Raymond Conzemius a apprécié l’expérience parisienne. L’ambiance incroyable. Concernant les résultats luxembourgeois, il espérait un peu mieux. Mais se montre plutôt globalement satisfait.
Quel bilan sportif tirez-vous de ces Jeux ?
Raymond Conzemius : Je pense qu’il est assez positif. On a surtout vu un engagement très sérieux des athlètes avec une préparation avant et sur place qui étaient quasiment parfaites. Bien sûr, on aurait peut-être espéré avoir l’un ou l’autre top 10. On n’en était pas si loin. Et puis ce bilan aurait pu être encore plus positif, mais il a été bouleversé par les chutes en cyclisme et par le problème mécanique de Jeanne (Lehair) en triathlon. Mais on a trois tops 20, ce qui est bien meilleur qu’à Tokyo ou Rio. On n’a pas le même résultat qu’à Londres avec une Marie Muller qui termine cinquième, mais on peut quand même être fier des résultats.
Quid de l’organisation ?
On est très contents. Grâce à une bonne coopération avec d’autres nations, on a pu couvrir certaines lacunes. On s’était bien préparés en amont pour pallier les soucis logistiques, de transport notamment. Et même les petits pépins ici ou là ont pu être vite résolus.
On aurait espéré mieux en termes de résultats
Ces JO vous ont-il plu ?
Je pense que ces Jeux de Paris, c’étaient des vrais Jeux! Avec un public. Une ambiance d’enfer. Tout le monde, les gens sur place comme ceux qui ont regardé à la maison et qu’on a pu rencontrer, ont trouvé que c’étaient des Jeux formidables. Tous les gens que j’ai rencontrés étaient ravis. Par rapport à Tokyo, où c’était triste avec des stades vides, ça n’a rien à voir. Le village olympique était bien. La compétition, l’ambiance dans les stades, les performances…
Comment les athlètes luxembourgeois ont-ils vécu ces Jeux ?
Il y en a pas mal qui sont rentrés, mais le sentiment est amplement positif. On a tous vécu des moments intenses. Chaque départ, c’était très émotionnel. On a vécu ce support mutuel de tous les acteurs.
Vous aviez décidé d’emmener avec vous les entraîneurs personnels de chaque sportif. Comment cela a-t-il été vécu ?
Très bien. Les athlètes, les entraîneurs étaient très reconnaissants du support du Team Lëtzebuerg.
L’idée, c’est de continuer pour LA-2028 ?
En tout cas, on n’a pas l’intention de revenir en arrière. Le but est vraiment d’individualiser le plus possible le service qu’on met en place. Après, il y a des choses qui doivent être améliorées. Des discussions en interne vont devoir se faire, avec les partenaires comme les fédérations ou le LIHPS, afin de continuer d’aller dans cette direction. Et de perfectionner des éléments sur lesquels on n’est pas allés au bout.
Si on vous demande un moment qui vous a marqué ?
Si je peux, j’en choisirais deux. Le premier, c’est la demi-finale de Patrizia (Van der Weken). Une demi-finale olympique dans une discipline reine, cela montre la direction dans laquelle le sport luxembourgeois veut aller. L’ambiance qu’on a vécue, le moment où on a l’espoir d’atteindre ou de se rapprocher d’une finale olympique. C’était un vrai moment clef au plus haut niveau. Et le deuxième, c’est quand Ni Xia Lian a été applaudie quand elle a quitté la scène. Un instant historique pour une grande dame, pour tout ce qu’elle a fait pour le Luxembourg et bien au-delà.
Il y a eu de nombreuses critiques à propos du village olympique. Comment ça s’est passé pour vous ?
Il y a eu de gros efforts. On a vu des améliorations au jour le jour. Mais ce qui était important, c’est qu’on était prêts pour tous ces problèmes, tant de transport que de nourriture. Au niveau des logements, on a eu assez de « back-ups« dans des hôtels pour gérer tout cela. On a su bien s’adapter, d’une part, et de l’autre, l’organisation a tout fait pour que les comités nationaux olympiques soient dans les meilleures conditions possibles.
On a vraiment une équipe. Tout le monde s’est senti soutenu
Comment avez-vous vécu ce rôle de chef de mission, vous qui êtes sur place depuis plus de trois semaines ?
