer un moyen de transport alternatif permettant, le cas échéant, d’améliorer la rapidité des diagnostics et d’offrir une répartition plus équitable des ressources médicales sur le territoire», met en perspective la ministre de la Santé dans sa réponse à la députée Octavie Modert.