Forcément, il y a des « ups and downs« . Mais je suis surtout content du travail d’équipe qu’on a pu mettre en place. Ça a permis à chacun de se reposer à certains moments. Grâce à ce travail d’équipe, on a pu vivre presque trois semaines et demie dans une atmosphère géniale. Je crois surtout que ce qui a été préparé en amont fait en sorte qu’on n’ait pas des personnes au bout du rouleau. Bien sûr, de la fatigue s’installe. On a beaucoup de choses en tête, on se dit qu’on aurait pu faire mieux certaines choses. Pu faire autrement. Mais dans l’ensemble, tout cela était très productif.
Vous aviez décidé d’inclure dans l’équipe un coach mental et une responsable de tout ce qui concerne le « safeguarding« (NDLR : notamment les questions de comportement inapproprié). Êtes-vous content de ce choix ?
Oui. Pas mal de nations ont regardé avec intérêt le fait qu’on ait intégré ces deux volets, de « welfare« et de « safeguarding« , respectivement avec Frank Muller et Michelle Tousch. Pour les athlètes, c’était une vraie plus-value. On a mis en place un cadre qui permettait à chacun de se sentir bien et en sécurité.
Êtes-vous satisfaits de l’ambiance au sein du Team Lëtzebuerg?
Oui. On a vraiment une équipe. Bien sûr, chacun est concentré au maximum sur sa discipline et sur sa performance. Mais, selon les retours qu’on a, tout le monde s’est senti hyper-soutenu. C’est quelque chose de très positif.
Avec, également, le soutien du Grand-Duc ?
Oui. Sa présence est formidable. Sa manière d’encourager les athlètes, à la fois de manière empathique et engagée, c’est quelque chose d’unique. Je sens que tout le monde ressent cela. Ça fait du bien de le voir aussi investi pour le sport. Ça fait chaud au cœur. Et tous les athlètes sont très reconnaissants.
Que pouvez-vous améliorer en vue de LA ?
Il y a toujours une marge de progression. On va essayer de tirer les bonnes leçons de ce qu’on a fait et mis en place. De mon point de vue, il faut continuer à aller dans la direction de la gestion de la performance. Encore mieux intégrer certains éléments, comme la nutrition. Des services que le LIHPS offre déjà. Et poursuivre le travail d’aller dans la direction de l’identification du Team Lëtzebuerg. Tous les éléments qui aident à représenter le mieux nos valeurs. Mais c’est dans quatre ans. D’ici là, la prochaine étape, c’est d’améliorer encore et d’adapter les structures au Luxembourg.
Si on parle des choses qui fâchent, on a surtout en tête le couac avec l’entraineur de Sarah De Nutte, qui n’a pas été autorisé à la coacher. Que pouvez-vous faire pour que cette situation ne se reproduise plus ?
Il faudra faire le bilan avec la FLTT. Pour nous, c’est clair qu’il faut aller dans l’individualisation du parcours des athlètes. Jusqu’au bout. Tant en préparation que le jour J, lors des compétitions. C’est l’objectif premier. Et il faut voir comment faire pour l’atteindre. Nous sommes convaincus que c’était le bon choix d’amener Peter Teglas pour accompagner Sarah. Maintenant, chacun a ses idées et ses stratégies. La solution, c’est toujours de se mettre autour d’une table pour en discuter.
Les compétitions sont terminées, quel est le programme d’un chef de mission pendant les derniers jours ?
Le travail n’est pas fini. On répond à des sollicitations médiatiques. C’est aussi le moment de montrer, à des acteurs importants présents à Paris, le village olympique. De préparer le départ pour que chacun puisse partir avec sérénité lundi et mardi. Il y a la cérémonie de clôture, la conférence de presse bilan. Mais on peut aussi observer ce qui se passe autour de nous pour profiter de ces Jeux.
Une nouveauté pour ces JO, c’était la Maison du Luxembourg. Qu’en avez-vous pensé ?
On avait tous un peu peur concernant la manière dont on allait pouvoir l’intégrer. Et le résultat était merveilleux. On a vécu de bons moments. Bien sûr, comme partout, on peut toujours améliorer des choses. Mais on a eu énormément de retours positifs. Les « meet and great« , les conférences… on espère qu’on pourra faire la même chose pour Los Angeles. Grâce à la Maison du Luxembourg, on peut faire du réseautage à travers le sport. Se servir des JO comme d’un moyen de véhiculer les valeurs qui nous tiennent à cœur.
Bravo les luxo
Même s’il faut reconnaître qu’ils sont meilleurs assis sur une chaise d’arbitrage 😉